Humeur : Parole de libérateurs !
17/11/2011
Ok, prenons acte ! Le Printemps arabe
était chargé de promesses, mais il s’est arrêté Place Tahrir. Respect au Bloc
américano-occidentaliste qui a vite compris qu’en instrumentalisant habilement
la situation, il pouvait renverser des régimes à moindre frais sous couvert de
vertueuses opérations de soutien à des peuples martyrs. Mission accomplie en
Libye, qui a essuyé les plâtres du concept. La destruction quasi-totale du pays,
les 50'000 morts de son irakisation, pardon, de sa «libération», ont finalement
constitué ce que le tueur en chef de l’OTAN, Rasmussen, a qualifié de «glorieuse
page de l’histoire» de l’Alliance. Chapeau bas.
Inutile de dire que dans les états-majors atlantistes, on trépigne, on piaffe,
on en veut encore, et du saignant. En plus, comme un seul homme,
la presse-Pravda en redemande de ce déchaînement de matière, de feu et
de sang enfin vertueux puisque rien à voir, on en est certains cette fois, avec
les boucheries cyniques de l’ère Bush.
Là, c’est du propre, du net, du javellisé, du vertueux et du moral. Pensez-donc:
même les barbares veulent être comme nous, et ils sont prêts à mourir pour cela,
c’est dire si on est beaux et bons et géniaux. On les aime, on s’aime encore
plus. Merci pour tout.
Et pendant ce temps-là, dans les états-majors atlantistes, on se tape les
cuisses et on n’en revient même pas de constater à quel point le truc marche.
C’est la bonne blague du moment dans la «Situation
Room». Du caviar. Merci les plumitifs exaltés ! On vous méprise mais on vous
aime quand même !
Plus sérieusement à US-raël City, hors conférences de ploucs, de presse pardon,
on planche sur des scénarios quand même sérieux. A commencer par la possibilité,
enfin, de casser ce bon dieu d’axe maléfique entre l’Irak peut-être, l’Iran,
Alors, sus à Damas !
Et grâce à une Ligue Arabe contrôlée par nos amis du Golfe, qu’on aide à écraser
leur propre insurrection, on vient de lui filer un
sacré coup de pioche, au père Bachar. Bon, c’est sûr, on a quand même du
mal à mater le bonhomme, mais c’est seulement parce qu’il a encore le soutien
d’une ridicule
majorité de la population. Un détail. On ne va quand même pas se la
jouer démocrates en pleine baston non ? Et si on n’arrive pas à décider ces
hérétiques de Chinois et de Russes à nous la voter, notre résolution façon
«1973», on est au moins sûr de pouvoir plonger à terme le pays dans la guerre
civile grâce à nos anciens, puis nouveaux, potes salafistes, relabellisés
combattants de la liberté (Non non ! On vous jure,
ils ne sont plus dans la mouvance Al-Qaïda puisqu’on a tué OBL).
Et puis une fois
Bon, c’est sûr, ça va saigner à gros bouillon. C’est même possible que tout ce
bordel tourne finalement à la guerre globale dans la région.
Mais bon, en même temps, avec tous ces beatniks
d’Occupy Wall Street qui prétendent nous faire la leçon alors que nos
concitoyens ne sont même pas encore tous à la soupe populaire, une bonne grosse
guerre, ça détourne les projos non ?
Et puis à la fin, parole de libérateurs, c’est quand même nous qu’on va gagner,
non ?