Israël, Etat paria
06/01/2009 Plus
de 500 morts dont une grande partie de civils parmi lesquels des dizaines
d'enfants, 2000 blessés: c'est le bilan provisoire de la dernière
boucherie orchestrée par l’armée israélienne en une dizaine de jours de
courageux raids aériens sur un ghetto de Gaza préalablement affamé par
dix-huit mois de blocus. L’objectif est officiellement de faire cesser les
tirs de roquettes sur Israël, de briser le Hamas, bref, de faire respecter
l’interdiction qui est faite aux Palestiniens de se défendre contre
l’oppression sanguinaire de l’Etat hébreu et son occupation de leur terre.
Inutile de compter sur le Conseil de sécurité de l'ONU pour mettre fin à
ces énièmes crimes de guerre, paralysé qu’il est par l’éternel véto
américain en faveur des carnages israéliens (cf. la sanglante agression
du Liban en 2006). Inutile aussi de compter sur une Europe nain
politique dont les poids lourds ne se pensent qu’en laquais des Etats-Unis
(les gesticulations narcissiques de Moi-Je Sarkozy n'y changeront rien).
Inutile encore de compter sur la mobilisation d’une grande presse,
notamment télévisuelle, qui pourrait clamer son indignation devant tant
d’horreur puisqu’elle est depuis des années largement muselée par le
terrorisme intellectuel auquel elle est soumise sur la question juive*.
L’Etat hébreu a donc comme d’habitude les coudées franches pour poursuivre
un jeu de massacre commencé il y a maintenant 60 ans. Les Palestiniens
sont ainsi priés de mourir en silence, tués à la fois par les Israéliens
et par l’Occident qui leur refuse ce droit que l’on croyait inaliénable
d’un peuple à la résistance et au combat pour sa liberté. Pourtant, comme
le disait l’archevêque de San Salvador, Oscar Romero, avant d’être
assassiné par des extrémistes soutenu par les Etats-Unis, « toute forme
d’oppression légitime la violence insurrectionnelle ». Reprenant ce
credo, nous tenons donc ici à réaffirmer haut et fort que oui, bien sûr,
évidemment, les Palestiniens ont non seulement le droit mais le devoir
moral de combattre par tous les moyens l’occupation de leur terre après 60
ans de carnages, d’occupation, de pillages, de blocus, de viols,
d’assassinats, de déportations, de meurtres de masse, de spoliation bref,
60 ans de terrorisme d’Etat. Et même si chez les décideurs occidentaux
l’humeur est plus pétainiste que gaulliste, c’est faire insulte à
l’Histoire et au sens de la justice la plus élémentaire que de prétendre
le contraire.
1. Au début du XXe siècle il n’y avait que quelques milliers de
juifs en Palestine. L’Histoire avait tranché la question et
« la bible n’étant pas un cadastre », les Juifs n’avaient pas
d’Etat.
2. La naissance de l’Etat hébreu, seul pays créé par l’ONU, est le
fruit d’un vote de l’Assemblée générale des Nations Unies durant lequel
les principaux pays occidentaux ont tordu les bras de tous leurs petits
pays clients pour arracher une majorité. Formellement, la création de
l’Etat hébreu par l’ONU est le résultat d’une tricherie.
3. Non, la Palestine n’était pas un désert inhabité et
l’agriculture y était même florissante.
4. C’est lors d’une « opération balai » conduite par des groupes
terroristes juifs --- qui n’ont pas hésité à massacrer des villages
entiers, femmes, enfants et vieillards compris pour faire fuir les
Palestiniens --- que les Israéliens se sont installés par le glaive et le
feu sur une terre où il y avait bien un peuple. Plus de 700'000
Palestiniens furent alors chassés de leurs terres lors d’une des plus
grandes opérations d’épurations ethniques du XXe siècle.
5. Jamais, absolument jamais, Israël n’a eu l’intention d’aboutir
à une paix juste avec les Palestiniens. Les pseudo-processus de paix
successifs ont toujours eu pour uniques objectifs de contraindre les
Palestiniens à renoncer à la lutte armée tout en servant d’écran de fumée
à la colonisation.
Aujourd’hui, Israël s’est installé sur les 4/5e de la patrie historique
des Palestiniens qui sont désormais cantonnés dans de gigantesques prisons
à ciel ouvert comme la bande de Gaza, entourée de barbelés et de
miradors, ou la Cisjordanie, encerclée par un nouveau mur de la honte.
Mais qui s’en soucie ? Israël est un Etat dont l’impunité semble
indiscutable, dont les pires crimes sont toujours excusés,
protégé qu’il est d’une part par le soutien indéfectible américain
et, d’autre part, par une sacralisation de la Shoah entretenue quasi
scientifiquement par l’Etat hébreu et qui empêche tout contrepoids
européen. Présenté comme le «seul Etat moral du Moyen-Orient » par
l’ex-président israélien Moshe Katsav avant qu’il ne soit condamné pour
viol et harcèlement, l’Etat juif est en fait un pays
malade de son complexe de « peuple élu », totalement paranoïaque et
profondément
raciste. Un racisme qui est même le fondement de son modèle de
démocratie ethnique et en garantit la cohésion (La guerre qui ravage
Gaza unit Israël, titrait un quotidien suisse lundi matin). L’on peut
même sans grands risques avancer que l’Etat hébreu ne survivrait
certainement pas longtemps à la paix sans se désagréger tant les divisions
et les fractures qui traversent cette société sont profondes.
Oppresseur pour ses voisins, Israël est aussi un Etat d’apartheid où les
arabes israéliens sont considérés comme des sous-citoyens. Quatrième
exportateur d’armes du monde, il a aussi fait de la violence et de la mort
l'un de ses principaux fonds de commerce. Et que dire d'une armée à
laquelle 60 ans d'atrocités à fait perdre tous ses critères moraux.
Devenue ramassis de coupe-jarrets et d'assassins, l'armée israélienne se
comporte avec une brutalité ultime: massacres délibérés (cf. Cana au
Liban ou tuerie sur les plages palestiniennes), excécutions sommaires
de prisonniers, ordres donnés à des unités spécialisées de
tuer des enfants pour renverser les ratios: il n'y a plus aucune
limite à sa barbarie.
Voilà le portrait (sans concession certes, mais n’y en a-t-il pas assez
eu ?), du pays auquel la Communauté internationale accorde inlassablement
un blanc seing pour ses atrocités. Côté Etasuniens parce-que l’Etat hébreu
y est considéré au Pentagone comme une place forte militaire avancée en
territoire ennemi ; côté Européen pour cause de lâcheté morale due à une
inextinguible culpabilité liée à la Shoah, Israël ne lésinant sur aucun
moyen pour instrumentaliser jusqu’à la nausée le génocide de ses pères.
Après 60 ans de crimes perpétrés en toute impunité, il est peut-être
aujourd’hui temps pour les Européens de se libérer de cette culpabilité
pour regarder et traiter Israël comme n’importe quel pays. Ne plus le
considérer pour ce que ses pères ont vécu, mais pour ce qu’il est
réellement devenu : un Etat paria. En refusant avec une arrogance
insoutenable et un mépris affiché pour les instances internationales de
respecter la moindre résolution de l’ONU depuis sa création, Israël s’est
mise elle-même au ban de la Communauté internationale. Il est grand temps
de l’y laisser.
Encore un mot sur le danger d'embrasement régional. Il est clair que
l'Etat hébreu a voulu profiter des dernières semaines de pouvoir des
extrémistes du gouvernement Bush pour être sûr d'ëtre couvert à 100%. Et
le risque est très grand aujourd'hui qu'Israël ne cherche à pousser ses
pions plus loin en ouvrant un front sur la frontière libanaise suite à
quelque provocation savamment orchestrée (une unité israélienne
infiltrée pourrait tirer elle-même des missiles sur son territoire ce qui
permettrait d'accuser le Hezbollah). L'Etat hébreu en prendrait alors
prétexte pour porter le fer jusqu'en Iran, jouant les alliés en rupture de
ban ce qui contraindrait les Etats-Unis à soutenir l'aventure. La
dangerosité d'Israël pour la paix mondiale n'a peut-être jamais été aussi
extrême.
Pour ce qui concerne la Palestine, la solution ne viendra pas d'une
communauté internationale impuissante à faire plier cet Etat voyou tant
que le parapluie américain sera déployé et que l'UE ne prendra pas ses
responsabilités. Reste donc la mobilisation citoyenne par le boycott
intégral des produits israéliens, par la participation massive aux
manifestations en faveur des Palestiniens, par les pressions sur les élus,
par le lancement de pétitions ou de référendum pour empêcher son pays de
commercer avec l'Etat hébreu, spécialement dans le domaine de l'armement.
Côté Palestinien, il faut en revenir à l'OLP, dissoudre l'Autorité
palestinienne pour faire porter tout le poids logistique et sécuritaire de
l'occupation à Israël, abandonner l'idée d'un Etat palestinien qui ne
serait au mieux qu'un bantoustan, réorienter toute l'action politique dans
un combat de style sud-africain avec pour objectif un Etat binational. Car
de paix juste il n'y aura jamais.
* J’ai vécu l’Intifada Al-Aqsa au sein de la rédaction d’un grand
quotidien suisse. Durant les massacres, une organisation juive avait
annoncé la création d’un « Conseil de surveillance de la presse » pour
lutter contre l’antisémitisme.... Quant au chef de la rubrique étrangère
du journal, il était très régulièrement convoqué à l’ambassade
israélienne, pardon, invité --- non convoqué car il ne pouvait bien sûr
refuser ladite invitation sous peine d’être soupçonné d’antisémitisme ---
pour un petit lavage de cerveau.