Washington passe, Téhéran prend
«Siouplaît M’sieur, tu rends mon jouet?»
Comme nous l’annoncions en postface de notre
dernière brève, le fameux drone furtif RQ-170, «perdu» en mission
d’espionnage à 250 km à l’intérieur des frontières perses, a bien été «capturé
électroniquement»,
c’est confirmé, par les ingénieurs iraniens.
Dans un aveu de faiblesse désormais coutumier, Glamour-BHO et son équipe se sont
contentés de suivre benoîtement les évènements dans leur très high tech
situation room, sans ordonner pour autant la moindre opération de
recherche et destruction de l’engin capturé, ce qu’imposait pourtant à
l’évidence la gravité de la situation justement.
La protection de technologies militaires ultra-sensibles comme
celles du drone furtif en question –
que certains analystes soupçonnent même d’embarquer par défaut des plans US
d’attaques de l’Iran puisque sa mission était l’espionnage de l’Iran justement–,
a toujours été considérée comme une priorité stratégique par les états-majors
US.
Or, dans une attitude aussi humiliante que
puérile, Glamour-BHO s’est contenté de demander très officiellement à
Téhéran de
lui rendre son jouet.
La seule explication est que les Etasuniens ont eu peur qu’une telle opération
S&D ne soit interprétée comme un acte
de guerre par les Iraniens, ce
qui en dit long sur les réelles capacités opérationnelles du Pentagone.
Russes et Chinois en vedette américaine
Désormais, les ingénieurs iraniens sont en train de
craquer les codes de la machine, avec tout le bénéfice que l’on peut
imaginer en termes de transfert technologique.
Téhéran, qui décidément a bien l’intention de capitaliser un maximum sur cette
affaire, a d’ores et déjà engagé des tractations avec les Russes et les Chinois
pour monnayer les secrets du joujou US.
Selon le site israélien
Debkafile, plutôt bien renseigné sur ces affaires, les Iraniens
cherchent désormais à obtenir des Russes –
qui ont déjà fourni à Téhéran
la technologie nécessaire à la capture du drone –, la livraison de
batteries du système sol-air S-300PMU-1 que Moscou a jusqu’ici refusé de leur
livrer.
L’impasse
Au final, les Iraniens ont repris la main et bombe même le torse en
annonçant de grandes manœuvres dans le détroit d’Ormuz. Après avoir fait la
preuve de ses nouvelles capacités en matière de technologies anti-aériennes,
Téhéran indique ainsi clairement que c’est là que portera sa première riposte en
cas d’attaque. Or, faut-il le rappeler, 70% des besoins énergétiques mondiaux
sont fournit par l’or noir du Moyen-Orient, dont la majeure partie transite
justement par le détroit d'Ormuz.
Logiquement, on pourrait en déduire que l’hypothèse d’une confrontation armée
s’éloigne d’autant, grâce à la mise en place d’une sorte d’équilibre de la
terreur.
Les inconnues
Pourtant, des inconnues de tailles subsistent.
Tout d’abord, l’entreprise en cours de déstabilisation de la Syrie démontre que
Washington et le Bloc occidental qu’il pilote sont toujours résolument engagés
dans le fumeux plan de remodelage du Moyen-Orient initié par l’équipe Bush avec,
comme ultime verrou-cible, Téhéran.
Deuxièmement, l’année électorale 2012 va augmenter considérablement la pression
sur Glamour-BHO qui craint plus que tout de passer pour un faible. Or l’affaire
du drone en particulier, et l’affaire iranienne en général, font précisément
apparaître BHO pour un faible, situation que vont largement instrumentaliser les
conservateurs.
Troisièmement, comme toujours, il y a l’imprévisible Etat-voyou israélien. Tel
Aviv pourrait en effet être tenté, en désespoir de cause, de jouer les alliés en
rupture de ban en lançant une attaque qui contraindrait alors le Bloc à le
suivre dans l’aventure.
Enfin, il faut compter avec le caractère irrationnel des directions d’un Bloc
occidental dominé par la politique de l’instinct et l’idéal de la puissance, et
dont la dangerosité est exacerbée par l’accélération de son déclin.
Reste que, pour l’heure, le seul constat que l’on puisse faire est que les
Etats-Unis ont perdu l’initiative dans l’affaire iranienne, et que le Bloc
s’enlise dans l’affaire syrienne. Ajoutez à cela la banqueroute généralisée qui
menace tout ce beau petit monde, et vous aurez une petite idée de l’état
d’avancement des travaux en matière d’autodestruction de notre vertueux Système.
PS :
Sans transition, une interview essentielle
d’Emmanuel Todd ; et en appui un article qui confirme la
prise de contrôle des Etats européens par les prédateurs de la finance
mondiale.