2013, et le dernier pied de nez de Mandela

11/12/2013 Si Nelson Mandela avait pu voir ce parterre de roitelets atlantistes dégouliner d’hypocrisie pour capitaliser sur sa dépouille, pour le récupérer, se l’approprier, pour l’incorporer, il leur aurait sans doute décoché un indéchiffrable sourire plein de compassion désolée comme d’autres, moins élégants, leur auraient consenti un crachat. Car il y avait nécessairement quelque chose d’obscène à voir les va-t-en-guerre Obama, Hollande, Sarkozy ou même Clinton et Bush célébrer le libérateur de l’Afrique du Sud alors qu’eux-mêmes sont les promoteurs infatigables et zélés de l’apartheid israélien, en plus d’être les principaux fossoyeurs des peuples irakien, libyen, libanais ou syrien. C’est qu’en cette fin d’année 2013 marquée par une accélération spectaculaire de la crise d’effondrement du Système dont ils sont les hérauts, l’occasion était trop belle de laisser croire à leur propre vertu en célébrant celle de Mandela, suggérant par-là que son combat était le leur, sa cause la leur, sa vertu la leur. Vaste fumisterie qui seulement en tant que telle aura recelé une part de vérité sur les écrans cathodiques de l’appareil à enfumer du Système.

Comme un miroir inversé
Homme passionnément anti-Système, Nelson Mandela semble ainsi avoir voulu nous tendre un dernier miroir inversé, comme on fait un dernier pied de nez. Et le grand show de révéler alors en cinémascope toute la fourberie et la fausseté de cette élite ridicule rampant sur cette sublime terre d’Afrique où ils ont fait et font encore couler tant de sang et d’injustice, pour tenter de ramasser quelques miettes de sa gloire.
Bref, vous l’aurez compris, nous avons vu dans «l’hommage planétaire» façon CNN rendu à Mandela non pas une reconnaissance
authentique, humble et fraternelle de l’œuvre et de l’homme, mais un simple show à l’américaine, une pure opération de prestidigitation médiatique destinée à faire rejaillir l’aura éblouissante de cet homme hors du commun sur la pègre atlantiste. Tout cela en évitant bien évidemment de s’attarder sur les positions anti-Système du héros africain, comme lorsqu’il déclarait notamment: «Nous savons très bien que notre liberté ne sera jamais complète sans celle des Palestiniens» ; ou encore: «S’il y a dans le monde un pays qui a commis les pires atrocités, ce sont les Etats-Unis. Ils ne se soucient pas des êtres humains».
Ceci dit, le miroir inversé tendu par Nelson Mandela nous donne aussi  l’occasion d’enchaîner sur un petit bilan de fin d’année avec un millésime 2013 qui, comme attendu, aura été le théâtre d’une accélération formidable de la crise d’effondrement du Système.

De l’internationale terroriste…
Le monstrueux ratage de la guerre contre la Syrie, avec ses 130'000 morts inutiles et la destruction d’un patrimoine mondial irremplaçable, aura été le Grand-Œuvre du Système pour la période 2012-2013.
Depuis le constat d’échec de cette tentative de regime-change, le Bloc atlantiste se retrouve même dans une situation kafkaïenne, bien que largement prévisible.
En effet, après avoir acheminé (Turquie-Jordanie), financé (Arabie Saoudite), entrainé (CIA-Mossad-MI6) et armé (US-F-GB) une
fantastique «internationale terroriste» pour abattre Bachar el-Assad, la priorité des priorités est désormais de s’en débarrasser avant qu’elle ne retourne ses armes contre lui. Du fait notamment que des milliers de combattants sont venus d’Europe où ils finiront tôt ou tard par retourner avec armes et bagages pour y propager la bonne parole des takfiristes.
Or la tâche s’annonce ardue, même avec l’aide (eh oui…) de Bachar el-Assad. Car grâce à la guerre en Libye – une autre des divines victoires du Système– cette internationale jihadiste dispose désormais d’un
armement fabuleux tant en quantité qu’en qualité : missiles sol-air Stinger capables d’abattre n’importe quel avion de ligne ; explosifs de dernière génération ; armes chimiques dont le fameux gaz sarin qui a servi à la vraie-fausse attaque chimique à Damas, bref, de quoi semer toute la terreur possible, y compris dans le Bloc occidental contre lequel ces jihadistes ne manqueront pas de se retourner.
Si on avait voulu s’assurer 15 ans de véritable «war on terror» cette fois, on ne s’y serait pas pris autrement.
Sur le volet moyen-oriental, s’ajoute encore la crainte de voir aujourd’hui l’Etat-voyou israélien, avec le soutien de son nouvel allié saoudien (les grands perdants du renoncement US à écraser l’Iran donc), perpétrer
un nouveau massacre au Liban pour faire diversion et redistribuer les cartes régionales à l’heure du retour de Téhéran dans le «concert des nations».
Pour Tel-Aviv, la tentation est en effet grande d’attaquer le Hezbollah alors qu’une partie de ses troupes est mobilisée sur le front syrien.
D’un point de vue général, on constate que les interventions extérieures du Bloc atlantiste ces vingt dernières années n’ont généré que destructions, instabilité, massacres et chaos partout où elles ont eu lieu, malgré leurs vertueux mobiles.
Quant aux guerres parisiennes initiées par Sarkozy en Libye et poursuivies avec zèle par Hollande sous le masque vertueux que l’on sait, elles ne manqueront certainement pas d’ajouter in fine au chaos général du tableau atlantiste.
Superbe bilan décidément.

…au virus Snowden
L’autre puissante force de désintégration du Système aura bien évidemment été l’affaire Snowden et ses révélations dévastatrices sur le Big Brother US. Révélations appelées à se poursuivre et à
gagner en intensité.
Les dégâts sont déjà considérables pour les Etats-Unis, matrice du Système, que seuls ses laquais européens soutiennent encore.
Conspué à l’extérieur, rongé de l’intérieur, Washington avance donc ainsi cahin-caha sur la route du shutdown définitif.
De son côté, l’Europe se délite sous la poussée d’eurosceptiques de plus en plus convaincus, de plus en plus nombreux, de plus en plus résolus.
Bref, le Système atlantiste semble entrer en phase d’implosion, avec un constat d’échec retentissant de sa vertueuse occidentalisation du monde, c’est-à-dire l’incorporation par la force de toutes les nations dans une Grande Société Unique soumise à la dictature des marchés et des «surmorts» de la finance.
L’impasse est totale et, en 2014, le désordre ne pourra que grandir à mesure.

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