La chute de Ben Ali et de Moubarak : c’est surtout la chute du Système
L’affolement, le désarroi et la
petitesse
des élites politico-médiatiques occidentales face à la «révolution arabe» est
finalement chose bien compréhensible.
Car en tant que petits tyrans aux services des intérêts occidentaux, Ben Ali et
Moubarak – tout comme les autres despotes
désormais chancelants du Magreb ou du Machrek–, étaient précisément de
précieux rouages du Système américano-occidentaliste que lesdites élites
représentent.
Or pour pressentir leur chute, et donc agir sur les événements, il aurait fallu
que nos gouvernants, tout comme leurs plumitifs de la presse-Pravda, aient
d’abord quelque conscience du déclin du Système lui-même, c’est-à-dire de leur
propre décadence.
Aucun risque donc, puisque tout ce petit monde vit dans la bulle d’une réalité
virtuelle, d’une narrative dont le réel est exclu depuis longtemps.
Aujourd’hui, l’opération de récup’ bat son plein, avec les arguments habituels
réduisant la «révolution arabe» à l’aspiration naturelle des peuples à rejoindre
les lumières du monde-libre, du Système donc, dont les vertus ne sont plus à
démontrer puisque ce sont elles qui, à n’en pas douter, inspirent ces grands
mouvements de l’Histoire.
Certes.
De la bouillie pour les chats tout ça.
Car les vertus dont se gargarisent les éditorialistes émus du Système ne sont
bien évidemment pas celle du Système
tel qu’il existe réellement, mais
seulement celles de sa narrative.
Car le Système tel qu’il existe réellement s’accommode précisément très bien des
despotes, des dictateurs, des bouchers et des
tortionnaires
pour peu qu’ils servent docilement la stabilité du Système.
C’est bien là le plus savoureux de l’Histoire : en célébrant la chute des Ben
Ali et des Moubarak, le Système célèbre son propre déclin, sa propre chute, sans
le savoir.
Savoureux vous dis-je.