La chute du tyran d'égypte signifie aussi l'émancipation du pays de la tutelle US-räélienne
16/02/2011
Comme nous l’avons déjà relevé: le renversement des tyrans arabes à la solde de
l’Occident s’inscrit aussi dans le grand mouvement de
déclin accéléré du Système
occidentalo-américaniste dont ils n’étaient que les pro-consuls. Résultats
prévisibles : l’influence occidentale va largement
refluer dans la région.
En Egypte par exemple, l’armée est désormais sur la corde raide. Loin d’être la
construction monolithique fantasmée par la presse-Pravda, elle est au contraire
traversée par de profondes et dangereuses lignes de fractures idéologiques. Pour
assurer sa cohésion, elle va donc devoir composer avec ces tendances, et jouer
la carte d’un certain nationalisme qui la contraindra nécessairement à une
rupture plus ou moins marquée avec la politique de soumission à l’hégémonie
américaine inaugurée par Sadate, et amplifiée par Moubarak.
De l’Etat-Nation de Nasser
à l’Etat-parasite de Moubarak
Il faut se souvenir que l’armée égyptienne a d’abord été une armée fortement
marquée par le nationalisme, l’anticolonialisme et le panarabisme de l’épopée
nassérienne.
Ensuite, sous Sadate, elle a connu sa première ligne de fracture dans le
rapprochement opéré avec l’Ouest et le traité de paix avec Israël, orientation
stratégique qui visait à faire de l’Egypte cette zone de stabilité dont chacun
se félicitait encore en Occident à la veille de la révolution.
Héritier du Système, Moubarak aura exploité le filon jusqu’à la nausée,
prostituant littéralement son pays pour le compte des intérêts occidentaux et
même israéliens ;
érigeant la corruption en système économique et plongeant du même coup
son peuple dans la misère. Tout cela, bien sûr, avec la bénédiction de nos
élites occidentales toujours fières de saluer le «modèle de stabilité égyptien».
Mais à force de bafouer l’honneur et la dignité des Egyptiens, Moubarak a aussi
redonné du cœur au ventre au courant nationaliste, néo-nassérien pourrait-on
dire, au sein de l’armée.
Tout au long des événements, la hiérarchie militaire a ainsi vécu dans la
crainte de l’éclatement. A titre d’exemple, on a pu constater que lorsque les
manifestants ont été attaqués par les voyous de Moubarak, l’armée a envoyé de
vieux chars soviétiques pour les protéger alors que, dans le même temps, un
matériel moderne, servi par des troupes d’élites, était déployé dans les zones
stratégiques comme l’aéroport ou les ministères.
La pression révolutionnaire
Aujourd’hui au pouvoir pour gérer la transition, l’armée va devoir réduire la
fracture pour asseoir son autorité et garantir son «retour aux affaires», même
après la transmission des clés du pays à un pouvoir civil.
Sur la place Tahrir, après la chute du tyran, la clameur des manifestants
proclamait en effet la fierté retrouvée d’être Egyptien, un sentiment largement
partagé par la troupe. L’armée va donc devoir en tenir compte et la position qui
a été la sienne durant les 30 dernières années est devenue intenable.
Il y a donc fort à parier que sous la pression révolutionnaire et pour retrouver
une cohésion et une légitimité qui lui permette de peser à l’avenir, l’armée
égyptienne sera contrainte de jouer la carte d’un
nationalisme qui s’accommoderait mal d’une reconduite de sa soumission
aux intérêts US-raéliens.