Repères

Comprendre l'Irak

Sabra et Chatila
«Liquidez-les tous!
Effacez les camps!
»

«Catastrophe humanitaire»
dans les territoires

>>Le rapport
Ziegler

Paroles de sionistes Un florilège
édifiant
qui se passe de commentaire

Les armes
de destruction massive israéliennes
La résolution 687 parle de l'objectif d'un Moyen-Orient «sans armes nucléaires (...) chimiques ou biologiques». MSNBC nous donne un aperçu de l'ampleur du travail de désarmement pour Israël. Une évaluation du Bulletin of atomic scientists parle de 200 ogives nucléaires pour l'Etat hébreu. Estimation similaire du FAS.

Résolutions
de l'ONU

Soutien
des intégristes américains
à Sharon: une vision apocalyptique!

Ils sont 40 millions d'américains issus du courant évangélique à soutenir sans réserve la politique du gouvernement Sharon. Le ministre de la Justice, John Ashcroft, ou Tom Delay, chef de la majorité républicaine au Sénat, font partie de ces ultras qui vivent leur foi dans une perspective apocalyptique.

L'ombre du pire
Intéressante relecture d'un article de Oded Yinon, journaliste et ancien fonctionnaire israélien des Affaires étrangères sur la stratégie
pour Israël dans les années 1980. Une stratégie du pire exhumée par le gouvernement Sharon.

La stratégie Sharon Interview de Saïda Bédar, chercheuse à l'École des hautes études en sciences sociales de Paris. (Entretien du 17 mars 2002)

Chronologie
de la seconde Intifada

Jénine

Colonisation
et opérations militaires
de Tsahal sous Sharon
(format jpeg 180ko)

«Le courage
de dire non!»

Plus de 480 officiers
et soldats de Tsahal
refusent de servir
dans les territoires.

 Etude sensible censurée Dans The Guardian du 25 novembre 2001 (repérage tardif...), une curieuse histoire de censure au sujet d'un article traitant d'une étude scientifique tendant à démontrer qu'au Proche-Orient, Juifs et Palestiniens sont pour ainsi dire un même peuple. (L'étude en question peut être consultée à cette adresse, au format pdf (840ko).

 

Liban

>>Hypothèses de guerre au Liban

>> Comprendre le Liban

>> Des enfants israéliens parlent aux enfants libanais
>> A tribute to Lebanon


toutes les vérités sont bonnes à dire Le 31 juillet 2006, le forum internet du Nouvel Obs consacré au Proche-Orient était animé par Paul Blanc, ambassadeur de France au Liban entre 1986 et 1988.
Voici quelques échanges arbitrairement sélectionnés avec des internautes:
- Israël ne devrait-elle pas être jugée au tribunal pénal international en regard de ses agissements vis à vis des peuples Palestiniens et Libanais?
- Il faut reconnaître que détruire un pays avec la volonté apparente de le faire disparaître de l’économie régionale, écraser sous les bombes des centaines de civils n’ayant aucun rapport avec la guerre, se comporter comme si la défense de la sécurité des citoyens passait avant la survie des peuples de la région ne fait pas honneur aux hommes qui ont perpétré ces actions, qu’ils soient les dirigeants ou les éxécutants. Sans doute, Isrëel n’a pas compris que la domination militaire totale sur la région du Proche-Orient qu’elle a acquise lui donnait un devoir de maîtrise de soi et de respect des obligations humanitaires, plutôt que de rendre encore plus difficile une négociation politique par une répression brutale, aveugle et inconsidérée.
- Pourquoi israël se permet en toute impunité le terrorisme d’Etat sous prétexte de sa sécurité... pour les autres, revendiquer des droits à un Etat, c’est du terrorisme!!!!
- Vous posez là la question majeure que devraient se poser les dirigeants d’Israël. Je résume très vite : Israël est né menacé d’être jeté à la mer et a tenu bon, après sa victoire de 1967. Il a pendant 24h en 1973 pu croire qu’il serait détruit par les attaques de ses voisins. Il a gagné et peu à peu est devenu de très loin la principale force du Proche-Orient. Toujours obsédé par sa défense et sa survie alors que personne n’était en mesure de l’ébranler il aurait dû changer d’attitude et, comme tous les plus forts, garder son sang froid. Au contraire il vient de donner la démonstration qu’il se croit toujours autorisé à tout faire même à tuer des enfants et des femmes ou à détruire un pays voisin pour assurer sa protection. Le meilleur service que peuvent lui rendre ses amis c’est de l’inviter à une conversion: quand on est le plus fort on se maîtrise et on respecte les principes humanitaires.
- La mansuétude et pour tout dire la lâcheté des pays occidentaux envers Israël est sans limites. Certes les pays européens portent encore la croix de la Shoah. Mais en raison de ce passé on accepte d’Israël à peu près tout y compris les actes barbares perpétrés aujourd’hui contre tout un peuple. Quand comprendra-t-on que dénoncer les crimes d’Israel ce n’est pas être antisémite!
- Il est exact que le comportement des descendants des victimes du plus grand crime raçiste de l’histoire seront jugés plus sévérement encore que d’autres quand ils commettent de sang froid les pires brutalités car ils insultent indirectement à la mémoire de leurs parents.

Palestine
L'Etat hébreu, qui s'étend aujourd'hui sur les 4/5e de la patrie historique des Palestiniens, occupe illégalement les Territoires depuis 39 ans si l'on se base sur la première résolution 242 qui, le 22 novembre 1967, réclamait déjà le retrait d'Israël des territoires occupés durant le récent conflit (>>voir aussi les principales résolutions). 39 ans durant lesquels les Palestiniens ont été spoliés, torturés (Israël n'a renoncé officiellement à la torture qu'en 1999), déportés ou tirés comme à la foire  ( >>1  ///  >>2  /// >>3  ///  >>4), le tout sous l'œil bienveillant du grand frère étasunien qui, entre 1972 et 2003, aura utilisé 38 fois son droit de veto à l'ONU pour empêcher l'adoption de textes condamnant ou contraignant Israël (>>2). Dans le même laps de temps, (1968-2003), Israël n'a, quant à elle, pas respecté 32 résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU (sans parler des résolutions de l'Assemblée générale), sans encourir autre-chose que des blâmes.

Proche-Orient

«Massacrer des civils innocents revient à violer le droit international
et à compromettre la légitimité de la cause que l'on prétend défendre.
» 
Kofi Annan, Genève, vendredi 12 mai 2002, à l'adresse d'Israël.


LIBAN:
11/04/2007 Pour compléter son dossier sur le Liban et à l'heure où la crise politique au Pays du Cèdre est dans l'impasse, principalement parce que les gouvernements occidentaux s'acharnent à pratiquer la respiration artificielle sur le cadavre politique que constitue le gouvernement Siniora, Entrefilets vous propose une interview exclusive du député du Hezbollah Hussein Hajj Hassan. Lequel ne mâche évidemment pas ses mots pour nous dire à quel point la scène politique libanaise est instrumentalisée par les Etats-Unis qui créent ou alimentent les crises, partout où ils le peuvent, en cherchant à créer ce fameux "chaos constructif" censée faire naître ce non moins fameux "Nouveau Moyen-Orient".
- notre dossier sur le Liban (enrichi le 20 mars) où l'on apprend que:
oui, la guerre de juillet 2006 déclenchée par Israël avait bel et bien été commanditée par les Américains qui espéraient que l'exode massif des chiites libanais vers Beyrouth allait provoquer une guerre civile. Objectif: plonger le Pays du Cèdre dans un nouveau chaos qui aurait notamment servi, le moment venu, de porte d'entrée locale dans la guerre régionale (texte enrichi le 20 mars) rêvée alors par les néocons contre l'Iran et la Syrie. Une thèse notamment soutenue par un député franco-libanais du Courant Patriotique Libre, Nabil Nicolas, qui fait aussi le point sur la situation politique intérieure libanaise et la complète soumission de l'actuel gouvernement au diktat des Américains. Un gouvernement qui se livre par ailleurs, à coup de millions, à une propagande hystérique avec la création d'un véritable culte autour de la personne pourtant controversée de Rafik Hariri, assassiné en 2005 dans des conditions plutôt obscures...
- où l'on apprend aussi,
dans une longue interview du général Michel Aoun, chef du Courant Patriotique Libre, que c'est précisément son entente avec le Hezbollah qui bloque les plans américano-israéliens de déclenchement d'une guerre civile au Liban. Le principal leader de l'opposition s'étonne aussi de constater que sur les 16 attentats commis au Liban ces dernières années, aucun n'a été élucidé, ce qui soulève de délicates questions sur leurs réels commanditaires.
- où l'on apprend enfin que
le chef de la milice chrétienne des Forces Libanaises, Samir Geagea, condamné 3 fois à la prison à vie pour assassinats et finalement grâcié (!!!), est l'objet des pires soupçons, considéré qu'il est par beaucoup comme un agent déstabilisateur à la solde des Etats-Unis et d'Israël.
Enfin, il est intéressant de revenir sur un discours prononcé par le  leader du Hezbollah, Cheikh Hassan Nasrallah, en décembre dernier, et dans lequel il donne sa version des faits (largement interdite de séjour dans la presse occidentale) sur les tentatives de déstabilisation du Liban et la guerre d'agression israélienne de juillet 2006.

- L'attaque du Liban comme répétition générale (ratée) de l'attaque de l'Iran 18/08/2006 La conviction du journaliste américain de renom Seymour Hersh (>>2) est que l'attaque du Hezbollah par Israël devait notamment être une sorte de répétition générale de l'attaque étasunienne en préparation contre l'Iran. Les américano-israéliens ne percevant, dans leur logique manichéenne, le Hezbollah que comme une simple extension des forces armées iraniennes avec les mêmes techniques de combat, le même type de bunkers qu'il faut s'attendre à trouver en Iran etc... Les stratèges du pilonnage aveugle et criminel du Liban, façon "choc et effroi" en Irak, pensaient aussi que plus il y aurait de destructions et de morts, plus il y aurait de déplacés, plus l’opinion public libanaise se retournerait contre le Hezbollah. Un modèle idéal qui, appliqué ensuite à l'Iran, devait sans doute permettre un éventuel renversement de régime de l'intérieur. De defensa.org  estime qu'avec cette lecture des événements, Hersh apporte "une contribution essentielle à l’éclairage et à la compréhension évidente de la signification du conflit. Israël ayant agi comme un “proxy” et Washington ayant manipulé l’action de ce pays contre le Hezbollah, tout cela dans le but de préparer une attaque contre l’Iran". Et même si l'opération israélienne s'est soldée par l'échec total que l'on sait -- avec un Hezbollah qui ressort renforcé et plus soutenu que jamais de la confrontation --, "ce n’est en rien un argument valable pour les esprits échauffés qui tiennent le haut du pavé à Washington", assène de defensa. Et de citer aussi les sombres pronostics d'un Patrick J. Buchanan persuadé que l'équipe Bush poussera sa logique destructrice à son terme: «With our War Party discredited by the failed policies it cheered on in Lebanon and Iraq, there will come a clamor that Bush must “go to the source” of all our difficulty – Iran.»
Le fiasco étasunien au Moyen-Orient est pourtant si énorme, si fabuleux, si abyssal avec un Irak en pleine guerre civile, un Afghanistan ravagé, un Liban désormais dévasté, que l'on cherche à se persuader que, tout de même, les Etats-Unis ne peuvent plus se permettre de s'enfoncer encore, de rompre les dernières amarres qui les lient encore à la "civilisation", considérés qu'ils sont désormais par tous, enfin tous les peuples s'entend, comme le principal fauteur de guerre de la planète. Mais c'est oublier que le déni de réalité est devenu la règle à Washington où les neocons rêvent toujours de leur moment, de la grande conflagration finale qui les remettra sur pied, qui leur donnera enfin raison. Car la psychologie américaniste impose à ses acteurs la fuite en avant comme seul moyen de justifier ce qui a été fait auparavant, sans se remettre en question ni admettre ses erreurs, à plus forte raison ses crimesAvec des conservateurs en passe de perdre leur double majorité en novembre, et qui n'ont pour tout programme que leur pseudo-guerre contre le terrorisme, nous vivons donc à l'évidence des temps où tout devient possible, surtout le pire. Conscient de la menace qui se précise, l’Iran a d'ailleurs décidé de débuter samedi une série de grandes
manœuvres militaires dans tout le pays, censées se poursuivre "pour une durée non-précisée".
L'espoir d'éviter ce pire existe toutefois, tant l'échec de la politique moyen-orientale du cabinet Bush est manifeste
. Jeudi, une vingtaine d’anciens diplomates et militaires étasuniens ont ainsi appelé, dans une lettre ouverte, Doobleyou à entamer immédiatement des négociations avec l’Iran. Une lettre qui vient s’ajouter au concert de critiques d’anciens responsables gouvernementaux, aussi bien républicains que démocrates, sur la stratégie désastreuse de l’administration Bush au Moyen-Orient. Ancien ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, Richard Holbrooke a déclaré que "les seuls bénéficiaires de ce chaos sont l’Iran, le Hezbollah, Al-Qaïda et le leader chiite irakien Moqtada Sadr." Et d'ajouter: "Cette combinaison d’éléments inflammables pose la plus grande menace pour la stabilité mondiale depuis la crise des missiles à Cuba en 1962".
Jusqu'à Londres,  on commence enfin à s'interroger...
Espoirs donc. 
No comment Extrait verbatim d'une interview entre un journaliste et un jeune porte-parole de l'armée israélienne, diffusée sur une chaîne satellite arabe après la mort de 12 soldats israéliens tués par le Hezbollah le 6 août, au 26e jour de l'attaque du Liban, et dont nous trouvons la trace sur un site égyptien.
- Le journaliste - Comment la mort de ces soldats va-t-elle affecter vos plans?
- Le porte-parole - Vous avez vu ce massacre de 12 Israéliens... Cela va...
- Vous dites massacre? Mais il s'agissait de soldats et c'est la guerre?
-
Non, c'était un massacre parce que les gens qui ont tiré ces missiles ne visaient pas des soldats. Ils visaient des civils israéliens mais ont tué des soldats par accident.
- Mais vous avez aussi commis des massacres à Cana (où 38 civils ont été tués dont 11 enfants) et ailleurs...
- Non, il n'y a pas eu de massacre à Cana. Ce sont des combattants du Hezbollah qui étaient la cible du bombardement mais les civils ont été tués par accident.

- Un temps de tous les dangers 15/08/2006 Israël a donc perdu sa guerre contre le Hezbollah malgré les dévastations et les boucheries perpétrées un mois durant au Pays du Cèdre. Mais l'Etat-major israélien le sait-il? Et, si oui, va-t-il accepter de voir sa capacité dissuasive réduite à néant après sa défaite face à une simple milice? Quant aux commanditaires étasuniens de cette "proxy war", comment ont-ils lu les événements? Eux qui persistent à penser qu'ils ont gagné en Irak malgré le fiasco évident de leur aventure mésopotamienne, ne vont-ils pas finalement estimer, suivant le même raisonnement inversé, que l'opération israélienne est un début de succès et qu'il convient d'encourager l'Etat hébreu à pousser le fer plus loin dans la plaie, histoire de créer les conditions-cadre à une guerre contre l'Iran et la Syrie, la grande guerre finale toujours au programme des néocons (>>1 /// >>2); cela bien sûr après une réévaluation de la stratégie israélienne à l'abri du cessez-le-feu onusien? Autant de questions qui rendent très pessimistes certains observateurs sur la suite des événements, à commencer par Robert Fisk qui va jusqu'à affirmer que la "vraie guerre va commencer" maintenant.
Quant à Doobleyou, il semble toujours dangereusement obsédé par l'Iran et la Syrie qu'il accuse de tous les maux, Téhéran et Damas étant les deux derniers verrous que les néocons rêvent de faire sauter dans leur grand
projet de remodelage à coup de flingue du Moyen-Orient. Lundi soir, il s'est lancé dans une inquiétante diatribe contre l'Iran et la Syrie, affirmant que "le régime iranien fournit au Hezbollah de l’argent, des armes et entraîne les combattants de l’organisation. A quelques jours de l’échéance d’un ultimatum lancé par le Conseil de sécurité à la République islamique pour qu’elle renonce à l'enrichissement d'uranium, Doobleyou s'est empressé de clamer que "l’Iran a signifié clairement qu’il veut la destruction d’Israël. Nous ne pouvons qu’imaginer quels dangers bien plus grands ferait courir ce conflit si l’Iran avait l’arme nucléaire comme il en a la volonté". A l'adresse de Damas, il a déclaré que "la Syrie est un autre Etat à soutenir le Hezbollah. La Syrie permet aux armes iraniennes de traverser son territoire en direction du Liban. La Syrie permet aux dirigeants du Hezbollah d’opérer de Damas et apporte son soutien politique à la cause du Hezbollah."
Même si le pire n'est jamais garanti, rien se semble donc joué malgré le cessez-le-feu onusien. Il faut espérer que l'armée libanaise se déploie le plus vite possible au Sud et que le Hezbollah renonce à en découdre, et désarme, malgré les horreurs infligées par l'Etat hébreu au Pays des Cèdre. C'est le seul moyen de couper l'herbe sous le pied des fous de guerre israélo-étasuniens.

- Déçu par Israël, Washington vote la trêve 13/08/2006 Dans les trois Hypothèses de guerre que nous avions envisagées pour expliquer le conflit libanais, les deux dernières semblent se confirmer. A savoir une guerre limitée (proxy war) commanditée par Washington à l'Etat hébreu pour casser le Hezbollah au Liban Sud, et, au seul profit d'Israël, la destruction du Liban en tant que seul rival économique régional. Mais l'opération israélienne a abouti à un fiasco en ce qui concerne son premier objectif assigné par les Etats-Unis. Placé dans une position intenable par les tueries perpétrées sans progrès militaires par l'Etat hébreu au Pays du Cèdre, Washington a donc décidé de jeter l'éponge après avoir bloqué toute résolution à l'ONU durant plusieurs semaines pour laisser le temps à son allié de mener ses opérations. En acceptant de voter la résolution onusienne avec les amendements réclamés par le Liban et la France concernant le retrait des troupes israéliennes du Pays du Cèdre, Washington signifie a l'Etat hébreu que le temps qui lui était imparti est écoulé.
Du côté de l'Etat hébreu, c'est une cinglante défaite dont on mesure mal encore les conséquences. Car après le mythe de l'invincibilité de l'armée américaine qui s'est effondré en Irak, c'est le même mythe de l'invincibilité de l'armée israélienne qui vient de se briser sur la résistance d'une simple milice. Deux défaites semblables pour des raisons d'ailleurs identiques tant l'armée israélienne s'est "américanisée", incapable désormais de concevoir autrement ses campagnes qu'au travers un bouclier technologique et rejetant tout contact avec l'ennemi. Et lorsque Shimon Pérès ose affirmer que son pays émerge "vainqueur" de la guerre, tout en jugeant que le Hezbollah en sort, lui, "la queue basse", il nous dit surtout que, devant l'ampleur du désastre, le déni de réalité est la seule solution supportable. Israël a eu 150 tués, dont 41 civils.
Du côté des néocons étasuniens, on ne décolère pas contre la "timidité" d'Israël dans cette affaire puisqu'ils escomptaient pouvoir élargir le théâtre des opérations à l'Iran et à la Syrie dans l'avènement de leur grande guerre finale.
Du côté étasunien
, c'est le dernier ratage en date dans leur grand projet de remodelage à coup de flingue du Moyen-Orient. Par armée israélienne interposée, la destruction du Liban et l'échec des objectifs qu'ils s'y étaient fixés représentent en quelque-sorte un étage de plus à l'incroyable chaos provoqué dans le monde par la politique étasunienne depuis le 11 septembre.
Du côté du Liban, c'est bien évidemment le désastre. Depuis le 12 juillet, 1145 Libanais ont été tués, dont 1040 civils au moins, parmi lesquels 30% d'enfants de moins de 12 ans. 3628 personnes ont aussi été blessées. Le conflit a encore fait près d'un million de déplacés, dont 220'000 ont quitté le Liban (dont 100'000 étrangers). Les pertes matérielles libanaises s’élèveraient entre 4,5 et 6 milliards de dollars avec la destruction partielle ou totale de 29 installations vitales (aéroport de Beyrouth, ports, réservoirs d’eau, stations d’épuration, centrales électriques), 630 km de routes,  23 stations-services, 145 ponts et bretelles, 7000 logements, 900 usines, commerces, fermes et marchés. Ont également été touchés des relais de télévision, radio et téléphonie, des sites religieux. Enfin, le bombardement israélien de la centrale électrique de Jiyé a provoqué une marée noire sur plus de 140 km de côtes libanaises, qui s’est étendue aux eaux syriennes. Autant de destructions qui n'ont que peu, ou pas du tout à voir avec le Hezbollah mais obéissait bien à l'objectif secondaire d'Israël de détruire le Liban en tant que rival économique régional. C
es massacres et ces destructions devront maintenant être jugés comme les crimes de guerre qu'ils sont.
Mais pour l'heure, malgré la souffrance et le deuil,
le Liban peut aussi se targuer d'une victoire qui surpasse de loin celle du Hezbollah sur le terrain. C'est d'avoir réussi à maintenir sa cohésion nationale, sa pleine unité malgré les manœuvres israéliennes pour tenter de relancer la guerre civile. C'est une victoire fantastique dont l'Etat hébreu devra tenir compte à l'avenir. Le Liban, bien que dévasté et en ruine, est plus fort que jamais. Mais pour être capitalisée, cette victoire doit passer par l'intégration immédiate et complète du Hezbollah dans le paysage politique libanais, ce qui suppose bien sûr son désarmement et la pleine souveraineté de l'Etat libanais sur tout le territoire.

- une cinquième semaine de carnage autorisée 10/08/2006 Encouragé par les atermoiements de la "communauté internationale", l'Etat voyou israélien est sur le point de lancer une vaste offensive terrestre au Liban où il entame une cinquième semaine de carnages et de destructions. Mis en échec par la résistance désormais jugée "héroïque" du Hezbollah, Tel Aviv poursuit dans sa fuite en avant par une escalade verticale des opérations, tapant toujours plus fort, avec toujours moins de discernement, espérant sans doute que le vacarme des bombes et les hurlements des victimes innocentes masqueront l'enlisement d'une armée israélienne qui a perdu tous ses repaires moraux, une armée de coupe-jarrets qui ne respecte aucune des lois élémentaires de la guerre, une armée sans honneur.
Paris s'éveille Et pendant que le sang libanais coule une nouvelle fois à flot, le Conseil de sécurité repousse de loin en loin l'adoption d'une résolution demandant l'arrêt du massacre, paralysé qu'il est par Washington dont le seul objectif est, à l'évidence, de donner le plus de temps possible à son allié israélien pour atteindre les objectifs d'une guerre qu'il lui a sous-traitée.  Mais Paris commence à hausser le ton et menace de proposer son propre texte. Le désaccord entre Paris et Washington porte essentiellement sur les conséquences à tirer de la décision du gouvernement libanais de déployer 15'000 soldats au Liban Sud, ce qui permettrait de mettre immédiatement un terme aux carnages israéliens. La Russie soutient elle aussi ce projet. Le gouvernement français, qui a qualifié cette décision d’"initiative majeure", souhaite que le texte de la résolution en tire "des conséquences concrètes" mais les Etats-Unis temporisent.  Jacques Chirac a déclaré mercredi que renoncer à un "cessez-le-feu immédiat" serait "immoral", et prévenu que la France pourrait déposer sa propre résolution.
De la "perte" du Moyen-Orient au "Big band" des néocons  On ne peut désormais que le constater, le grand remodelage à coups de flingue du Moyen-Orient  commandé par Washington --- c'est-à-dire la création par la force d'un ensemble régional économique soumis à la dictature des marchés et des transcontinentales --- tourne au cauchemar. Après les carnages perpétrés par les "libérateurs" de Doobleyou et du pathétique Tony Blair dans un Irak désormais en proie à la guerre civile; après le feu vert occidental (y compris européen à notre grande honte), donné à Israël pour casser un Gouvernement palestinien du Hamas pourtant élu au terme d'un processus certainement plus démocratique que celui qui a conduit George Bush à la Maison-Blanche; après le laisser-faire, enfin, de la fameuse "communauté internationale" devant les nouveaux massacres d'Israël au Liban, nous voyons bel et bien apparaître un nouveau Moyen-Orient, mais un Moyen-Orient désormais très précisément informé sur la valeur réelle des "valeurs" occidentales, un Moyen-Orient douché donc, refroidi, écœuré. Sans doute l'Histoire retiendra-t-elle ainsi le modèle des années Bush comme l'un des pires exemples d'une politique aboutissant, par maladresse, arrogance, méconnaissance, bêtise, à l'exact opposé de ce qui était escompté. Les historiens auront aussi de quoi disserter sur l'incroyable suivisme d'une certaine Europe, sur son aveuglement qui l'auront poussé à suivre, jusque dans les abysses, un cabinet Bush égaré, coupé de la réalité, enfermé dans sa bulle virtualiste, jouet à la fois des gangsters du lobby militaro-industriel, d'illuminés évangéliques en mal d'apocalypse et des lobbies israéliens.
Lundi,
depuis son ranch de Crawford, le cowboy a même réussi à accuser... la Syrie et l’Iran de semer "le chaos" au Proche-Orient (sic). "La Syrie et l’Iran soutiennent et encouragent les activités du Hezbollah, qui visent toutes à semer le chaos, qui visent toutes à utiliser la terreur pour arrêter la marche des démocraties"... Il faut décidément que le monde marche sur la tête pour considérer encore cet homme là pour autre chose que le dangereux illuminé qu'il est. Car dans cette déclaration transparaît les obscures aspirations des néoconservateurs à un Big bang, à leur guerre finale, selon un état d'esprit que résume très bien de defensa: "Les Américanistes, encalminés dans plusieurs "guerres de 4e génération", impuissants dans diverses crises qu’ils ont aggravées et auxquelles ils ne prêtent guère d’attention, brûlent leurs dernières cartouches. Ce sont celles d’Israël. Il y a toujours la même thèse: la croyance dans un "Big Bang", dans un "tout ou rien", dans un "Moment" qui est aussi une "fenêtre d’opportunité"; la conviction qu’au bout d’une succession de défaites et d’avatars, le dernier coup de dés permettra de tout renverser; bref, la croyance au miracle, bien dans la psychologie qui mène leur étrange raison."

- Crimes de guerre 08/08/2006 Une équipe d'enquêteurs de l'Organisation de défense de droits de l'homme Human Right Watch a parcouru le Liban depuis le début de la guerre. Dans Le Monde du dimanche 6 et lundi 7 août, elle affirme: "Nos conclusions sont très claires: Israël n'établit aucune distinction entre les civils et les objectifs militaires. C'est une violation grave des lois de la guerre." En parlant du massacre de Cana, ou 28 personnes ont été tuées et 13 autres portées disparues après le bombardement de leur immeuble, Human Right Watch raconte: "Les Israéliens ont d'abord dit que les combattants du Hezbollah étaient à l'intérieur du bâtiment et que des roquettes ont été tirées. Puis qu'il y avait eu une erreur de tir de 300 mètres. Puis ils ont renoncé à ces explications dans leur déclaration finale. Pourquoi? Parce-qu'ils mentaient dès le début comme ils le font toujours (...). Nous avons sillonné le village [de Cana]. Il n'y avait strictement rien [qui prouvait que des missiles ont été tirés]. Cana n'est qu'un exemple parmi plusieurs autres de tirs sur des maisons abritant des familles, dont certaines ont été décimées." Human Right Watch affirme aussi détenir des preuves d'utilisation, par l'Etat hébreu, de bombes à fragmentations, notamment "dans le village frontalier de Blida". Et de conclure en disant: "Presque toutes les victimes ont été tuées par des bombes de précision que les Etats-Unis continuent de fournir à Israël".
Nouveau bras de fer franco-américain en vue? La première mouture du projet de résolution de l'ONU, dit franco-libanais, vaut son pesant de petits massacres. Ainsi, s'il demande "un arrêt complet des hostilités", il exige surtout du Hezbollah de cesser "toute attaque" et  ne demande, à Israël, que de renoncer aux attaques "offensives". Une formule qui n’interdit donc pas à l’armée israélienne de mener toutes les opérations qu'elle voudra pour peu qu'elle les qualifie de "défensives", selon sa propre appréciation bien sûr. Autres exemples: le projet de résolution ne fixe pas de calendrier pour le retrait des troupes israéliennes qui occupent à nouveau le Liban Sud et, en ce qui concerne le problème des prisonniers, le texte demande la "libération inconditionnelle" des deux soldats israéliens capturés par le Hezbollah, mais se contente d’encourager les efforts "visant à régler la question" des prisonniers libanais détenus par l’Etat hébreu. Le déséquilibre du texte est si énorme, si fabuleux, qu'on le croirait dicté par l'Etat hébreu lui-même. C'est presque vrai tant on y reconnaît la patte de Washington dans son soutien inconditionnel à Tel Aviv, à plus forte raison pour une guerre dont nombre d'observateurs estiment aujourd'hui qu'elle a tout bonnement été sous-traitée à Israël par le cabinet Bush (lire ci-contre: Hyptohèses de guerre).
Reste que la France fait là son come back diplomatique. Ami historique du Liban, Paris a, dit-on, bataillé ferme des semaines durant pour modérer un texte dont on ose à peine imaginer la formule initiale voulue par les Etats-Unis et Israël. Et le bras de fer n'est pas terminé. D'aucuns y voient déjà les prémices d'un nouvel affrontement diplomatique transatlantique. A suivre donc...
A ce jour, au moins 938 civils ont été massacrés par l'armée israélienne au Liban, dont 30% d’enfants de moins de 12 ans, ainsi que 30 militaires et gendarmes. S’y ajoutent 53 combattants du Hezbollah. Il y a 3400 blessés. Du côté de l'agresseur israélien, 36 civils ont été tués par les roquettes du Hezbollah sur le nord d’Israël depuis le 12 juillet et 59 militaires israéliens ont été tués.

- MiSe en échec par le Hezbollah, Israël choisit la fuite en avant 04/08/2006 C'est un fait militaire indéniable, l'armée israélienne est incapable ni de briser la résistance du Hezbollah ni de contenir ses ripostes. Alors que les civils libanais périssaient hier écrasés par les nouveaux bombardements de l'Etat hébreu, le Hezbollah a riposté avec le tir de quelques 130 roquettes en une heure, tuant lui aussi des civils Israéliens. La réponse envisagée par Tel Aviv pour masquer son enlisement naissant au Pays du Cèdre: encore plus de bombardements sur Beyrouth, où la zone de frappe des bombardiers israéliens vient d'être étendue à trois quartiers supplémentaires, et une probable occupation du Liban Sud jusqu'au fleuve Litani.
Au plan politique, le chef du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun, a martelé qu'il "ne voulait pas de forces étrangères au Liban", à propos des projets d'envoi d'une force internationale d'interposition au Liban Sud. "Cette force ne stabilisera rien du tout. Elle va au contraire déclencher une nouvelle guerre. Ce sera une force d’occupation pour faire la guerre au Hezbollah et pour assurer la sécurité d’Israël". Michel Aoun estime aussi qu’un "cessez-le-feu suffit. Nous pouvons garantir son respect. Il faut que les Israéliens acceptent un processus de négociations". Le chef du Courant patriotique libre réclame "la création d’un tribunal international qui jugera les responsables israéliens des crimes de guerre commis contre ces centaines de Libanais morts sous leurs bombes".
Un mot aussi sur la tactique militaire israélienne. Sans présumer des buts réels de l'Etat hébreu dans cette nouvelle équipée sanglante (lire ci-dessous: Hypothèses de guerre), on peut constater que le déroulement de l'offensive israélienne au Liban semble calquée sur le modèle américain en Irak: une débauche de technologie d'abord mise au service de frappes aériennes et d'artillerie massives (selon la technique dite "choc et effroi" du Pentagone), et une assez inattendue, il faut le dire, incompétence au sol. L'armée israélienne paraît s'être, en quelque-sorte, "américanisée", avec les conséquences que l'on sait et que l'on voit en terme de destructions et de massacres de civils. Et même au plan de la réflexion stratégique, des similitudes apparaissent. Alors que les Etats-Unis espéraient que l'invasion de l'Irak leur permettrait d'attirer un nombre qu'ils imaginaient limités de "terroristes", qu'ils auraient alors eu tout le loisir d'éliminer en fixant le combat hors des frontières nationales, Israël semble faire le même calcul en espérant créer une zone de guerre "extérieure" où les combattants du Hezbollah viendraient rapidement mourir jusqu'au dernier. Malgré l'effarante disproportion des forces en présence, on en vient tout de même à se demander, les mêmes causes produisant les mêmes effets, si le Liban Sud ne va pas devenir le bourbier de l'Etat hébreu. Mais à quel prix pour les Libanais!

toutes les vérités sont bonnes à dire Le 31 juillet dernier, le forum internet du Nouvel Obs consacré au Proche-Orient était animé par Paul Blanc, ambassadeur de France au Liban entre 1986 et 1988.
Voici quelques échanges arbitrairement sélectionnés avec des internautes:
- Israël ne devrait-elle pas être jugée au tribunal pénal international en regard de ses agissements vis à vis des peuples Palestiniens et Libanais?
- Il faut reconnaître que détruire un pays avec la volonté apparente de le faire disparaître de l’économie régionale, écraser sous les bombes des centaines de civils n’ayant aucun rapport avec la guerre, se comporter comme si la défense de la sécurité des citoyens passait avant la survie des peuples de la région ne fait pas honneur aux hommes qui ont perpétré ces actions, qu’ils soient les dirigeants ou les éxécutants. Sans doute, Isrëel n’a pas compris que la domination militaire totale sur la région du Proche-Orient qu’elle a acquise lui donnait un devoir de maîtrise de soi et de respect des obligations humanitaires, plutôt que de rendre encore plus difficile une négociation politique par une répression brutale, aveugle et inconsidérée.
- Pourquoi israël se permet en toute impunité le terrorisme d’Etat sous prétexte de sa sécurité... pour les autres, revendiquer des droits à un Etat, c’est du terrorisme!!!!
- Vous posez là la question majeure que devraient se poser les dirigeants d’Israël. Je résume très vite : Israël est né menacé d’être jeté à la mer et a tenu bon, après sa victoire de 1967. Il a pendant 24h en 1973 pu croire qu’il serait détruit par les attaques de ses voisins. Il a gagné et peu à peu est devenu de très loin la principale force du Proche-Orient. Toujours obsédé par sa défense et sa survie alors que personne n’était en mesure de l’ébranler il aurait dû changer d’attitude et, comme tous les plus forts, garder son sang froid. Au contraire il vient de donner la démonstration qu’il se croit toujours autorisé à tout faire même à tuer des enfants et des femmes ou à détruire un pays voisin pour assurer sa protection. Le meilleur service que peuvent lui rendre ses amis c’est de l’inviter à une conversion: quand on est le plus fort on se maîtrise et on respecte les principes humanitaires.
- La mansuétude et pour tout dire la lâcheté des pays occidentaux envers Israël est sans limites. Certes les pays européens portent encore la croix de la Shoah. Mais en raison de ce passé on accepte d’Israël à peu près tout y compris les actes barbares perpétrés aujourd’hui contre tout un peuple. Quand comprendra-t-on que dénoncer les crimes d’Israel ce n’est pas être antisémite!
- Il est exact que le comportement des descendants des victimes du plus grand crime raçiste de l’histoire seront jugés plus sévérement encore que d’autres quand ils commettent de sang froid les pires brutalités car ils insultent indirectement à la mémoire de leurs parents.

- Offensive terrestre en préparation 01/08/2006 Le pire est sur le point de survenir au Liban. La bride laissée sur le cou par la fameuse communauté internationale, l'Etat hébreu prépare une nouvelle invasion terrestre du Pays du Cèdre. Selon Radio Israël, trois divisions supplémentaires, soit près de 15'000 hommes, vont être mobilisées pour l'occasion. Objectif officiel: repousser le Hezbollah à 20km de la frontière israélienne. On l'a compris, la trêve aérienne décrétée Israël après le massacre de Cana, où 54 civils dont 37 enfants ont été tués, aura donc surtout permis un exode de population du Liban Sud bien utile à la vaste opération terrestre désormais prévue. Des milliers de Libanais ont en effet profité de l'accalmie pour fuir une région pilonnée depuis trois semaines par Israël.

- boucheries et objectifs multiples 30/07/2006 Une fois de plus, une fois encore au Liban, la barbarie israélienne a repoussé les limites de l'horreur. 54 civils ont été tués dans un bombardement à Cana, dont 37 enfants. La fameuse communauté internationale se prétend "horrifiée" et les prochains jours diront s'il ne s'agit-là que d'une gesticulation de plus. Quant au numéro trois de la diplomatie américaine, Nicholas Burns, il s'est empressé d'estimer que la tuerie de Cana "ne constituait pas un crime de guerre". Le premier ministre israélien, Ehud Olmert, s'est alors lui aussi empressé... d'exiger à son partenaire étasunien 12 à 14 jours de champs-libre supplémentaires pour achever cet effarant jeu de massacre et de destruction. Et qu'importe si, sur plus de 600 victimes des frappes de l'Etat hébreu depuis le 12 juillet, au moins 500 sont des civils innocents, chiffre qui ne tient évidemment pas compte de tous les morts enterrés dans leurs abris par les bombes israéliennes et que l'on ne découvrira qu'à la fin des "opérations".
C'est que les objectifs d'Israël sont légion:
- Désarmer par la force le Hezbollah pour faire cesser ses attaques est l'objectif affiché bien sûr. 
- Déstabilisation politique du Liban Mais le cantonner au statut de milice combattante est aussi un objectif israélien au moment où le retour amorcé du Parti de dieu dans le jeu politique libanais venait de connaître une étape spectaculaire avec la signature, en février dernier,  d'un «document d’entente» avec la formation aouniste, principale force de l'opposition. Un bémol tout de même à ce stade pour constater qu'au Liban, même si l'aventurisme militaire du Hezbollah reste critiqué, son taux de popularité est en train d'exploser au vu de la résistance considérée comme héroïque de ses combattants. Et quelle que soit l'issue l'issue de la confrontation, son poids politique au Liban n'en sortira que renforcé. C'est là, peut-être, une première erreur tactique de l'Etat hébreu dans son équipée sanglante.
- Guerre économique contre le Liban Parallèlement, certaines, la plupart en fait des cibles choisies par Israël -- ponts, routes, aéroport, infrastructures dans tout le pays --  n'ont que peu à voir avec le Hezbollah. C'est le Liban en tant qu'Etat que l'on vise ici, que l'on cherche à renvoyer à l'âge de la pierre, histoire de l'occuper à 15 ans de reconstructions supplémentaires. A l'heure actuelle, les dommages causés au Liban sont estimés à 750 millions d'euros par les économistes. 80% des routes principales ont été détruites. Il faut dire qu'un Liban en paix, reconstruit, stabilisé politiquement, fort et capable de rejouer son rôle séculaire de pont entre l'Occident et l'Orient est apparemment perçu comme une menace pour l'économie d'Israël.
- La tentation iranienne Enfin, comme nous l'avons dit dans une précédente brève, les boucheries perpétrées par Israël dans les Territoires palestiniens et au Liban font écho à celles perpétrées par les Etasuniens en Afghanistan et en Irak dans le cadre de leur grand dessein de remodelage du Moyen-Orient. L'appareil militaire israélien paraissant agir  ici comme une simple extension de celui de la Maison-Blanche pour frapper à un niveau plus local. Mais avec le risque de voir L'Etat hébreu jouer les alliés en rupture de ban et bombarder l'Iran, prétextant son soutien au Hezbollah. L'objectif  d'une telle opération étant, pour Israël, de compenser l'échec des Etats-Unis à enrôler le Conseil de Sécurité dans une ratonnade contre Téhéran. Ce serait bien sûr le scénario du pire, heureusement improbable tant la folie de l'équipée saute aux yeux. Mais au vu de ce à quoi l'on assiste et des alliances qui dominent l'échiquier, difficile d'écarter totalement l'hypothèse. 
- Aux dernières nouvelles, Israël a annoncé la suspension pour 48 heures des pilonnages aériens suite à l'émotion suscitée par le carnage de Cana, avec la promesse toutefois de reprendre l'offensive après ce délai. Pause dont Israël tire au passage un avantage non négligeable pour son projet de création d'une zone tampon de deux kilomètres à l'intérieur du Sud Liban. En effet, la première conséquence de cette trêve aérienne a été un exode des populations de cette région vers Beyrouth.

- Feu vert anglo-saxon à l'Etat-voyou israélien 28/07/2006 Au moins 406 morts, dont 340 civils! Tel est le monstrueux bilan des sanglantes opérations israéliennes sur le Liban depuis le 12 juillet dernier. L’Unicef juge de son côté «catastrophique» la situation dans le pays du Cèdre où près de 500'000 personnes ont été contraintes de prendre les routes de l’exode pour fuir les massacres perpétrés par l'armée israélienne. Malgré cela, les Etasuniens et leur caniche britannique n'en ont pas moins bloqué toute exigence de cessez-le-feu immédiat lors de la Conférence de Rome qui s'est dès lors bornée à annoncer qu'elle allait... "œuvrer en partenariat avec la communauté internationale pour apporter une aide humanitaire immédiate au peuple libanais". La plupart des autres pays à la conférence (Canada, Egypte, Allemagne, Chypre, la Grèce, Jordanie, Russie, Arabie Saoudite, Espagne et Turquie) demandaient en effet comme préalable l'arrêt des opérations militaires israéliennes. Bien évidemment, l'Etat hébreu a considéré qu'il s'agissait là d'un blanc seing et a officiellement annoncé qu'il allait intensifier ses carnages au Liban.
Et dire qu'il suffirait d'un embargo européen d'une semaine pour faire cesser ces tueries. Vous avez dit Europe?

- De BagDad à Beyrouth. jusqu'à téhéran? 27/07/2006 L'offensive lancée par Israël contre le Liban n'est évidemment pas une simple réaction défensive à l'enlèvement de deux soldats de Tsahal sur le territoire libanais par les miliciens du Hezbollah, le 12 juillet dernier, en vue d'un échange de prisonniers. En fait, les plans d'attaque de l'Etat hébreu étaient prêts et le casus belli attendu, espéré. C'est que, parallèlement aux massacres perpétrés à Gaza et en Cisjordanie depuis des semaines pour briser le Hamas et la résistance palestinienne, l'Etat hébreu a décidé d'ouvrir un deuxième front avec le Liban pour en finir avec le Hezbollah. L'objectif israélien étant la capitulation pure et simple de ses adversaires pour imposer sa "paix" sans jamais avoir à la négocier.
Israël veut sans doute tirer aussi un maximum d'avantages de l'appui inconditionnel que le cabinet Doobleyou lui offre depuis son investiture frauduleuse en 2001. Et le couple américano-israélien fonctionne si bien depuis lors que l'on pourrait même voir, dans les boucheries perpétrées par Israël dans les Territoires palestiniens et au Liban, une sorte de prolongement de celles perpétrées par les Etasuniens en Afghanistan et en Irak pour servir leur grand dessein de remodelage du Moyen-Orient . L'appareil militaire israélien devenant ici une simple extension de celui de la Maison-Blanche pour agir à un niveau plus local.
Reste à savoir jusqu'où ira cette escalade. Car alors que les Etats-Unis ont échoué à convaincre leurs partenaires du Conseil de Sécurité de faire plier l'Iran par la force, et que l'Etat hébreu accuse les mollahs de soutenir le Hezbollah, Israël pourrait être tenté de jouer les alliés en rupture de ban en lançant des frappes sur l'Iran d'ailleurs déjà planifiées. Un scénario certes catastrophe mais ce ne sont pas, pour l'heure en tout cas, les gesticulations de la fameuse "communauté internationale" qui lui feraient obstacle.
Un mot encore sur les incroyables destructions des infrastructures libanaises par Israël, qui sont autant de crimes de guerre qui ne trouvent qu'une explication rationnelle: la volonté de l'Etat hébreu de profiter de la situation, avec un cynisme effarant, pour renvoyer le Liban à l'âge de pierre et se maintenir comme principale pôle économique régional.
>> Réthorique et dialectique

La peur d'un consensus palestinien fait perdre ses nerfs à Israël 30/06/2006 (brève remaniée le 5 juin) L'Etat hébreu a apparemment perdu tout sens de la mesure. Apparemment seulement. Sous prétexte de vouloir récupérer un de ses soldats enlevé dimanche, il a lancé mardi une guerre contre les détenus palestiniens de la plus grande prison à ciel ouvert du monde, la bande de Gaza. Des centaines de chars, de pièces d'artillerie, d'avions de combat higt-tech et 7000 hommes ont été mobilisés. La première cible a été civile: une usine électrique. Ce qui a eu pour conséquence de priver la population palestinienne d'électricité et donc d'eau, ce qui est une violation flagrante du droit humanitaire. Des biens de première nécessité tels que la nourriture, les médicaments et le carburant sont interdit d’accès à Gaza, ce qui est une deuxième violation du droit humanitaire. Enfin, huit  ministres du gouvernement élu démocratiquement et dirigé par le Hamas ont été kidnappés, ainsi que des dizaines d’élus et maires du Hamas, en tout 64 personnes.
L'incroyable disproportion des moyens engagés au regard de l'objectif à atteindre laisserait de prime abord perplexe. Mais derrière ce spectaculaire écran de fumée, une nouvelle passe aujourd'hui presque inaperçue, nouvelle qui donne pourtant tout son sens à l'effarante offensive israélienne. Le ministère israélien des Affaires étrangères a en effet catégoriquement rejeté le document palestinien d’"entente nationale" (dit "plan des prisonniers palestiniens") que vient pourtant de signer le mouvement Hamas, ce dernier reconnaissant implicitement par là l'existence de l'Etat hébreu. Événement majeur s'il en est, et qui répondait à l'une des principales exigences de la fameuse communauté internationale envers le Hamas. Mais un tel plan, une telle unité palestinienne autour d'objectifs politiques communs fait clairement peur à Israël qui veut poursuivre sur la voie de l'unilatéralisme , de devoir faire des concessions. maintenir le statu-quo et de ce qui pourrait ressembler, de près ou de loin, à une appareil d'Etat palestinien. En cela, la lutte déclarée contre le gouvernement du Hamas n'est que la simple remise au goût du jour de la sempiternelle rengaine du "il n'y a personne en face pour négocier" servie jusqu'à la nausée par Sharon déjà. L'objectif d'Israël est, aujourd'hui comme hier, la capitulation pure et simple de la résistance palestinienne et l'acceptation, par le peuple palestinien, d'un Etat-croupion, un bantoustan dont les frontières auront été dessinées par le seul Etat hébreu.
De son côté, la communauté internationale reste silencieuse après avoir timidement désapprouvé le lancement de cette nouvelle offensive.
Elle a décidé depuis longtemps, par commodité, de considérer dans cette affaire que le bourreau était la victime, et la victime le bourreau, se bornant à inviter l'Etat hébreu à la "retenue", tout en exigeant des activistes palestiniens la fin de la lutte armée. Le terrorisme de certains groupes palestiniens lui paraissant apparemment comme le seul condamnable, le terrorisme d'Etat israélien relevant toujours de la bavure ou du dommage collatéral.
L'Histoire jugera. Peut-être.

- Lâcheté européenne et enfer palestinien 4/05/3006 La scandaleuse punition collective infligée au peuple palestinien par les élites occidentales bien pensantes en raison de son choix démocratique fait enfin quelques vagues. Enfin! Après le gel américain puis européen des aides directes à l'Autorité palestinienne menacée de banqueroute donc, l'émissaire du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, ONU, UE et Russie), James Wolfensohn, a finalement claqué la porte au 30 avril dernier, officiellement en raison de dissension au sein du quartette quant à son rôle après l'arrivée au pouvoir du Hamas. Lundi 1er mai dernier, il a toutefois affirmé: «Il m'étonnerait que quelqu'un sorte gagnant de la fin de la scolarisation des enfants ou d'une famine palestinienne. Et je ne crois pas que des membres du Quartette pensent que cela puisse constituer une politique viable.» Manifestement, ça dépend pour qui... Quelques jours avant, dans Libération, le directeur général de Médecins sans frontières, Pierre Salignon, avait déclaré que «cette décision (de geler les aides) faisait le lit de tous les extrémismes», dénonçant une «dégradation continue» de la situation sanitaire ces derniers mois dans les territoires palestiniens.
La diplomatie européenne aura donc touché le fond. Dans une dramatique et pitoyable politique du caniche que l'on croyait l'apanage du seul Tony Blair, c'est toute l'élite européenne qui s'est en effet rangée ici derrière les positions pro-israéliennes des Etats-Unis sur le dossier proche-oriental. Le commentaire du ministre néerlandais des Affaires étrangères, Ben Bot, fera par ailleurs date en matière de cynisme et de mépris des plus élémentaires principes démocratiques: "Les Palestiniens ont choisi ce gouvernement, alors ils devront en supporter les conséquences." Par ce commentaire inqualifiable, le ministre européen aura confirmé, si des doutes pouvaient encore subsister, qu'il s'agissait bien alors pour l'UE de punir le peuple palestinien pour son choix politique. Le message est limpide: une démocratie n'est respectable que dans la mesure où le choix des peuples obéit aux désirs de la fameuse "communauté internationale", c'est à dire aux Etasuniens et à leurs vassaux. Question crédibilité, ça se pose un peu là!
Enfin, dans cette affaire, l'alignement européen n'est pas seulement une faute politique gravissime de nos élites, mais aussi une faute morale. Car que dire de ce paradoxe effarant qui veut que les leaders du soit-disant monde libre s'allient désormais pour oppresser encore un peu plus, pour saigner encore davantage un peuple palestinien déjà martyrisé par 39 ans d'une monstrueuse oppression israélienne. Les conséquences politiques d'un tel alignement sont encore difficilement mesurables. Mais, incontestablement, aux yeux des masses du plateau arabo-musulman et au-delà d'ailleurs, les Européens ont rejoint le camp des oppresseurs là où l'Union avait toujours su faire valoir sa différence.

- Rafic Hariri, mythes et réalités Si l'assassinat de Rafic Hariri (>>ici la version moins conformiste de Wayne Madsen) a été le facteur déclenchant d'un retour à la souveraineté libanaise après le départ des Syriens, il a suscité une idéalisation du personnage qui nécessite le rappel de certaines réalités.
Plus de 30 bébés palestiniens morts aux barrages israéliens De
2000, 61 Palestiniennes retenues aux barrages de contrôle israéliens ont dû accoucher sur place. Cet état de fait a entraîné la mort de 36 nouveaux-nés, a déclaré l'ONU fin septembre. Huit femmes ont vécu la même situation en 2005, dont une a dû accoucher dans l?ambulance et une deuxième, qui connaissait des difficultés dans son sixième mois de grossesse, a fait une fausse-couche, poursuit l'Unrwa. Selon l'agence de l'ONU, l'accès des Palestiniens aux installations médicales s'est «considérablement détérioré» en raison des procédures mises en place par les Israéliens aux barrages de contrôle et du mur de séparation érigé en Cisjordanie.

- Jour noir pour le Liban   Charles Abdallah dénonce le retour au pouvoir des mêmes forces politiques qui ont gouverné le pays depuis la fin de l’année 1992, à l’exception d’une courte parenthèse entre 1998 et 2000, et qui portent seules l’entière responsabilité du désastre économique dans lequel se débat le pays: «Ce qui rend perplexe, ce qui devient de plus en plus suspect, c’est la volonté des puissances occidentales, nouvelles autorités de tutelle du pays, de bâcler le processus démocratique et de ramener au pouvoir ceux qui ont désagrégé l’Etat et l’ont mené à la ruine. Avec, en plus, la mission de réformer ce même Etat! On croit rêver. Deux explications possibles: Pour les Occidentaux, n’importe qui au pouvoir fera l’affaire parce que, de toute manière, ce sont eux qui dirigeront effectivement le pays. Pas besoin alors de s’embarrasser de démocratie. Des gens corrompus et affaiblis par leur bilan passé sont plus faciles à contrôler. Ils peuvent notamment être amenés plus facilement que d’autres à exécuter les tâches qui leur seront assignées par les puissances de tutelle dans le cadre de leurs politiques régionales.»

Une version moins conformiste de l'assassinat de Rafic Hariri. Le journaliste et éditorialiste US, Wayne Madsen,  les Etats-Unis avaient demandé à l'ancien premier ministre libanais d'installer une base militaire au nord du Liban (traduction française), raison pour laquelle les troupes syriennes devaient quitter totalement le Liban. Hariri, fervent nationaliste arabe était connu pour son opposition à ce projet. Le contrat, avant même la signature d'un accord avec le Liban, a été remis par le Pentagone à la firme Jacobs Engineering Group, sise à Pasadena en Californie en partenariat avec le groupe Bechtel. Cette base devait servir de plate-forme logistique et de transit pour les troupes US en Irak. Elle devrait servir à protéger les oléoducs US dans la région (Bakou-Tbilissi-Ceyhan et Mossoul-Kirkouk-Ceyhan) ainsi qu'à la déstabilisation de la Syrie. Des indices permettent de penser que cette base en gestation serait aussi importante que la base US au Qatar. Plusieurs sources de renseignements se recoupent pour indiquer que les assassinats ciblés de personnalités, telles Elies Hobeika et Rafic Harriri, relèvent du feu vert de l'adjoint au chef d'Etat-Major, Karl Rove et du vice conseiller à la sécurité nationale à la Maison Blanche, Elliot Abrams.

- Les dessous du plan de désengagement israélien de Gaza. A lire cet article incontournable du Monde diplomatique

- Le congrès juif mondial pour la partition de l'Irak? Le nouveau Secrétaire général du Congrès juif mondial, Stephen Herbits, est un faucon. Il a collaboré avec toutes les présidences républicaines depuis Nixon. Ses déclarations de politique générale, sa perception des événements, notamment en Irak, sont d'autant plus importantes qu'en tant qu'ami personnel de Donald Rumsfeld (dont il fut conseiller à la Défense), mais aussi en tant que proche de Wolfowitz, l'idéologue de la guerre en Irak, et de Cheney, véritable patron de la Maison-Blanche, ses idées ont forcément au moins l'oreille de ce trio de fous de guerre.
Or, dans une interview publiée dans un hebdomadaire suisse, L'Hebdo, le 13 janvier dernier, on lui pose la question de savoir s'il défend l'idée de deux Etats, l'un palestinien, l'autre israélien. Voici sa réponse, verbatim:  «Oui. Deux Etats en Israël (sic) et trois en Irak, que ce soit sous la forme d'une fédération ou d'une confédération, voire de trois Etats indépendants
Or, un texte du
journaliste et ancien fonctionnaire israélien des Affaires étrangères,  Oded Yinon,, intitulé Stratégie pour Israël dans les années 80, ne disait pas autre chose, il y a 25 ans. Verbatim: (Extrait 1Extrait 2Extrait 3).
Si d'aventure le chaos irakien (dont d'effarantes maladresses us comme la dissolution de l'armée irakienne et la non intégration des anciens membres du parti Baas pourraient laisser penser qu'il était voulu) devait aboutir à une implosion suivi d'une partition de l'Irak (par exemple après un retrait précipité des forces US quelques mois après les élections), il y aurait sans aucun doute là matière à réflexion.

- «Il faut en revenir à l'OLP!» 31/10/2003 L'Etat hébreu a, on le sait, instrumentalisé les différents processus de paix, y compris et surtout le processus d'Oslo, pour dégager une position palestinienne modérée d'abord, et, ensuite, pour disposer d'un écran de fumée derrière lequel il pouvait aisément poursuivre la colonisation, les spoliations, les assassinats, la torture, pendant que les médias du monde entier et la fameuse «communauté internationale» se perdaient en conjectures sur les progrès ou les échecs de pseudo-négociations. Ainsi, jamais, même sous les Travaillistes, même sous Rabin, jamais la colonisation des territoires palestiniens n'a cessé, ou ne serait-ce que ralenti, démontrant qu'Israël a de tout temps poursuivi un but qui n'avait que peu à voir avec la recherche d'une paix juste avec les Palestiniens.
Le processus d'Oslo étant donc officiellement enterré aujourd'hui, ne vaudrait-il pas mieux abandonner l'Autorité palestinienne et en revenir, comme le propose le directeur de l'Université Al-Qods (>>Lire l'interview), à l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), et laisser ainsi toute la charge de l'occupation à Israël. L'Etat hébreu serait alors contraint de réinstaurer un très coûteux régime de gouvernement militaire et, alors qu'il traverse la pire crise économique de son histoire, cela pourrait peut-être l'inciter à ralentir une répression et une colonisation elles aussi coûteuses. Lorsque l'on constate la levée de boucliers israélo-étasunienne vis-à-vis du plan de paix de Genève (au profit d'une «feuille de route» non contraignante pour Israël) on se dit que ce serait-là un moyen de pression non négligeable en mains palestiniennes pour une fois.

-Fanatisme religieux: en route pour la «Jérusalem Céleste» 23/10/2003 Le Sommet de Jérusalem s'est tenu du 12 au 14 octobre 2003 à l'hôtel King David de Jérusalem. Tout le gratin des fanatiques religieux, tant les fondamentalistes chrétiens étasuniens que les ultras juifs (>>Le soutien des intégristes américains à Sharon: une vision apocalyptique!), étaient présents avec, notamment, le très influent ex-sous-secrétaire à la Défense, Richard Perle, ami personnel de Rumsfeld; le conseiller de Doobleyou pour le Proche-Orient, Daniel Pipes; l'ancien premier-ministre israélien, Benjamin Netanyahou, ainsi que des ministres du gouvernement Sharon dont Uzi Landau et Avigdor Lieberman. Tous ont célébré la «théopolitique» qui conduira à l'avènement de la «Jérusalem Céleste». «Israël est l'alternative morale au totalitarisme oriental et au relativisme moral occidental. Israël est le «Ground Zero» de la bataille centrale de notre civilisation pour sa survie. Israël peut être sauvé, et le reste de l'Occident avec lui. Il est temps de nous unir à Jérusalem.» Ainsi était rédigé l'appel du Sommet de Jérusalem...

- Israël prépare des frappes (nucléaires?) contre l'Iran 13/10/2003 Selon le Washington Post, le général Sharon a récemment affirmé à son copain Doobleyou que l'Iran pourrait avoir la bombe atomique en 2005 (sic) et, surtout, qu'il envisage une attaque préventive contre Téhéran. De son côté, le magazine allemand Spiegel (>>L'article du Ha'aretz) révèle qu'une unité spéciale du Mossad a déjà reçu pour mission d'élaborer des plans d'attaques simultanées contre une demi-douzaine de sites nucléaires dispersés sur le territoire iranien. Parmis lesquels le réacteur de Bushehr, l'usine de production d'eau lourde d'Arak, la centrifugeuse de Natanz, la Compagnie nationale iranienne des métaux d'Ispahan et le Centre de recherches nucléaires de Rudan.
Le Los Angeles Times a par ailleurs affirmé qu'Israël a modifié des missiles de croisière d'origine américaine embarqués à bord de sous-marins pour les équiper d'ogives nucléaires, se donnant ainsi la capacité de lancer des armes atomiques depuis la terre, l'air ou la mer.
Selon certaines informations, ces missiles auraient été testés sous la supervision de la marine américaine il y a deux ans dans l'océan Indien, au large du Sri Lanka.
Massacre et crimes de guerre à Gaza Dès vendredi et durant le week end, Tsahal a lancé une opération pompeusement baptisée «Traitement à la racine» dans le camp de réfugiés de Rafah. Comme toujours, ce sont les civils qui ont payé le plus lourds tributs au terrorisme d'Etat israélien. Huit Palestiniens, dont deux enfants, ont été tués et des dizaines d'autres blessés. Entre autres crimes de guerre, Tsahal a détruit pas moins de 120 maisons, privant d'abri quelque 1500 Palestiniens de plus. Amnesty International a vigoureusement dénoncé lundi les opérations militaires lancées depuis vendredi dans le sud de Gaza et rappelé que la «destruction injustifiée» des maisons de civils palestiniens constituait un «crime de guerre».

- A l'abri des pseudo-processus de paix: 500'000 colons et un mur de la honte 30/09/2003 Nous l'avons souvent répété, les gouvernements successifs de l'Etat hébreu se sont servis des différents plans de paix, y compris et surtout du processus d'Oslo, pour dégager une position palestinienne modérée d'abord, et, ensuite, pour disposer d'un écran de fumée derrière lequel poursuivre la colonisation des territoires, c'est à dire le vol des terres palestiniennes, dans la plus implacable logique sioniste qui soit. Jeudi, le ministère israélien de l'Habitat a ainsi publié un nouvel appel d'offres pour la construction de 565 logements dans les colonies de Cisjordanie occupée. Cela après que le cabinet du général Sharon eut annoncé, la veille, qu'il entendait poursuivre l'édification dans la région du «Mur du racisme», selon l'expression d'Arafat. Le négociateur palestinien en chef, Saëb Erakat, a d'emblée averti que ces deux initiatives allaient «tuer» les tentatives de règlement du conflit. «La poursuite de la colonisation est motivée idéologiquement par la volonté d'empêcher la future coexistence de deux Etats», a de son côté renchérit Yossi Beilin, ex-ministre travailliste et principal architecte des accords d'Oslo (1993) sur l'autonomie palestinienne.
Selon les dernières statistiques de 2003, les colons en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est annexée, sont désormais près d'un demi-million. Ils sont au nombre 231'443 (ils n'étaient que 21'700 en 1982) dispersés dans 143 implantations et des dizaines de points de colonisation sauvages en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Les autres, plus de 200'000, résident dans la partie orientale de Jérusalem, dans ces faubourgs qui ont poussé comme champignons au lendemain de la guerre des Six Jours (1967) et qui continuent à s'édifier sur le pourtour de la cité sainte, en vue d'en verrouiller les accès, couper la population palestinienne de la ville de son hinterland naturel qu'est la Cisjordanie.
Depuis 1967 selon le Ha'aretz, plus de 3 milliard de francs suisses ont été dépensés pour la colonisation. (sources et infographie: 24heures).
Rappelons que la «feuille de route», plan international de paix signé et approuvé par Israël, imposait à l'Etat hébreu, au point 1 de la phase 1, de «geler toutes les constructions dans les implantations juives» et «démanteler immédiatement les avant-postes illégaux des colonies construits depuis mars 2001».
Depuis le début de l'année, 1300 logements supplémentaires ont été construits dans les colonies.
Feu vert pour voler davantage de terres aux Palestiniens grâce au «Mur du racisme» A une écrasante majorité, le cabinet d'Ariel Sharon a décidé mercredi que le tracé du mur de la honte (>>photos  /// >>2 )  pourra englober un certain nombre de colonies juives situées en Cisjordanie, permettant ainsi à terme à l'Etat hébreu d'annexer de facto de nouvelles terres palestiniennes. Le principe arrêté par le cabinet d'extrémistes du général Sharon est qu'il faut inclure dans le système défensif le maximum de Juifs et en exclure autant que possible les Palestiniens. Les colons crient victoire. La fameuse communauté internationale ne lève pas le petit doigt. Les Palestiniens encaissent.

- L'autre israël:
25 pilotes de Tsahal refusent
des missions dans les territoires palestiniens
24/09/2003 Vingt-cinq pilotes de l'armée de l'air israélienne ont déclaré refuser d'exécuter des missions dans les territoires palestiniens, a rapporté mercredi soir la radio publique israélienne. Ces pilotes, de l'armée régulière et du cadre de réserve, ont remis récemment une pétition en ce sens au général Dan Haloutz, commandant en chef de l'armée de l'air israélienne, a ajouté la radio, sans autre précision. C'est la première fois que des pilotes de l'armée de l'air israélienne signent une telle pétition. Il faut dire que les «meurtres ciblés» d'activistes et de responsables palestiniens font surtout des victimes parmi les civils. Ces opérations, dénoncées par la communauté internationale, sont généralement menées par l'armée de l'air au moyen d'hélicoptères de combat et, parfois, de chasseurs bombardiers. Comme le 23 juillet 2002 où Sharon avait ordonné le larguage d'une bombe d'une tonne sur Gaza, tuant 15 personnes, dont 8 enfants (dont 2 bébés).
Rappelons que plus de 1'100 soldats israéliens, tout en réaffirmant leur attachement à leur patrie, ont refusé de servir dans les territoires palestiniens (>>1 /// >>2 /// >>3)

 

 

Analyses

- Norman Finkelstein au sujet du conflit israélo-palestinien Extrait: «Déjà, lors de l'été 2000, le Groupe d'Information «the authoritative Jane" avait annoncé qu'Israël avait achevé la planification d'une invasion massive et sanglante des Territoires Occupés. Mais les Etats-Unis ont mis leur véto au plan et l'Europe a également émis sa totale opposition. Cependant, après le 11 Septembre, les États-Unis ont suivi Israël. En effet, le projet de Sharon d'écraser les Palestiniens allait essentiellement dans le même sens que celui de l'administration américaine qui désirait exploiter l'atrocité du World Trade Center pour éliminer les derniers restes de résistance arabe à la domination totale des États-Unis. (...) Avec un feu vert des États-Unis, tout ce dont a besoin maintenant Israël est un prétexte. De manière prévisible, les assassinats des leaders Palestiniens se sont intensifiés dès qu'il y avait une accalmie dans les attaques terroristes palestiniennes. (...) En effet, Israël a désespérément cherché cette réponse sanguinaire. Une fois que les attaques terroristes palestiniennes aient atteint le seuil desirable, Sharon pouvait déclarer la guerre et continuer à annihiler la population civile palestinienne essentiellement sans défense.» (>>Lire le texte)

- Contrôle social violent Sur le site du CIRPES, Saïda Bédar, chercheuse à l'Ecoles des hautes études sociales de Paris, postule que l'Etat hébreu a mis à profit le processus d'Oslo pour un repositionnement stratégique, passant de la guerre coloniale à la doctrine du contrôle social violent. La stratégie d'Israël dans les territoires occupés: le pari de la "guerre ingagnable" (français).

- AL Domi Sur geostrategics, en revanche, Gérald Fouchet professe que le conflit est en perte d'importance géostratégique pour les Américains qui préfèrent jouer la carte des Etats arabes, et que d'autres facteurs comme la poussée démographique arabe contraindra Israël à la paix. Israël risque-t-il de disparaître? Réflexion géostratégique sur la nouvelle intifada. Une thèse défendue dans Al Domi, ou l'incertaine survie de l'Etat juif, par une association juive, le B'naï Brith.

 - Déchaînement du Mal

Petites phrases...

«Le président américain George W. Bush mène la lutte contre le mal et le terrorisme pour préserver les valeurs démocratiques. Nous, en Israël, nous luttons contre le terrorisme depuis plus d'un siècle»
Ariel Sharon
, 11 septembre 2002

«La guerre d'indépendance de 1948 n'est pas achevée. Non. 1948 n'était qu'un chapitre.»
Ariel Sharon, au lendemain de son élection, Ha'aretz, 12 avril 2001 (Israël contre Israël, Le monde diplomatique, janvier 2002)

A propos de la résurgence, dénoncée par Israël, de l'antisémitisme en Europe «Ce qui est inquiétant, c'est que les critiques les plus vives sont exprimées par des cercles qui sont les amis traditionnels d'Israël, et ces critiques ne portent pas sur l'Etat d'Israël ou sur son peuple mais sur la politique actuelle. Si nous les mettons automatiquement dans la catégorie de l'antisémitisme, nous serons complètement à côté de la plaque et, à long terme, nous ne ferons que porter atteinte à nous-mêmes. Lorsque la France a été condamnée par le monde pour la guerre qu'elle menait en Algérie, personne n'a dit que ces critiques étaient du racisme antifrançais, et l'on n'a pas non plus parlé de racisme à propos des critiques de la guerre américaine au Vietnam, ni dans le cas du comportement de Milosevic en Serbie. Nous ne sommes plus des juifs effrayés dans le ghetto (...). Il n'y a aucune raison que nous ne puissions pas faire face à ces critiques, même les plus mordantes et les plus douloureuses .»
Avi Primor, ancien ambassadeur israélien en Allemagne et auprès de l'Union européenne, actuellement vice-président de l'université de Tel Aviv,  Ha'aretz, 12 mai 2002.

«Massacrer des civils innocents revient à violer le droit international et à compromettre la légitimité de la cause que l'on prétend défendre.» 
Kofi Annan, Genève, vendredi 12 mai 2002.

«Pour permettre de progresser vers ces objectifs partagés [de paix au Proche-Orient], nous réaffirmons que la résolution 1402 du Conseil de sécurité doit être pleinement et immédiatement appliquée, comme le réclame la résolution 1405 du Conseil de sécurité de l'ONU.»
Appel de Madrid, 10 avril 2002 
(Extrait de l'appel conjoint des Etats-Unis, de l'Union européenne, de l'ONU et de la Russie sur le Proche-Orient)

«Les Européens aujourd'hui ne sont pas d'accord avec la politique de la Maison-Blanche au Proche Orient et considère que c'est une erreur de soutenir la politique de pure répression d'Ariel Sharon.» L'isolement du président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, «est une erreur de plus».
Hubert Védrine
, chef de la diplomatie française France Inter, le  6 février 2002.

«Pour ce qui me concerne, vous pouvez le [Yasser Arafat] pendre!»
Dick Cheney
, vice président américain, lors de la visite de Sharon à Washington (24 heures, 9 février 2002).

«Ce qui est à peu près sûr c’est qu’à moyen terme le Royaume de Jordanie sautera .Ils tenteront d'y mettre les Palestiniens mais ça ne marchera pas.»
Un diplomate sous couvert d'anonymat, octobre 2001.

«L'évacuation de la moindre colonie n'est absolument pas envisagée à Gaza comme en Cisjordanie puisqu'elles ont toutes une importance sioniste. (...) La guerre d'indépendance n'est pas encore terminée.»
Ariel Sharon, The Jerusalem Post, 24 mars 2001


Contact, infos