Une stratégie guerrière planifiée de longue date
Pièces à conviction
(1992-2002)
>> le REmodelage à coups de flingue du moyen-orient: Pat Buchanan /// Boston Globe // / >>3
2002
Nouvelle stratégie officielle:
guerres préventives et libéralisme sauvage
20/09/2002 W. Bush a annoncé vendredi une évolution de la
doctrine militaire américaine qui passera de la dissuasion,
caractéristique de la Guerre froide, aux actions «préventives» contre des
terroristes cherchant à se procurer des armes de destruction massive. «Les
Etats-Unis ne peuvent plus compter seulement sur une posture réactive
comme nous l'avons fait dans le passé», écrit Jr. dans un rapport
officiel intitulé «The National Security Strategy of the United States
of America» (>>
1: le document original anglais en pdf. ///
>>2: sa traduction française ///
>>3: sa présentation française par la Maison-Blanche). «Nous
devons être prêts à arrêter les Etats voyous et leurs associés terroristes
avant qu'ils ne soient capables de menacer ou d'utiliser des armes de
destruction massive contre les Etats-Unis, leurs alliés et leurs amis»,
affirme le rapport. «Nous ne pouvons pas laisser nos ennemis frapper
les premiers.» Bush ajoute ensuite que «les Etats-Unis chercheront
constamment à s'assurer le soutien de la communauté internationale, mais
nous n'hésiterons pas à agir seul, si nécessaire, pour exercer notre droit
à l'autodéfense en agissant préventivement contre de tels terroristes.»
Le document de 33 pages équivaut à une déclaration officielle de la mort
de la doctrine de la Guerre froide, basée sur la dissuasion nucléaire. Il
s'agit du premier rapport de ce genre rédigé par l'administration de W.
Bush depuis son entrée en fonction, en janvier 2001. «Nos forces seront
assez fortes pour dissuader tous les adversaires potentiels de s'engager
dans une course aux armements dans l'espoir de surpasser ou égaler la
puissance des Etats-Unis», souligne le texte. Celui-ci comprend
également des chapitres sur la nécessité de promouvoir une politique
économique libérale à l'échelon international et le libre-échange, ainsi
que sur le rôle des Etats-Unis pour défendre la liberté d'expression et
les droits de l'Homme (sic).
«Préemption» et non «prévention» Il faut bien s'attacher aux
termes, souligne de defensa: le stratégie de Bush est bien la «préemption»
et non la «prévention» ; la préemption implique un droit tandis que la
prévention implique une action plus naturelle: «Ensemble de mesures
préventives contre certains risques ». (...) Le mot préemption vient
du vocabulaire du commerce de l'art et il est accompagné, pour être
complet, du mot «droit»: le «droit de préemption» indique que vous
disposer d'une priorité légale d'achat avant tout autre; la stratégie
«préemptive» implique donc que l'Amérique fait le droit dans sa stratégie
de frappe à volonté et selon son seul jugement, par conséquent qu'en ces
matières stratégiques,
l'Amérique, désormais, EST le droit.
2001 - Avril Un rapport de l'Institut James Baker, sur les défis de la politique énergétique pour le 21e siècle, notait que l'Irak était un danger pour la stabilité des marchés pétroliers et préconisait, dans ses conclusions, une révision de la politique étasunienne, vis-à-vis de l'Irak, incluant les options militaires.
2000
Rebuilding America's Defences: Strategies, Forces And Resources For A
New Century
(brève du 16/09/2002)
Le
Sunday Herald affirme qu'un document secret, pour la création
d'une «global Pax Americana», prouve que le président Bush et son cabinet
planifiaient déjà une attaque de l'Irak avant l'investiture de Jr. Le
document a été rédigé, en septembre 2000, par le
Project for a New American Century (PNAC), un think-tank
néoconservateur fondé par Dick Cheney
(vice- president), Donald Rumsfeld (secrétaire à la Défense), Paul
Wolfowitz (adjoint de Rumsfeld), mais aussi le frère du George W.
Bush, Jeb, et Lewis Libby (le chef d'équipe de Cheney).
Le document, intitulé Rebuilding America's Defences: Strategies, Forces
And Resources For A New Century (document
pdf 870ko), jette les bases de la
politique américaine actuelle: besoin d'une augmentation drastique des
dépenses militaires, dénonciation du traité ABM de 1972 sur la
non-prolifération des missiles, besoin d'un bouclier antimissile. L'Irak,
l'Iran et la Corée du Nord y sont fustigés : «On ne peut pas permettre à
la Corée du Nord, à l'Iran, l'Irak (...) de menacer le leadership
américain ou le sol américains»...
1999
- The smoking guns 16/03/2003 Où l'on apprend qu'après les documents datés de 1992 et 2000, dans lesquels l'actuel équipe en place à la Maison-Blanche préconisait déjà les interventions militaires en cours en Irak et en Afghanistan, lesdites guerres figuraient également à l'agenda des stratèges de l'ère Clinton dans un document daté de 1999 et bâptisé Strategic Assesment.
1998
Le 26 janvier 1998, le numéro deux du pentagone Paul Wolfowitz,
avec huit autres personnes, dont Donald Rumsfeld, actuel Secrétaire à la
Défense, ont adressé une lettre à Bill Clinton dans laquelle tous
demandaient que Saddam Hussein soit chassé du pouvoir.
L'Asie Centrale, une région où l'Amérique doit intervenir massivement, préconisait, en 1998, l'ancien conseiller à la Maison-Blanche Zbigniew Brzezinski. «Jamais, en effet, un pays n'a à ce point dominé le reste de la planète. Depuis la chute de l'empire soviétique, les Etats-Unis détiennent la suprématie dans les quatre domaines clés : le militaire, l'économie, la technologie et même la culture. Rendez-vous compte : principale puissance nucléaire, l'Amérique contrôle tous les océans et entretient des «légions» en Asie comme en Europe et dans le golfe Persique ; l'économie américaine est le principal moteur de la croissance mondiale, et son avance dans les technologies de l'information est considérable ; enfin, la culture made in USA ses films, ses programmes de télévision bénéficie, quoi qu'on en pense, d'un pouvoir d'attraction incomparable.» (...) «Je pense même que cet ensemble devrait être la zone prioritaire de la politique géostratégique américaine, et cela pour deux raisons intimement liées : d'une part, cette région recèle de gigantesques gisements de gaz et de pétrole, et la consommation mondiale d'énergie croît de manière exponentielle ; d'autre part, ces « Balkans eurasiens » peuvent devenir une source de grande instabilité voire de chaos, si les puissances régionales (la Russie mais aussi l'Iran, la Turquie et la Russie) s'affrontent pour son contrôle. Pour atténuer ces conflits et empêcher que l'un de ces pays ne prenne le leadership de la région, les Etats-Unis doivent intervenir massivement.»
1997 Confirmation du DPG de 1992.
1985-1991
L'iraqgate On se souviendra de l'Iraqgate, classé sans suite
bien sûr pour tout notre petit monde politique étasunien, qui vit des
rivières de dollars couler vers l'Irak de Saddam Hussein, dont 900
millions directement garantis par le gouvernement US. On sait les
pressions qu'exerça James Baker à l'époque pour permettre cette
opération. Kissinger soit
même
ayant fait l’objet d’une enquête du Congrès pour le financement de 4 à
5 milliards milliards de dollars qu’aurait reçu Saddam Hussein, notamment
via le bureau d’Atlanta de la
Banca Nazionale del Lavoro (BNL) italienne. Lire ce
dossier impressionnant sur le sujet ///
et un résumé d'Information
clearing house.
1992-1994
Defense Policy Guidance (DPG)
(brèves du 10/09/2002)
L'Asia
Times développe l'hypothèse selon laquelle la politique américaine
actuelle est moins une guerre contre le terrorisme, que l'application d'un
schéma d'hégémonie mondiale développé pour la première fois en 1992 dans
un document confidentiel du pentagone intitulé: Defense Policy Guidance
1992-1994 (DPG). Il s'agissait alors d'accorder la priorité stratégique à
la suprématie militaire absolue des États-Unis, dans le but de consolider
et de prolonger autant que possible le «moment unipolaire» inauguré par
l'écroulement de l'URSS. Le scénario de 1992 prévoyait le maintien des
forces armées dans un état de préparation apte à conduire simultanément
deux guerres régionales majeures, l'affaiblissement de l'URSS éliminant la
menace d'une guerre mondiale menée sur tous les théâtres à la fois. Ce
scénario fut repris dans la révision de 1993 et confirmé en1997. Les deux
ennemis potentiels désignés officiellement comme cibles des deux guerres
étaient l'Irak et la Corée du Nord. A noter que le document en question
avait été concocté, au sein de l'administration Bush père, par trois
personnages à nouveau aux commandes dans l'administration Bush fils: Dick
Cheney, Colin
Powell et le secrétaire adjoint à la défense, Paul Wolfowitz.
>>Lire aussi les articles du
CIRPES
et du
Monde Diplomatique.