De Kiev à Fergusson, ou la crise terminale du Système
21/08/2014
L'année 2014 pourrait bien marquer le début de la phase finale
d’effondrement du Système. A chaque fois que sa capitainerie atlantiste
agit pour conjurer les crises qu’il a d’ailleurs lui-même provoquées en
amont, elle ne fait désormais qu’aggraver la situation, ajouter
davantage de chaos au chaos, davantage de désordre au désordre. De
l’Irak à la Syrie, de la
Libye à l’Ukraine et jusqu’à Fergusson, toutes ses initiatives, toutes
ses ripostes sont autant de bombes à sous-munitions d’où jaillissent
systématiquement, c’est le mot, de nouvelles crises, de nouvelles
catastrophes générant à leurs tours d’autres crises, d’autres
catastrophes. Une véritable mécanique d’autodestruction s’est
enclenchée, qui échappe à tout contrôle.
Le chaos destructeur
Le cas de l’Irak est symptomatique.
L’intervention américaine,
qui s’est d’abord soldée par le massacre de plus d’un million de civils,
a conduit le pays à la guerre civile, puis désormais à l’éclatement.
Aujourd’hui, le Système essaie désespérément d’éteindre le nouvel
incendie de «l’Etat islamique» qui s’y propage, et son action ne
manquera pas d’en allumer de nouveaux, c’est certain, c’est logique.
En Syrie,
l’instrumentalisation du printemps arabe
et la militarisation de la rébellion, avec importation par cargos de
cannibales djihadistes recyclés en «Freedom fighters» pour l’occasion, a
conduit à la destruction quasi-totale du pays, avec bientôt 200'000
morts, et à l’émergence de l’Etat islamique et de ses bouchers
justement.
En Libye, le renversement et l’assassinat sordide de Kadhafi ont
provoqué l’éclatement du pays, désormais en proie à une guerre civile
qui ne va pas manquer de s’étendre, avec la promesse de fournir troupes
et armement à tous les tordus salafistes d’Afrique et du Moyen-Orient
pour leurs rapines et leur jihad blasphématoire.
En Europe de l’Est, l’encerclement de la Russie par l’OTAN puis le
coup d’Etat de Kiev
ont provoqué une
«Guerre Froide 2.0»
qui, au mieux, va conduire à l’édification d’un nouveau rideau de fer
et, au pire, à une guerre nucléaire. Dans tous les cas, l’Europe paiera
le prix fort pour les manigances américaines et la soumission de ses
élites à Washington.
A Fergusson-
Missouri, mini-laboratoire de ce que pourrait être dans n’importe quelle
ville occidentale l’inévitable révolte à venir des laissés-pour-compte
du néolibéralisme, la militarisation hallucinante des forces de police,
avec no-fly-zone et répression
maximums, n’a fait qu’aggraver les troubles et révélé la fracture
grandissante des Américains d’en-bas d’avec le pouvoir washingtonien du
corporate power et des
lobbies.
Sous l’action du Système, toutes ces crises ne font que s’amplifier, se
nourrir d’elles-mêmes pour accoucher d’autres crises, plus profondes,
plus meurtrières, plus dévastatrices.
Face à la narrative américaniste délirante du «chaos créateur», la
réalité rappelle ainsi à tous que le chaos ne peut être que destructeur.
«Anne, ma sœur Anne…»
Et pendant ce temps-là, la mise en place du
«goulag électronique globalisé»
avance à marche forcée dans les pays dits «civilisés», avec la
complicité passive de populations shootées à l’obsolescence programmée
et aux désirs perpétuellement inassouvis du consumérisme.
Tout cela avec, en toile de fond, la nocivité intrinsèque d'un Système
néolibéral retranché dans ses extrêmes et qui conduit à
l’épuisement accélérer des ressources,
au meurtre industrialisé de l’environnement et à un productivisme
délirant où l'on nourrit des hervibores avec des cadavres, des poulets
avec leurs propres fientes, et où l'on
broie vivant des poussins par souci de rentablilité dans un mépris
de la vie qui mérite véritablement d'être qualifié de sataniste.
D’où notre question du jour :
«Anne, ma sœur Anne,
ne vois-tu rien venir?»