Équilibre stratégie officiellement bouleversé

09/03/2012 Le Bloc occidental, emmené par les Etats-Unis, a pour la première fois pris officiellement acte du grand retour des Russes en tant que puissance politico-militaire sur le théâtre moyen-oriental, et du bouleversement stratégique que cela implique.
Le moment unipolaire que les Etats-Unis étaient sensés mettre a profit pour asseoir définitivement leur hégémonie sur l’Eurasie et le Grand Moyen-Orient a donc pris fin, comme nous l’observions récemment.
Bien que le phénomène se soit étendu sur plusieurs années avec la montée en puissance de la coalition des pays du BRICs (ici des nouvelles d’un assaut contre le dollar), la fin de partie a bien sûr été symboliquement sifflée avec les vétos russo-chinois sur le dossier syrien. Mais à ce jour, jamais les Etats-Unis n’avaient confirmé qu’ils considéraient à nouveau la Russie comme un acteur majeur sur la scène politico-militaire internationale. C’est désormais chose faite avec les déclarations du général US James Mattis.

Technologie de pointe en Iran et en Syrie
Mardi 6 mars dernier, le général des Marines commandant le Centcom, qui couvre région allant de l’Inde à l’Egypte, a ainsi déclaré aux sénateurs de la commission de la Défense qu’une intervention militaire en Syrie serait «extrêmement délicate» à mettre en œuvre car, a-t-il expliqué, «les Russes ont fourni aux Syriens des capacités de défenses anti-aériennes sophistiquées, comprenant radars et batteries de missiles». Un constat confirmé deux jours plus tard par une autre huile US, le général Martin E. Dempsey.
Les déclarations de ces généraux confirment ce que nous évoquions dans une brève de décembre au sujet de la capture du drone RQ-170 par les Iraniens : à savoir que la Russie était à nouveau très active dans la fourniture d’une technologie militaire de dernière génération à ses alliés dans la région. Concernant la Syrie , il s’agit sans doute de la livraison longtemps retardée des fameuses batteries de missiles du système sol-air S-300PMU-2.

Détermination reconfirmée
C’est un aspect absolument décisif d’un retour au monde multipolaire qui pourrait signifier un coup d’arrêt aux velléités expansionnistes de l’Empire.
La Russie a toujours estimé que la Syrie et l’Iran étaient des lignes rouges. Le déploiement de sa flotte dans le port syrien de Tartous (son seul accès à la méditerranée), avait déjà constitué un signe on ne peut plus clair de cette posture, mais la livraison d’une telle technologie militaire à ses alliés est de nature à lever les derniers doutes atlantistes sur la détermination russe dans ce dossier. Le nouveau niet à une énième résolution de l’ONU est là pour le re-reconfirmer.
Pour la première fois depuis l’effondrement de l’URSS, les Etats-Unis sont donc à nouveau confrontés à une limitation de leur puissance sur un théâtre d’opérations puisque, désormais, il ne s’agit plus d’affronter les pétoires à deux coups de nains militaires comme l’Irak, l’Afghanistan ou la Libye , mais bien de faire face à un armement et une technologie en mesure de causer de sérieux dégâts avec ceux de l’Oncle Sam.

L’inconnue israélienne
Dans ce contexte, pas étonnant donc qu’un Glamour-BHO en campagne freine lui aussi des quatre fers.
Et concernant l’Iran, reste à savoir si la stratégie du fou de Tel-Aviv, qui menace de jouer les alliés en rupture de ban en attaquant Téhéran, est encore crédible.
Bien sûr, le caractère maniaco-dépressif de parano-Bibi et de sa clique nous incite à tout envisager comme possible.
Mais d’un autre côté, on sait que sans l’appui massif des Etats-Unis, une telle attaque aurait des résultats très limités, avec le risque d’un embrasement régional aux conséquences impossibles à évaluer, y compris pour l’entité sioniste.
Il est donc envisageable que Tel Aviv ne maintienne cette menace d’attaque que pour mettre ses alliés sur la défensive, et détourner ainsi l’attention du monde sur la colonisation au pas de charge des terres palestiniennes, et accessoirement de la création d’un Etat palestinien dont plus personne ne parle aujourd’hui.