La chute

09/08/2011 Nous l’avons souvent répété, seule la puissance du Système retournée contre lui peut venir à bout du Système. Or c’est bien l’aiguillon d’un des instruments fétiches du Système, l’agence de notation Standard & Poor’s, qui vient de faire éclater la bulle de déni généralisé entourant la banqueroute de l’économie américaine. L’été 2011 est à cet égard le témoin d’une accélération inouïe dans le processus d’autodestruction de la puissance américaine et, partant, du Système américano-occidentaliste qui nous emprisonne tous.
Glamour-Obama a beau professer encore, en plein naufrage, que les Etats-Unis «restent un pays AAA», il ressemble de plus en plus au Capitaine du Titanic annonçant une «brève halte pour charger de la glace» alors que le vaisseau venait de s’empaler sur son iceberg. Si la consternation et la gêne devant tant d’idiotie ne l’emportait pas, on en rirait presque d’un tonitruant «ha ha ha» cette fois, pour rester dans l’onomatopée burlesque.

Washington en guerre
Mais passons l’anecdote pour en venir à l’essentiel qui est la confirmation que oui, définitivement, les Etats-Unis ont entamé la phase finale de leur effondrement dans un désordre généralisé de tous leurs mécanismes, y compris de sauvetage. Ainsi, la dégradation de la note US aurait logiquement dû provoquer l’union sacrée entre les deux grands blocs washingtoniens en guerre aujourd’hui. Or c’est le contraire qui survient avec davantage de dissensions, de désordre, de crispations, démontrant s’il en était besoin que le mécanisme d’autodestruction de cette construction utilitaire nommée Etats-Unis impose désormais sa dynamique propre, son calendrier, son compte-à-rebours dramatique vers l’inéluctable.
Bien sûr, les éditorialistes agréés de la presse-Pravda résistent encore de toutes leurs forces à l’évidence. Certains s’en prennent par exemple aux agences de notations qu’ils encensaient hier, d’autres en appellent une énième fois à réformer le Système, ce qui est une autre manière de réclamer sa pérennité. Tout cela sans malignité, mais simplement parce que leur psychologie, totalement formatée par la narrative du Système et le poison de son American Dream, les rend tout simplement incapables d’embrasser le réel, c'est-à-dire l’évidence de la chute.

La seule issue
Tout cela n’est que de la bouillie pour les chats bien sûr, y compris d’ailleurs la notation de Standard & Poor's
qui n’est qu’un avatar de plus dans une « chaîne crisique » qui atteste depuis des mois, voire des années, de l’Irak à l’Afghanistan en passant les subprime et les statistiques bidouillées de l’emploi US, de l’effondrement de la puissance américaine.
Pour l’heure, les bourses résistent, nous dit-on, limitent même leur pertes, ne cèdent pas à la panique. En clair, l’encéphalogramme du Système américaniste bouge encore, alors même que le Système agonise. Fort bien, nous devrions donc être rassurés. Mais rassurés de quoi au juste ? De pouvoir éventuellement continuer comme avant ?
En vérité, l’effondrement de la puissance US, et la fin du poison de l’American dream, est la seule issue qu’il nous reste si nous voulons avoir la possibilité de rebâtir un modèle de société viable et porteur d’avenir pour nos enfants.
Le roi est nu, le roi est mourant.
Patience.