>>Washington renoncerait à l'engagement de ne pas attaquer les Etats non nucléaires
INTERVIEW EXPRESS de
Bruno Barillot, directeur de l'observatoire des armes nucléaires françaises
(et internationales) à Lyon (24heures)
-En admettant que les Etats-Unis fassent usage de l'arme nucléaire,
à quoi assisterait-on exactement. A un nouvel Hiroshima en Irak ou
ailleurs? Nicolas Verdan / 24 heures
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Selon un rapport du Pentagone, dévoilé par le Los Angeles Times, les stratèges américains envisagent des attaques nucléaires contre sept pays - la Chine, la Russie, mais aussi cinq pays officiellement dépourvus de l'arme atomique, Irak, Corée du Nord, Iran, Libye et Syrie - dans le cas d'une agression chimique ou biologique contre les Etats-Unis ou leurs alliés, ou dans celui «d'événements militaires surprenants».
Un rapport secret du Pentagone (ministère américain de la Défense), publié
samedi 9 mars 2002 par le Los Angeles Times, a fait état de la
préparation de plans d'urgence en vue d'une éventuelle utilisation d'armes
nucléaires contre la Chine, la Russie, l'Irak, la Corée du Nord, l'Iran, la
Libye et la Syrie.
Le Pentagone a qualifié samedi les informations du Los Angeles Times de «fuites
sélectives et trompeuses».
"Il faut voir dans quelle mesure ces informations sont conformes à la réalité»,
a pour sa part commenté le chef du service de presse du ministère russe des
Affaires étrangères, Alexandre Iakovenko.
»Si elles sont exactes, comment les concilier avec les déclarations des
Etats-Unis selon lesquelles ils ne considèrent plus la Russie comme un ennemi
?», s'est interrogé le responsable lors d'une conférence de presse. Tout en
estimant que «toute spéculation sur ce thème serait contre-productive», M.
Iakovenko a jugé qu'»il serait souhaitable d'obtenir la position exacte de
Washington sur ce point». Le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov a
quitté Moscou lundi pour Washington où il doit justement discuter avec ses
interlocuteurs de désarmement et de lutte antiterroriste. Le ministre russe doit
rencontrer son homologue Donald Rumsfeld, le secrétaire d'Etat Colin Powell, et
la conseillère du président pour la sécurité nationale Condoleeza Rice, afin de
préparer notamment le sommet Bush-Poutine prévu fin mai à Moscou.
Colin Powell et Condoleezza Rice se sont efforcés de calmer le jeu dimanche
après les informations publiées par le Los Angeles Times, affirmant que le
rapport ne faisait qu'énumérer les «options» à la disposition des autorités
américaines. »Nous avons une large palette d'options pour défendre notre nation
et défendre nos intérêts et ceux de nos alliés à travers le monde. Il ne faut
pas se laisser aller à penser que les Etats-Unis se préparent à utiliser l'arme
nucléaire en cas d'urgence, dans un avenir proche. Ce n'est pas le cas», a ainsi
affirmé M. Powell.
Washington renoncerait à l'engagement de ne pas attaquer les Etats non nucléaires
WASHINGTON, 22 fév 2002 (AFP) - Le gouvernement américain n'est plus lié à l'engagement pris en 1978 de ne pas utiliser d'armes nucléaires contre des Etats ne disposant pas eux-mêmes de force de frappe nucléaire, a rapporté vendredi le Washington Times citant un haut responsable du département d'Etat.
L'engagement pris par l'administration du président Jimmy Carter, connu sous le nom d'»assurances négatives de sécurité», reflète «une vue irréaliste de la situation internationale», a déclaré au journal le secrétaire d'Etat adjoint américain chargé du désarmement et de la sécurité internationale, John Bolton.
»L'idée que les belles théories sur l'emploi des armes de dissuasion fonctionne contre tout le monde a été désavouée par le 11 septembre», a-t-il dit cité par le Washington Times. «Ce à quoi nous nous employons, c'est de créer une situation où nul n'utilise d'armes de destruction d'aucune sorte», a-t-il ajouté.
En cas d'attaque contre les Etats-Unis, «nous serions tenus de faire tout le nécessaire selon les circonstances, et la formulation classique de cela c'est que nous n'anticipons ni n'excluons rien», a-t-il poursuivi.
Le secrétaire d'Etat adjoint, qui répondait aux questions du Washington Times à l'issue d'un second round de négociations avec Moscou sur le désarmement stratégique, a affirmé au journal qu'il n'avait jamais évoqué les «assurances négatives de sécurité» avec les Russes.
L'engagement pris en 1978 par le secrétaire d'Etat du président Carter, Cyrus Vance, ne justifiait des attaques nucléaires sur des Etats non nucléaires qu'au cas où ces derniers seraient alliés avec des pays possédant un arsenal nucléaire.