le conglomérat US se fissure
12/05/2010
A la faveur de la crise économique terrible qui frappe les Etats-Unis sous le
vernis des statistiques bidouillées, un mouvement centrifuge d'une puissance
phénoménale est en train d'écarteler le conglomérat américain. De plus en plus
d'Etats de l'Union entrent aujourd’hui en conflit direct avec un centre fédéral
désormais considéré, à juste titre, comme l'épicentre de la crise. L’Arizona
vient même de créer un précédent d’une portée considérable en votant une loi à
la manière d’un Etat souverain échappant désormais au contrôle du pouvoir
central de Washington.
Petit tour d’horizon du véritable état de l’Union:
Des réalités économiques implaccables
- Le taux de chômage US est désormais voisin de 20%, avec des pics à 40%-50%
pour les classes sociales défavorisées. (LEAP 2020)
- 33 Etats américains ont épuisé leurs caisses de réserves d’assurance chômage (Yahoo)
- Aux Etats-Unis, les étudiants manifestent contre les hausses des droits
d'inscription et la population s'inquiète de la fermeture de la moitié des
écoles publiques dans une ville comme Kansas City, tandis qu'à New York ce sont
62 brigades de pompiers qui vont être supprimées.
- La ville de
Detroit
est au bord de la faillite (Detroit
News).
- La ville de New York dissimule ses déficits depuis 10 ans (Reuters).
- Les écoles de Californie se préparent à l’éventualité du licenciement de 22
000 enseignants - 16 000 postes ont déjà été supprimés en 2009 (LA Times).
- La dette de la Californie est moins sûre que celle du Kazakhstan, si l’on en
croit les CDS (Financial Times).
- San Francisco licencie 15 000 employés communaux - certains pourraient être
réembauchés moyennant une baisse de salaire de 6,25% (Labor Radio).
- Los Angeles est bientôt en
cessation de paiement. Le maire de la ville a d’ailleurs décrété deux
jours de chômage technique des fonctionnaires par semaine pour tenter de
redresser les comptes (LA
Times).
- Ruinée, la ville de Toledo pourrait se déclarer en faillite (Toledo Blade).
- A Wall Street, les
prédateurs
s’en donnent toujours à cœur joie.
Et
pendant ce temps-là, la guerre,
la guerre,
la guerre.
- Dans l'Etat de l’Oklahoma, des dirigeants locaux de Tea Party et des
représentants élus envisagent
la création de milices légales (ou de légaliser les milices existantes).
La question a été mise à l'ordre du jour après un raid du FBI contre des
militants d’une milice à Hutaree, dans le Sud du Michigan, accusés de comploter
l’assassinat d’un représentant de l’ordre.
- En avril dernier, le directeur du FBI Robert Mueller estimait que la menace du
terrorisme intérieur était désormais aussi importante que celle
d’Al-Qaïda. C’est plus qu’un changement de perception, c’est une révolution !
- Au Texas, l’idée de
sécession
n’est même plus un tabou.
- En
avril dernier , un pas spectaculaire dans le sens d’une émancipation a
été franchi par l’Arizona avec la signature d'une loi (SB 1070) anti-immigration
très dure. L'équipe d'Obama a annoncé qu'elle allait soigneusement étudier la
constitutionnalité de ce texte. Mais depuis, le
Washington
Times du
10 mai 2010 relève que la Géorgie, le Colorado, la Pennsylvanie,
les deux Carolines, l’Oklahoma, le Minnesota, le Maryland, le Texas, le
Missouri, le Nebraska et l’Idaho sont en train de préparer une législation
similaire.
L’événement a une portée considérable en ce sens qu’il représente la première
fissure « officielle » dans la supposée unité des Etats-Unis, le premier cas où
un Etat se comporte en Etat souverain en rupture totale avec le pouvoir fédéral.
En
Pennsylvanie, le Représentant au Congrès Daryl Metcalfe a expliqué en
ces termes le geste de son Etat : « Avec
le gouvernement fédéral actuellement porté déserteur et n’assurant pas ses
responsabilités constitutionnelles, … les élus des Etats ont décidé d’agir. »
Et le désordre
grandit,
grandit,
grandit.