Quand une quenelle fait trembler le Système 

09/01/2014 On n’en finit plus de s’effarer. Depuis quelques semaines, tout le gotha politico-médiatique de la République française est mobilisé dans une guerre totale non pas contre la pauvreté ni contre le chômage, l’injustice sociale ou les banksters, mais contre les quenelles de l’humoriste Dieudonné M’bala M’bala. Un lynchage qui unit indistinctement dans la même hystérie l’Elysée et l’immense majorité de la classe politique ; mais surtout toutes les rédactions dite «de référence», de Libé au Figaro en passant par le Nouvel Obs jusqu’au nauséabond Charlie Hebdo. Le Système dans toute sa splendeur donc, avec sa pensée unique et son agressivité quasi stalinienne, une fois tombés les masques parfaitement faussaires des pseudos «sensibilités politiques» censées témoigner de son caractère vertueusement démocratique.

Un incommensurable aveu de faiblesse
L’objet du délit est donc la fameuse quenelle ? Cette sorte de bras d’honneur anti-Système
inventé par Dieudonné et que tous les mécontents, les laissés-pour-compte, les indignés, les insoumis ou les simples rigolards de la République s’amusent désormais à propager pour dire en substance à leur élite dirigeante qu’elle aille tout simplement «se faire f… ». Pas très élégant certes, mais finalement de bonne guerre face à un Président-Poire, un Gouvernement-Poire, un Parlement-Poire, une intelligentsia-Poire vivant en vase clos hors du monde où se débat le peuple qu’ils sont censés représenter.
Sauf que voilà, l’humoriste ayant fait d’Israël en général, et des sionistes en particulier, sa principale tête de turc, l’homme et sa quenelle ont rapidement pu être dénoncés comme antisémites et le lynchage a pu commencer. Désormais, ses spectacles
sont interdits les uns après les autres (1) et la quenelle est désormais criminalisée. Deux Lycéens ont en effet été placés en garde à vue mercredi pour «apologie de crime contre l’humanité» après qu’ils eurent osés une quenelle dans les couloirs de leur Lycée.
On croit rêver.
Même l’un des principaux sites de la dissidence américaine,
CounterPunch (texte en français), s’est saisi du phénomène et on le comprend. Car quel incommensurable aveu de faiblesse de la part d’un pouvoir politique que de sombrer dans de tels excès, de faire d’une quenelle son ennemi public numéro un.

Fracture
Quant à savoir si l’humoriste et sa quenelle sont antisémites ou non ; ou dans quelle mesure ou proportion ; ou pourquoi ou comment, franchement, nous n’en avons strictement rien à faire. Les arguments contraires s’opposent et s’annulent sur cette question, la rendant négligeable et c’est à chacun de se faire
sa propre opinion.
Le fond de l’affaire, pour nous, est la confirmation d’une fracture de plus en plus claire, de plus en plus nette, de plus en plus profonde entre le pouvoir et les médias-Système d’un côté, et de l’autre une large partie du peuple qui, des bonnets rouges aux quenelles, semble chercher le meilleur moyen d’afficher son ras-le-bol, son rejet de tout ce que cette élite incarne de fausseté et d’iniquité.
La quenelle est en ce sens un geste puissamment anti-Système, puissamment populaire, que toute criminalisation ne fera donc que renforcer, propager. Augmentant d’autant le désordre ambiant, la grogne ambiante.
Emporté dans son hystérie stalinienne, le pouvoir a ainsi décidé d’étouffer le phénomène de la quenelle en s’asseyant dessus de tout son poids.
La manœuvre risque d’avoir des conséquences
douloureuses.

(1) En Suisse, à Nyon, où l’humoriste joue à guichets fermés en février prochain, une telle interdiction a toutefois été rejetée : «On ne peut pas le condamner à l'avance, a expliqué le responsable de la culture de la ville. Nous sommes dans un état de droit.» Une notion très facilement oubliée par l’élite-Système française.

entrefilets.com, mis en lligne le 9 janvier 2014 à 18h20