Quand la réalité virtuelle ne souffre pas d'être remise en cause

 01/10/2009 Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la construction de la réalité virtuelle dans laquelle vit notre fameuse élite politico-intello-médiatique ne nécessite aucune imagination.
Donc concernant la représentation officielle de la crise iranienne, revoici les mêmes ingrédients que pour l’Irak : un régime diabolique ; des ADM version nucléaire cette fois ; une menace contre un allié, israélien cette fois ; et nous, après tant de mains tendues, contraints, la mort dans l’âme, d’envisager une graduation des sanctions jusqu’à l’action militaire salvatrice d’une civilisation des lumières menacée d'extinction par la barbarie intrinsèque de l'Iran.
Zélés comme jamais dans cette affaire grâce à l'aiguillon sioniste (il faut sauver Israël !), les dociles éditorialistes du système rivalisent donc d'hystérie dans la propagation de ce nouveau mythe, multipliant les lectures d'apparences savantes, mais parfaitement pathologique, de la politique iranienne pour charpenter le construction.
Bien sûr, dans le réel, rien ne prouve à l’heure actuelle que l’Iran veuille se doter de l’arme nucléaire, et cela même si face à un ennemi aussi paranoïaque et dangereusement belliqueux que l’Etat hébreu, la chose paraîtrait parfaitement légitime dans un souci logique de dissuasion. De plus, jamais l’Iran n’a objectivement proféré de menace existentiel contre Israël, se bornant à souhaiter ouvertement, comme nous d’ailleurs, la chute du régime sioniste, c'est-à-dire un changement radical de sa politique d’Etat-Boucher.
Mais qu’à cela ne tienne, la réalité virtuelle dans laquelle vit notre élite bien pensante est virtuelle justement, donc imperméable ni aux faits ni à la raison. Il n’est d’ailleurs pas question de la remettre en question sous peine d’excommunication. Un lecteur du Figaro vient d'en faire l'édifiante expérience.
Suite à un article dans lequel le quotidien dénonçait les propos forcément antisémite d'Ahmadinejad devant les Nations-Unies, cet internaute raconte: « Un peu fâché de lire un article et son titre dans le Figaro au sujet des « provocations » du Président iranien à la tribune des Nations-Unies, j’ai voulu dire un mot sur le forum. Je notais que le discours [d’Ahmadinejad] était assez sobre, certes très critique des Occidentaux mais jamais insultant ou semblant prêcher la «destruction d’Israël», comme l’affirment péremptoirement nos quotidiens depuis deux ans alors que jamais ceci n’a été, nulle part, dit par le Président Ahmadinejad. Il ne s’est agit, depuis le début que du «régime sioniste», ce qui a peu à voir, vous en conviendrez, avec une population, un territoire ou même un Etat. J’ai donc, poliment, remarqué cela et ajouté une référence à un sondage publié à Washington par le très sérieux « World Public Opinion » qui a étudié la réaction de l’opinion iranienne et découvert que 83% des Iraniens considèrent que Mahmoud Ahmadinejad est le président légitime de leur pays et que 83% (également) ont «confiance» dans les résultats de l'élection présidentielle du 2 juin. Voici ce qu’on m’a répondu: « Merci pour votre participation sur lefigaro.fr. Votre message et/ou contenu a été modéré. Les propos résolument agressifs dirigés à l’encontre d’une marque, d’un produit, d’un organisme, ou d’une personne ne sont pas admis sur cet espace. L’agressivité est proscrite de la ligne éditoriale lefigaro.fr. »
No comment.