« Où est le problème ? Nous sommes tous des assassins ! »

30/09/2009  Les Israéliens ont trouvé la parade idéale pour contraindre les USA à torpiller le rapport Goldstone qui dénonce leurs crimes de guerre et contre l'humanité perpétrés à Gaza. Ils ont en effet attiré l'attention des Américains sur le fait qu'approuver ce rapport reviendrait pour eux à se tirer une balle dans le pied. Car, suggérait à mots à peine couverts lundi le porte-parole de l'ambassade israélienne à Washington, dans une guerre asymétrique (du faible au fort), le droit international humanitaire n’est vraiment plus pertinent puisqu’il est impossible d'éviter les massacres de civils... Et de rappeler utilement à cet égard aux USA leurs propres massacres de civils en Irak et en Afghanistan.
Avec un cynisme tout israélien, la parade de l’Etat hébreu au rapport onusien n'est donc plus de nier ses crimes (Israël a depuis longtemps prouvé que le bouclier de la Shoah lui permettait d’assumer très sereinement son statut d'Etat-boucher), mais de tuer dans l'œuf toutes velléités occidentales de les juger en proclamant: "Où est le problème ? Nous sommes tous des assassins !"
 L’argument a bien sûr immédiatement porté. Le lendemain mardi, lors de l’examen dudit rapport à la Commission des Droits de l’Homme, Le secrétaire d’Etat adjoint pour les droits de l’homme, Michael Posner, a reconnu que Richard Goldstone était une « personnalité distinguée », mais précisé aussitôt que son rapport était « profondément erroné ». Il a expliqué que les Etats-Unis refusaient de « mettre sur le même plan moral un Etat démocratique (SIC) comme Israël qui a le droit de se défendre (SIC) et le Hamas, qui a répondu au retrait d’Israël de Gaza en terrorisant les civils dans le sud d’Israël ». Chapeau bas, l’Etat-boucher !
Pour la forme, précisons qu’une résolution doit être adoptée vendredi pour, au pire, donner six mois aux deux parties (le Hamas est également épinglé dans le rapport pour avoir tiré des roquettes sur des zones civiles….) pour mener des enquêtes et punir les crimes commis durant le conflit de janvier dernier (certes…). Toujours très très, mais alors très très très théoriquement, si aucune mesure n’est prise par les parties, le dossier pourrait alors être transmis au Conseil de sécurité. Et là, devinez qui va utiliser son droit de veto pour protéger Israël?
 Témoignages israéliens accablants Ci-dessous, un témoignage recueilli par la Tribune de Genève auprès de Yehuda Shaul,
fondateur de l’association juive Breaking the Silence . Une assoc’ à travers laquelle des soldats de l’armée israélienne dénoncent les crimes commis dans les territoires.

– Vous affirmez qu’un changement fondamental s’est produit durant la guerre de Gaza. Lequel?
– Je ne reconnais plus l’armée. Nous avions été formés à préserver la vie des civils. A ne jamais tirer en cas de doute. Il y avait bien sûr des dérapages et des abus, nous en avons documenté certains. Mais, à Gaza, c’est tout autre chose. Une fois les civils avertis (par des tracts ou des coups de fil) qu’une attaque israélienne était imminente, les soldats devaient attendre cinq minutes puis considérer qu’il n’y avait que des ennemis sur le champ de bataille. Bombardés à coups d’obus et de mortiers, abondamment mitraillés, les bâtiments étaient pris d’assaut par les troupes, lançant parfois des grenades avant d’entrer...

– Quelles étaient les consignes?
– Il n’y avait pas vraiment de consignes, mais une mission précise à accomplir et une priorité absolue: préserver sa propre vie, quitte à tuer des innocents. Cette guerre serait devenue impopulaire en Israël si l’armée perdait beaucoup d’hommes. Ce n’était donc pas une volonté d’éliminer beaucoup de Palestiniens. Mais à l’armée on sait que la meilleure protection pour un soldat, c’est d’avancer avec une puissance de feu maximale. Le résultat, ce sont donc des tanks qui lancent des dizaines d’obus. Autrefois, avant chaque tir, il fallait l’aval d’un commandant! Ajoutez à cela les récits d’officiers déclarant aux soldats que si Israël n’était pas une démocratie, ils pourraient mieux faire leur boulot. Ou encore les Palestiniens abattus au cas où ils auraient été des informateurs du Hamas. Sans parler des zones rasées alors que les combats avaient cessé depuis longtemps et que les quartiers étaient abandonnés. Personne ne sait ce qui s’est réellement passé dans la bande de Gaza.

– Que voulez-vous dire?
– La société israélienne croit qu’il s’agissait d’attaquer les «méchants» du Hamas. Cela, personne ne va le leur reprocher. Mais était-ce le véritable objectif? Il y a eu beaucoup de bombardements, mais relativement peu de combats face à face. Gaza City n’a même pas été envahie… Les autorités israéliennes font tout pour discréditer notre travail, mais le public commence à prendre au sérieux nos témoignages. Et à poser des questions.