Katrina, mon home-cinéma et ma collection de DVD

Notes ajoutées le 14/09/2005, (brève du  06/09/2005) 

Cinq jours. Il aura fallu cinq jours à Washington pour déployer des secours un tant soi peu efficaces. Durant cinq jours de dévastations, de cauchemar éveillé, les rescapés du cyclone Katrina ont du faire face seuls, tenter de sauver leur vie seuls, luttant contre la faim, la soif, livrés à la violence des gangs, voyant mourir les plus faibles d'entre-eux, enfants et vieillards, sans pouvoir les aider, abandonnés qu'ils étaient à leur sort.
Consterné mais finalement peu surpris, le monde entier a alors vu se dérouler cet incroyable drame, le formidable fiasco d'une Maison-Blanche qui, extirpée du cocon monomaniaque de sa nauséabonde guéguerre contre le terrorisme, s'avère incapable de trouver la moindre réponse à la tragédie, incrédule, paralysée, incompétente. En vacances, Doobleyou attendra même près de trois jours dans son ranch avant de décider d'écourter ses vacances. Une honte.
Pourtant, la puissance de l'ouragan était connue, prévue. Même rétrogradée à un degré de niveau 2 à son arrivée sur les côtes étasuniennes, Katrina avait été bel et bien été annoncée en catégorie de niveau 5 les jours précédents, c'est à dire au sommet de l'échelle de puissance destructrice de ce type de phénomène. Les dévastations étaient donc prévisibles, attendues même. De nombreux spécialistes avaient encore prévenu du danger qui menaçait La Nouvelle-Orléans bâtie sous le niveau de la mer. Mais les crédits réclamés depuis des années pour renforcer les digues auront été affectés à l'Irak, où l'occupation du pays coûte 5,6 milliards de dollars par mois aux contribuables américains. Au final, malgré de multiples avertissements, la Maison-Blanche n'a rien fait, ou si peu.
Washington avait certes invité ceux qui en avaient les moyens à partir, ouvrant des centres de réfugiés du bout des doigts, mais sans prendre un instant la mesure de l'événement. En l'absence d'une évacuation digne de ce nom, qui seule pouvait faire prendre conscience de l'ampleur du danger,  nombreux sont ceux qui ont sous-estimé à leur tour Katrina. Quant aux plus pauvres, on ne voit pas ce qui aurait pu les décider à quitter le peu qu'ils avaient.
Après la surprise et l'horreur, l'Amérique risque bien de se réveiller de ce cauchemar en colère. Et après avoir ruiné le crédit et l'image des Etats-Unis aux yeux du monde en lançant une guerre en Irak  illégale sous des prétextes mensongers, c'est le crédit et l'image de l'Amérique aux yeux de ses propres citoyens cette fois que l'Administration Bush a ruiné par son incompétence. Qui sait ce que ce double constat va engendrer.
katrina, c'est aussi le sanglant symptôme de tout un système en crise. Depuis quelques années, on ne compte plus les signes de perturbations du climat (fonte des calottes glacières, augmentation du nombre de cyclones et de leur forces, multiplication des catastrophes naturelles en tous genres, des inondations aux canicules) et les scientifiques s'accordent désormais sur la réalité de ce que l'on appelle le réchauffement climatique. Et pourtant rien n'est fait, ou si peu.
C'est que le système capitaliste tel que nous le vivons, dont le néolibéralisme n'est que l'expression la plus aliénée, se fonde sur le mythe d'une possible expansion infinie du bonheur consumériste, promettant ni plus ni moins à chaque être humain qu'il aura son téléphone cellulaire, son home cinéma et sa collection de DVD. Pourtant, si les 6 milliards d'habitants de notre planète voulaient prétendre au niveau de vie des Français, les ressources de deux planètes Terre seraient nécessaires. Et ce sont cinq planètes qu'il faudrait pour garantir l'Americain way of life à chacun. 
Pour l'instant, l'Occident réussit à maintenir son niveau de vie en pillant le Sud, détenteur des ressources, et en privant ses habitants de téléphone cellulaire et de home cinéma. Mais l'on voit clairement les limites du système. Et pourtant rien n'est fait, ou si peu.
Renvoyée par lâcheté et/ou démission du politique à une simple chambre de défense et de promulgation des lois du marché, la démocratie-libérale à l'occidentale (modèle universel autoproclamé bien que de plus en plus perçu comme une autre forme de colonisation) précipite ainsi la ruine de notre écosystème. La pollution générée par l'activité humaine (Le modèle étasunien est frappant avec 3% de la population mondiale et 25% des émissions de gaz à effet de serre) bouleverse le climat à grands pas
(1)  et, à l'abri des laboratoires de multinationales toutes puissantes, une certaine recherche scientifique veille à la propagation d'OGM (2) qui permettent à leur créateur-spéculateur une scandaleuse privatisation de la Vie, et auront pour effets de détruire la biodiversité de notre Terre.
Aujourd'hui, ce système est ivre de lui-même, incapable de se remettre en cause puisqu'une telle prise de conscience supposerait en quelque-sorte sa disparition, et la soumission des politiques qui lui permet de perdurer pose désormais à l'Humanité un problème de survie de l'espèce.
1. Les modifications du climat en cours n'empêchent pas certains scientifiques, dans le cas présent sous autorité militaire, de faire mumuse avec des machineries capables d'influer sur le climat justement (>>Lire les inquiétudes de l'UE à ce sujet).
2. Dans une interview publiée récemment, Gilles-Eric Séralini, chercheur en biologie moléculaire à l'Université de Caen, dénoncait les dérives des multinationales dans le domaine des organismes génétiquement modifiés, qui mettent la santé mondiale en danger. Extraits: «Pendant trois mois, des tests ont été effectués sur des rats de laboratoire nourris avec des OGM en voie de commercialisation en Europe. Il a été constaté des effets sur leur santé: des lésions rénales, une augmentation du taux de sucre sanguin, des anomalies dans les taux de globules rouges et blancs. Les multinationales, qui ont elles-mêmes mené ces tests, jugent ces effets sur la santé « sans gravité » et les négligent complètement. C'est évidemment un scandale énorme, mais des intérêts économiques fabuleux sont en jeu.» (...) «99% des plantes génétiquement modifiées commercialisées absorbent des désherbants sans mourir ou produisent des insecticides. Or on sait que ces produits ont des effets sur la santé à terme: ils provoquent des cancers, des diabètes et ont des effets de perturbateurs hormonaux.»
De plus, une étude officielle présentée au Royaume-Uni lundi 5 septembre a mis en évidence la transmission d'un gène modifié de colza à des mauvaises herbes, suscitant l'inquiétude du groupe Les Amis de la Terre. Le gène a été retrouvé dans l'ADN d'un plant d'une espèce courante de mauvaise herbe, la moutarde sauvage (Sinapis arvensis). Le plant de moutarde, poussé un an après le colza sur la même parcelle, était devenu résistant aux herbicides. Selon Les Amis de la Terre, la transmission de gènes résistants aux plantes sauvages pourrait contraindre les agriculteurs à utiliser des doses plus fortes d'herbicide, avec des conséquences néfastes pour les milieux naturels.