L’exemple turc

21/10/2009 On se souvient du mémorable coup de gueule de Tayyeb Erdogan lors du Forum de Davos au début de l’année.  « Je ne pense pas que je reviendrais à Davos », avait asséné le premier ministre Turc en claquant la porte d’un débat durant lequel le prétendu modérateur l’avait empêché de répondre à un larmoyant Shimon Pérès qui, alors que les coupe-jarrets de l’Etat hébreu massacraient femmes et enfants à Gaza, proclamait bien sûr qu’Israël était la seule victime du conflit. Coup de gueule jubilatoire, jouissif puisqu’unique au milieu de la couardise occidentale habituelle s’agissant des crimes sionistes.
Turcs et Israéliens étaient pourtant des alliés de longues dates, coopérant tant économiquement que sur les plans militaires et du renseignement. L’on était donc fondé de penser que le coup de gueule en question n’était que cela, un coup de gueule. Et bien on avait tout faux.
Le coup de gueule d’un Erdogan ulcéré par la barbarie israélienne a en fait été le coup d’envoi d’un retournement stratégique d’ampleur régionale. Autrement dit, pour une fois, on a joint l’acte à la parole, on s’est montré à la hauteur de ses principes, conséquent avec ses idées dans une attitude de rectitude morale forçant le respect, vertu cardinale qui fut également la marque de certains politiciens occidentaux, autrefois s’entend.
Or donc le coup de gueule en question a trouvé un prolongement obstiné dans la politique turque. Et la rupture est désormais consommée entre les deux pays. Récemment, Ankara a ainsi annulé un exercice de l’OTAN au prétexte qu’Israël y était invité. Encore plus récemment, l’ambassadeur israélien à Ankara s’est plaint d’une série diffusée à la télévision et montrant les soldats israéliens se comportant avec les Palestiniens comme ils le font effectivement (maître absolu dans l’art de la manipulation médiatique, l’Etat hébreu sait mieux que personne le poids des images et craint par-dessus tout d’être vu tel qu’il est). Réponse lapidaire du chef de la diplomatie turque : « Nous n’avons pas à intervenir dans le choix des programmes de télévision. » Plus fort encore : les achats turcs sur le marché israélien ont baissé en quelques mois de…. 40%.
La Turquie fait donc aujourd’hui la preuve qu’un Etat peut faire passer ses valeurs avant ses intérêts lorsque la mesure est dépassée, et qu’une action de boycott et de désinvestissements  peu fonctionner très rapidement, très efficacement, pour peu que le courage politique fasse écho à l’exigence morale.
Que l’Europe se souvienne de ses anciennes vertus en la matière, qu’elle trouve le courage de se libérer du terrorisme intellectuel sioniste pour traiter l’Etat hébreu pour ce qu’il est et non pour ce qu’il prétend être, et le conflit israélo-palestinien serait réglé en quelques mois.

A bon entendeur