Israël en embuscade

09/11/09 Il y a des coïncidences tellement énormes qu’elles enlèvent toute crédibilité aux faits avancés par leurs bénéficiaires. Survenue le jour même où l’ONU débattait des crimes de guerre israéliens à Gaza au travers du rapport Goldstone, l’arraisonnement par l’Etat hébreu d’un cargo sensé transporter des centaines de tonnes d’armement iranien à destination du Hezbollah libanais est de celles-là. Surtout que de la part de l’Etat voyou israélien,les précédents dans le montage de casus belli plus ou moins boiteux sont légion (l’attaque de l’ambassadeur israélien à Londres en 1982, faussement attribuée au Fatah de Yasser Arafat pour déclencher l’opération contre l’OLP au Liban ; la rocambolesque affaire du Karine A en 2002, qui servit de prétexte au confinement de ce même Arafat dans son QG de Ramallah jusqu’à son assassinat par empoisonnement (>>2) en 2004, etc…, etc… etc…). L’abracadabrantesque périple du Francop laisse d’ailleurs perplexe puisque la cargaison aurait été chargée en Iran, puis en… Egypte, allié très, mais alors très zélé d’Israël dans la région. Le tout dans des containers très opportunément marqués de l'acronyme IRISL (Islamic Republic of Iran Shipping Lines). Dans le genre discret, on fait généralement mieux dans ce genre de buziness.

Bref, avec ce que d’aucuns ont dès lors beau jeu de dénoncer comme un montage avec un taux de crédibilité au moins égal à celui de l’Etat hébreu, l’équipe de parano-Netanyahou visait évidemment deux objectifs. Le premier, immédiat, était de faire contrepoids au rapport Goldstone avec une affaire suffisamment spectaculaire pour qu’elle puisse justifier a posteriori, tout au moins dans la logique sioniste, l’assassinat des 773 civils, dont 320 enfants et 109 femmes, massacrés durant « l’opération Plomb durci ».  « La communauté internationale devrait se concentrer sur cela [la pseudo livraison d’armes donc], s’est empressé de déclarer parano-Netanyahou. Mais, à la place, le monde condamne Israël et les « Forces de Défense d’Israël » (SIC) et sape notre droit à l’autodéfense [c'est-à-dire notre droit à massacrer des Palestiniens donc].» Le deuxième objectif est bien sûr de préparer le terrain à une nouvelle boucherie régionale. Il s’agit en effet de mettre à exécution des plans israéliens d’attaques sur l’Iran constamment remis à jour, et/ou de prendre sa revanche sur le Hezbollah libanais après la raclée reçue en 2006. On parle désormais d’une possibilité d’attaque sur le Liban au printemps 2010, hypothèse renforcée par la récente attribution de portefeuilles ministériels au Hezbollah au sein du nouveau gouvernement libanais.

Une fois de plus, le pire est donc à craindre, surtout que la couardise de nos élites empêche l’émergence, en Occident, d’un courage politique qui puisse faire écho à l’exigence morale en s’opposant, une fois pour toute, à la politique perpétuellement belliqueuse de l’Etat hébreu. Dans l’esprit de nos politiques, Israël reste donc un Etat au-dessus des lois, du droit international bref, pour reprendre la métaphore de Poutine à l’adresse des Etats-Unis dirigés par les néocons : une sorte de « fou dangereux qui court dans tous les sens avec un couteau» et que personne n’ose contrarier. Boycott donc !

Un Etat imposteur Un mot encore sur Israël, qu’à dessein nous ne désignons que de la sorte, ou par le générique d’Etat hébreu, sans jamais faire référence à une nation. Parce-que selon nous, Israël n’est pas une nation. Elle n’est pas une construction héroïque adoubée par l’Histoire. A l’instar des Etats-Unis, l’Etat hébreu est une construction utilitaire, un conglomérat de groupes d’actionnaires établis par intérêt sur une terre volée au prix du meurtre et du pillage, avec le ciment à mesure. Sa naissance est artificielle, fruit déviant d’une opportunité surgie au croisement des intérêts de puissances occidentales tantôt motivées par des considérations stratégiques (USA-Russie), tantôt paralysées par le poids du crime (UE). Le tout, comme nous le savons aujourd’hui, sur fond de tricherie lors d’un vote manipulé à l’ONU par toutes sortes de pressions sur les petits pays clients de ces grandes puissances. L’Etat hébreu est donc un Etat artificiel par essence, agrégat de communautés divisées, rivales, que seule la guerre portée inlassablement vers l’extérieur empêche de s’entretuer. Avec le ciment à mesure donc.