Pour en finir avec la fausse révolution syrienne
16/01/2013 La vidéo
est tournée dans le coin d’une pièce aux murs couleur sable. Qualité
GSM. A visage découvert, un milicien présente fièrement un poignard à la
caméra comme pour une vidéo de promotion. Derrière lui, un homme en
T-shirt bleu, de dos, tête baissée. Le «révolutionnaire» se retourne et
commence à lacérer, à planter, à lacérer encore, en échangeant des
commentaires goguenards avec un de ses potes hors-champ. Le sang coule et
le T-shirt bleu se remplit de mauve. Le supplicié encaisse comme il
peut. Il prie sans doute pour que tout aille vite. Il ne sera pas
entendu.
Nous sommes dans l’arrière-cour d’une maison. Sur le sol en terre battue
sont couchés une quinzaine de jeunes civils supporters du régime
d’Assad. Certains sont déjà ensanglantés. Un jeune homme plus hardi ou
plus terrorisé que les autres essaie de sauver sa peau.
«Je suis sunnite comme toi, dieu
est avec toi», supplie-t-il.
«Cause toujours», répond le milicien qui filme la scène. Coups de
bâton. Le jeune homme hurle, le poignet brisé, en sang. Il rampe au
milieu des autres dont certains tentent également de parlementer,
toujours en invoquant Allah. La tension monte. Le jeune au poignet cassé
le brandi comme pour dire : «Vous
m’avez fait assez mal, laissez-moi partir maintenant». La caméra se
fixe alors sur la Kalachnikov du vidéaste, et le massacre commence.
Dans cette autre vidéo, d’autres glorieux «freedom fighters» ont enterré
un homme jusqu’au menton. «Il n’y
a d’autres dieux que Dieu, et Muhammad est son Prophète»,
murmure-t-il en boucle jusqu’à ce que le sable jeté à coups de pelle ne
le fasse taire, ne le recouvre. Il ne reste plus rien. Aucune trace de
lui. Je pense à sa mère.
La scène se déroule au bord d'une route dans la ville de Homs. Des
miliciens entourent un enfant à qui ils ont donné une machette. A terre,
un officier de l'armée syrienne est étendu, la tête reposée sur une
pierre. Lorsque l'enfant lève la machette sur les injonctions des
vertueux rebelles, elle paraît si grande, et lui si petit. Mais au bout
de quelques coups toutefois, la tête de l'officier se détache. L'enfant
n'a sans doute pas dix ans. Vive la révolution.
Nous sommes maintenant dans un hangar, un homme à terre supplie d’autres
hommes armés de barres de fer, un océan de terreur dans les yeux. On
n’imagine pas ce que les bras et les jambes peuvent supporter de coups
avant de se briser, de se déformer vraiment. On n’imagine pas combien
malgré la souffrance un supplicier peut encore supplier pour survivre
avant de s’abandonner. L’homme aura finalement la tête écrasée à coups
de parpaing.
Des vidéos comme ça, il y en a plein
youtube, plein
liveleak,
visibles parfois
temporairement
(et il y aurait certainement
beaucoup à dire sur le but réel de cette orgie de souffrances humaines
proposées par Internet). Vidéos de tortures ; vidéos d’assassinats ;
vidéos d’exécutions sommaires où ce sont parfois des dizaines de soldats
ou de civils à la fois que les miliciens d’al-Nosra ou de gangs affiliés
achèvent, leur téléphone mobile vissé au canon de leur Kalachnikov.
C’est ça, la «révolution» en Syrie. La vraie, pas celle de
Libé, de
France 2 ou d’I-Télé.
Ce sont eux, les «Freedom
fighters» que financent, arment et cautionnent politiquement les
«amis de la Syrie» emmenés
par nos vertueux Hollande, Fabius, Obama et consorts.
Ce sont eux, que
nous soutenons.
La CPI veut
enquêter sur les crimes contre l’humanité en Syrie ? Elle cherche des
preuves pour inculper des bouchers ? Y’a qu’à se baisser, y’a qu’à
cliquer.
O bien sûr, il y a aussi des vidéos d’atrocités commises par des soldats
loyalistes, mais proportionnellement, c’est sans commune mesure avec le
flot d’horreurs que revendiquent et assument les jihadistes sensés
apporter à la paix, la démocratie et la liberté aux Syriens.
Cette révolution pue la mort et l’horreur. Et soyons clairs, il faut
être un fameux crétin, ou un fieffé salopard, pour croire ou faire
croire qu’elle sent le jasmin. Le massacre de près
d’une centaine d’étudiants à Alep,
perpétré assurément par la glorieuse rébellion des «amis de la Syrie» ce
mardi, suffit à s’en convaincre.
N’en déplaise au parti des salonards parisien et à tous ses petits
zélateurs fascinés, Bachar al-Assad est aujourd’hui plus que jamais,
pour la Syrie et les Syriens,
un moindre mal.
Post-scriptum factuel
Depuis plus de 22
mois maintenant, la presse bobo-atlantiste n’en finit plus de nous
annoncer la chute du régime de Damas sous la glorieuse poussée de
l’héroïque rébellion bisounours syrienne. Semaine après semaine depuis
plus de vingt mois, nos médias-militants rivalisent donc de créativité
pour nous annoncer que ladite rébellion est en train de gagner «la
mère de toutes les batailles à Homs», est sur le point de lancer «l’assaut
final contre Damas», que «la
prise d’Alep» est imminente, autant de fanfaronnades émaillées par
un nombre incalculable de «tournants stratégiques»
et autres «victoires décisives».
Sauf que voilà. Le régime résiste,
et plutôt bien,
au point que certains bailleurs de fonds des brigades de coupe-jarrets
et d’assassins qui forment le gros des troupes «révolutionnaires»
semblent tentés de retirer leurs billes du jeu de massacres. Des rumeurs
insistantes se font notamment jour sur un éventuel
repli de l’Arabie
saoudite.
S’il devait se confirmer, cela sifflerait assurément la fin de la partie
pour les allumés du Jihad en Syrie.
Sur cette question et plus généralement sur les marionnettistes à
l’œuvre en Syrie, nous sommes tombés sur un post très intéressant sur le
forum d’infoSyrie, et nous vous le livrons brut de décoffrage tant il
nous paraît digne d’intérêt en l’état. Le message a été posté
12 janvier 2013 à
21h08…
«Il y a de quoi être perplexe sur toutes les spéculations qu’on lit sur
les défections au sein du front anti-syrien. Il y a peu de certitudes
car ce qui est certain, c’est le flou absolu de cette coalition.
L’Arabie saoudite est protoplasmique, la famille royale est éclatée en
tendances, il y a les mous et les durs, les pro-Frères, les
pro-salafistes, les pro-Israëliens, les anti-Israëliens, et chaque parti
a sa force de frappe
(financière).
Le clan du Pentagone ([servi par] l’homme des jacuzzis, Bandar Ibn
Sultan) a un jour le vent en
poupe (réussite de l’échange des prisonniers iraniens)
et le lendemain des fonds arrivent à Al-Nosra ou à des liwa’a-s du camps
al-Khatib. En Afghanistan les Saoudiens finançaient le Hezb-é Eslami en
même temps que le Jamiat de Massoud et de Rabani, qui s’entretuaient!
C’est comme ça. Pour le Qatar idem, il y a toujours un clan qui répugne
à un conflit avec l’Iran, mais les attentats anti-chiites au Pakistan
(80 morts, oubliés, à Quetta hier)
ou régulièrement en Irak sont une
coproduction financière qataro-saoudienne.
De son côté, la Turquie de l’AKP est en complète désorientation
géo-politique, prise dans un réseau de contradictions tout à fait
ingérables: écartelée entre son alliance qatarie (récente)
saoudienne (ancienne), son
louvoiement avec l’Iran, sa dépendance néonatale à l’égard du Pentagone
(l’AKP est une création de labo US),
ses tractations avec le clan kurde mafieux pro-israëlien des Barzani,
ses efforts avortés et impossibles de proposer un modèle original
d’Islam politique.
Une chose est certaine, c’est que les gens de la province irakienne
d’al-Anbar font la loi en Syrie du Nord au détriment de l’ASL qui voit
ses militants voler au secours de leurs victoires en trompe-l’oeil
(les médias occidentaux créent ces victoires fictives : la «geste» de
Taftanaz en est un exemple : comment transformer la prise de quelques
hangars en «mère des batailles» ou en bataille d’El Alamein !).
La fiction d’une alternative présentable en Syrie est morte et bien
morte. D’où la recherche folle d’un compromis avec la mouvance Al-Nosra.
Quand Hollande reçoit un soi-disant ambassadeur de l’opposition
syrienne, il sait (où alors il est gravement sous-informé)
qu’il a en face de lui un gars qui cédera tout à l’équipe d’al-Anbar.
Seule est fiable actuellement l’analyse des rapports de force. Il faut
reconnaître que, là-dessus, on est mal renseigné quoiqu’il est évident
que la RAS s’est visiblement préparée à une guerre de longue durée,en se
préservant et en évitant au maximum les barouds d’honneurs qui sont la
spécialité du camp adverse. Les résultats au bout de deux ans
(résistance compacte) prouve que
cette stratégie était la bonne.»