Le Charlie’s Sytem Magic Tour
12/01/2015 Or donc, nous voici à nouveau contraint de jouer les esprits
chagrins ; de ne pas célébrer la vertueuse communion cosmique des âmes
dans la foulée du massacre survenu dans la rédaction de CharlieHebdo.
Sauf que voilà, on y est pas arrivé. Pourtant, le massacre nous avais
nous aussi horrifié. Certains de nos amis, que nous respectons et même
admirons, ont immédiatement revêtu le sublime uniforme. Mais rien y a
fait. On y est pas arrivé. Evidemment, défiler derrière Netanyahu et le
tueur en chef de l’OTAN… mais on pouvait quand même faire la part des
choses, non? Mais non, rien n’y a fait. C’est que la séquence prise dans
son ensemble puait finalement un peu trop. A moins que…
Séquence donc
Acte 1
Les USA
démembrent l’Irak, tue au passage un million de civils, torture à tours
de bras et, ce faisant, crée de toute pièce une première armée de
djihadistes professionnels (pour
faire court, on vous épargne ici la séquence afghane antérieure, avec
création d’al-Qaïda, ou le soutient occidental aux islamistes lorsqu’il
s’agissait de dégommer les régimes nationalistes au Moyen-Orient).
Acte 2
A
l’initiative de la France, l’OTAN détruit la Libye, tue au passage
quelques dizaines de milliers de civils, renvoie le pays à l’âge de
pierre et, faute de SAV, livre le pays et son arsenal militaire aux
groupes djihadistes locaux. Des tonnes d’armements arrivent ainsi sur le
marché salafiste.
Acte 3
Dans leur tentative désespérée de freiner leur effondrement en
pourrissant la vie de la Russie et de l’Iran notamment, les
«Amis de la Syrie», USA et
France en tête, lancent une OPA sur la révolution syrienne et offrent
une caution politique, des armes et des océans de pétrodollars à tous
les coupe-jarrets d’al-Nosra-Qaïda et affiliés bref, assurent le gîte,
le couvert et la vertu à tous les Kouachi du monde pour qu’ils s’en
aillent dégommer Bachar. Ils massacreront surtout des dizaines de
milliers de civils syriens, sans doute pour se faire la main, mais
qu’importe, ils sont contre Bachar, comme nous. Et puis comme le disait
Fabius, «sur le terrain, Al-Nosra
fait du bon boulot».
Acte 4
Les anciens
d’Irak et les nouveaux de Syrie, armés et gonflés à bloc grâce aux
pétrodollars et au parapluie politique occidental, opèrent leur jonction
et exhume le Califat. Daech est né, et commence à mordre honteusement la
main qui l’a nourri. Stupeur dans les merdias-Système.
Acte 5
L’Occident
découvre le problème du tourisme djihadiste et commence à craindre le
retour de manivelle. On prétend alors trier le bon grain de l’ivraie en
assurant qu’on ne soutient et livre des armes qu’aux gentils djihadistes
(humour?). Et le cirque continue.
Acte
6
Nous voici
donc arrivé à la tuerie de CharlieHebdo, inévitable et prévisible.
Attendue ?
Et toute la pègre qui a créé des armées de Kouachi pour servir ses
desseins de mobiliser tout à coup le monde entier pour un merveilleux
Charlie’s System Magic Tour.
D’Obama (par procuration) à
Netanyahu en passant par Hollande, Valls et le tueur en chef de l’OTAN,
tous pensent alors retrouver soudain leur pucelage, effacer leur ardoise
et se voient déjà en train de rédiger en commun le
Patriot Act planétaire qui
leur permettra de faire durer encore leur vertueux Système.
A moins que…
A moins que Charlie ne se réveille.
Et qu’il comprenne que tous les Kouachi du monde ne sont qu’une
extension de cette pègre ; une extension infiniment utile au Système
pour lui permettre de perdurer dans son être, et dans son infamie.
Post Scriptum
Ah oui, j’oubliais, on nous a assuré que Charlie ne défilait pas pour
soutenir le travail de l’hebdomadaire
– travail que nous estimons pour
notre part ordurier, gratuitement injurieux et incendiaire,
islamophobe et finalement très politiquement correct–, mais pour
défendre la sacro-sainte liberté d’expression.
Certes.
Mais alors pourquoi avant d’être Charlie, Charlie a applaudit entre
autres à l’interdiction des spectacles de Dieudonné ?
Pourquoi il a appelé entre autres à brûler Zemmour ?
Là encore, Charlie doit se réveiller, la liberté d’expression ne peut
être «à la carte».