Du 9/11 à Dieudonné: l'alignement parfait
17/01/2014 Quel est le dénominateur commun entre les événements du
11 Septembre 2001, la liquidation de Kadhafi, la guerre en Syrie ou le
lynchage de Dieudonné? Réponse : l’alignement parfait, uniforme et zélé
des médias sur la narrative du pouvoir. En un peu plus d'une décennie,
de Washington à Paris, nous avons ainsi assisté à l'incorporation, à
l’assimilation complète des médias
«qui font l’opinion» par la machinerie du Système. La servitude est
totale, consentie, et les voix discordantes sont combattues avec une
rage d'autant plus haineuse que les arguments et/ou la raison font
défaut, que le mensonge à propager est gros. Avec l’affaire Dieudonné,
on a pour la première fois invoqué
«l’atteinte à la cohésion nationale» pour justifier la censure.
C’est une étape significative dans l’avènement de cette société de
l’obéissance en devenir, où «cohésion» rime avec nivellement, avec
soumission.
Du contrôle de l’opinion à celui
de la contestation
La machine à écraser les différences, à niveler les opinions, est
désormais bien rôdée : mobilisation générale des serviteurs-en-chef de
tous les JT et grands titres «qui
font l’opinion»; uniformité parfaite du discours; dramatisation à
outrance des événements; déformation des faits et mensonges; isolement
et attaque en meute des éventuels contradicteurs. Plus la couleuvre à
faire avaler est grosse, plus la mobilisation doit être bruyante,
hystérique, assourdissante pour empêcher toute nuance, forcer
l’alignement.
Dans l’affaire Dieudonné, la machine a été saisissante d’efficacité. En
quelques semaines, l’humoriste n’était plus qu’un simple «antisémite» déversant un «discours
de haine» contraire «aux
valeurs de la République», sa quenelle n’étant même, diagrammes et
graphiques à l’appui, qu’un «salut
nazi inversé». Du gros, du lourd donc, du définitivement
incontestable.
Dans son «arrêt
Minority Report»,
le Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative française, a
même puisé dans des cas vieux de 80 ans pour justifier la réintroduction
de la censure et, surtout, a invoqué pour la première fois la notion
«d’atteinte à la cohésion
nationale».
Peut-on imaginer concept plus dangereux juridiquement parlant que celui «d’atteinte
à la cohésion nationale» pour justifier une interdiction? En faisant
jurisprudence, cet arrêt éminemment politique du Conseil d’Etat ouvre
désormais toutes les portes au pouvoir pour faire interdire ou censurer
artistes, militants ou même partis, pourquoi pas, qui menaceraient donc
la «cohésion nationale».
Désormais, ce n’est plus seulement le contrôle de l’opinion que le
Système vise, mais celui de la contestation avec, en ligne de mire
notamment, la liberté encore offerte sur Internet.
Le patron de l’Express, Christophe Barbier,
a donné le ton :
«Ca se régule, aussi, internet.
Entre nous, les Chinois, ils y arrivent bien. Si les dictatures y
arrivent, il faut que les démocraties fassent l’effort, aussi, de faire
respecter la loi sur internet, sinon, ce sera dictature ou dictature.»
L'argument fait froid dans le dos.
De la critique d’Israël au
conspirationnisme
Comme nous l’avions relevé dans notre
précédente brève,
d’aucuns appellent déjà à l’interdiction de l’antisionisme radical,
c’est-à-dire l’interdiction de la critique d’Israël, qui serait la
source de l’antisémitisme moderne donc.
Mais sur France2, l’écrivain Marc Edouard Nabe a déjà désigné
la prochaine cible
en estimant que le problème de fond, c’était finalement…. le
«conspirationnisme».
Ecoutons-le : «Le fléau
aujourd’hui, le vrai fléau, c’est le conspirationnisme… C’est-à-dire la
transformation de la vision du monde. C’est-à-dire la fausser à la base
pour que les gens et les naïfs puissent s’y perdre et reconsidérer tous
les évènements de la réalité. C’est un travail néfaste et satanique sur
la vérité.»
La boucle est bouclée.
Remettre en cause la version officielle des évènements, la narrative,
est en effet le dernier «fléau»,
le dernier «travail néfaste et
satanique» que le Système devra tôt ou tard juguler pour préserver
SA narrative, SA vérité sur les événements de SA réalité.
L’essence totalitaire du Système
La dérive se confirme et s’accélère donc.
Pervertie jusqu’à la nausée, la démocratie libérale dans sa version
ultime n’est plus qu’un faux-nez du Système dont l’essence est
résolument totalitaire. Comme nous l’écrivions en citation dans notre essai
«Pourquoi notre Hyper-Titanic va couler»,
«l’avènement de la société
libérale interdit en effet l’alternative.
Les divergences de pures formes, qui opposent ce que l’on nomme les
«sensibilités politiques», se discutent à l’intérieur du statuquo
qu’elle [la société libérale]
impose. C’est à cela que se réduit l’opposition. Dans une société qui
prétend pourvoir de manière satisfaisante aux besoins du plus grand
nombre, l’opposition n’a en effet plus aucune raison d’être, elle est
même une menace pour la collectivité.»
Le débat peut donc être singé à l’intérieur du cadre fixé par le
Système, par exemple dans l’opposition gauche-droite traditionnelle,
étant entendu qu’en l’espèce, «la
gauche» est devenue un sous-programme de la droite pour gruger les
pauvres et endormir les idéalistes.
Il n’y a désormais plus qu’un parti possible, celui du Système, une
seule vérité, celle du Système, une seule vertu, celle du Système.
Le Monde,
Le Figaro,
L’Express, Le Nouvel Obs ou
Libé ne nous disent plus autre
chose.
PS : heureusement, il y a des discours de haine licites
Les seules contestations que le Système tolère encore est celles qui, comme
les «sensibilités politiques»,
s’inscrivent dans le cadre qu’il fixe. Vous pouvez donc déverser un
discours de haine contre Dieudonné, en
appelant même à son exécution physique,
le Système vous regardera avec bienveillance.
Le militantisme par le cul, type Femen, est aussi très tendance, et vous
pouvez donc déverser votre discours de haine sans dommage sur la
communauté catholique en profanant des lieux saints, le Système vous
regardera avec bienveillance, car la déconstruction du message religieux
sert ses objectifs nihilistes.
Vous pouvez bien évidemment déverser votre discours de haine
sur la communauté musulmane,
le Système vous regardera avec bienveillance, car la déconstruction du
message religieux sert ses objectifs nihilistes.
Vous pouvez déverser votre discours de haine sur le judaïsme..., enfin..., non...,
finalement ça..., ça va
pas être possible.
Mais vous pouvez déverser votre discours de haine sur les
conspirationnistes, sur ceux qui incitent à «reconsidérer
les évènements d’une réalité» tronquée, le Système vous regardera
avec bienveillance puisque vous participerez à l’affirmation de SA
narrative.
entrefilets.com, mis en lligne le 17 janvier 2014 à 18h20