Ce qu’ils sont – ce que nous sommes – devenus
05/05/2011
En posant comme postulat théorique que la mort de Ben Laden soit bien
survenue telle que présentée dans la version officielle, deux éléments mis côte
à côte nous disent tout, ou presque, de «ce
qu’ils sont devenus», les décideurs Américains donc, en tant que
nation-guide autoproclamée du monde-libre, et par extension de «ce
que nous sommes nous mêmes
devenus», nous, en tant que partie de cette «civilisation occidentale»
prétendument indépassable.
En préambule, revenons un instant sur le
modus operandi de la version officielle, même si Hollywood-Potomac varie
sans cesse le discours en fonction de l’effet produit sur l’audimat. Nous
pouvons au moins tenir pour à peu près sûr qu’il s’agit bien d’une exécution
pure et simple, et non pas d’une tentative d’arrestation qui aurait mal tourné.
Les
photos divulguées par Reuters
montrent d’ailleurs des cadavres tous touchés à la tête, ce qui ne correspond à
l’évidence pas à un échange de tirs dans le feu de l’action, mais bien à une
série d’exécutions. Exécutions commanditées par la Maison-Blanche himself donc,
le cas n’exigeant pas moins.
Ceci posé, la justification du crime la plus révélatrice de l’état d’esprit du
Système est celle de
Daniel Goure, du Lexington Institue.
Dans un papier intitulé «It’s Not Personal, It’s Strictly Business», Goure explique
l’exécution de Ben Laden en se référant à l’argument avancé par le chef mafieux
Michael Corleone dans le film Le Parrain
de Coppola, pour décider de l’assassinat d’un policier corrompu : «So
said Michael Corleone in the movie, The Godfather, to convince his brother and
Mafia associates that it was okay to assassinate a corrupt police captain.»
Le deuxième élément nous vient d’Obama lui-même, et plus précisément de la
dernière phrase prononcée dans son
discours annonçant la mort d’OBL.
«Let us remember that we can do these
things not just because of wealth or power, but because of who we are:
one nation, under God, indivisible, with liberty and justice for all.
– Rappelons-nous que nous pouvons accomplir ces choses non pas seulement
pour des raisons de richesse ou de puissance, mais à cause de ce que nous sommes
: une seule nation bénie de Dieu, indivisible et vouée à la liberté et à la
justice pour tous.»
L’assassinat comme moyen de faire triompher la lumière donc, dans un parfait
renversement des valeurs.
Disant cela, Obama s’inscrit ici à l’exact opposé de l’homme dont il a
abondamment, abusivement, cherché le parallèle durant sa campagne électorale :
Martin Luther King, dont on mettra ici en miroir ce propos : «Returning hate for
hate multiplies hate, adding deeper darkness to a night already devoid of stars.
Darkness cannot drive out darkness: only light can do that.
Hate cannot drive out hate: only love can do that. – Rendre la haine pour la
haine multiplie la haine, ajoutant une obscurité plus profonde à une nuit sans
étoiles. L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité : seule la lumière peut
faire cela. La haine ne peut pas chasser la haine : seul l'amour peut faire
cela.»
Il faudra encore assumer les cris de joie autour des cadavres, l'unanime
jubilation de nos élites, rigolards autour d'un massacre.
Nos nouveaux héros sont donc les Navy Seals , «crème de la crème» des machines à tuer du Système, pour reprendre
une expression récurrente dans la presse-Pravda.
Soit. On a les héros qu'on peut.
Et que tout cela se révèle à terme une pantalonnade de plus ne changerait rien à
l’affaire.
L’esprit de la chose est obscène.
Voilà donc ce qu’ils sont devenus. Ce que nous sommes devenus.