Stratégie du fou contre l’Iran, ou véritable pathologie?
18/06 /2010 Ainsi donc, les Européens ont estimé jeudi que de nouvelles
sanctions étaient inévitables contre l’Iran du fait du manque de collaboration
de la République islamique pour « dissiper
les inquiétudes de la communauté internationale concernant la nature de son
programme nucléaire ».
De leur côté, les Etats-Unis ont également annoncé leur propre petite série de
sanctions supplémentaires, histoire sans doute de faire main-basses au passage
sur quelques fortunes iraniennes d’une part, et de casser certaines concurrences
d’autres parts en sévissant contre des entreprises iraniennes.
Premier résultat de cette montée aux extrêmes : la Russie de décolère pas. Elle
qui avait voté les sanctions à reculons pour des raisons tactiques, s’étaient
sans doute vu promettre par les Occidentaux qu’ils ne rajouteraient pas une
couche à la résolution. Mais les promesses n’engageant que ceux qui y croient…
Et le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, de remettre
en cause sa future collaboration avec le bloc occidental sur le sujet du
nucléaire iranien.
De leur côté, malgré leur habituelle réserve, les Chinois n’en pensent sans
doute pas moins.
Stratégie du fou ….
La rapidité de cette montée aux extrêmes occidentale a de quoi inquiéter.
Empêtrés dans
une crise sans précédent que même les statistiques bidouillées ne
parviennent plus à masquer, englués dans un
Oil Spill échappant à tout contrôle et renforçant massivement les forces
centrifuges qui rongent le pays (cf.
Tea Party), les ultras étasuniens caresseraient-ils l’idée qu’une petite
guerre régionale produirait un écran de fumée bienvenu ?
Et les Européens ? Egalement laminés par une crise qui a poussé nombre d’Etats
aux portes de la cessation de paiements, où la contestation gronde au moment où
l’on force le contribuable à éponger les dettes des spéculateurs, seraient-ils
également tentés par un petit écran de fumée face à un avenir si incertain?
Pour certains observateurs, cette stratégie du fou, concertée au sein d’un bloc
occidental affolé par la
profondeur de la crise, est une
réalité.
… ou véritable pathologie…
Mais à dire vrai, au vu de l’état de délabrement avancé dans lequel se
trouve la psychologie de l’élite occidentaliste, il nous paraît fort peu
probable que cette stratégie du fou soit consciemment envisagée, soit le fruit
d’un plan concerté.
En revanche, il nous paraît tout à fait possible, et même assez certain, que
cette montée aux extrêmes occidentale obéisse à des mécanismes plus proches de
la pathologie que de la stratégie.
Avec, cela dit, le même potentiel dévastateur.
… et toujours la paranoïa israélienne en
embuscade
Car, encagée dans sa propre pathologie
paranoïaque, l’Etat hébreu
jubile
toujours davantage de constater qu’il peut pleinement compter sur aussi malade
que lui. Incontestablement, la résolution onusienne et cette nouvelle série de
sanctions occidentales ouvrent en effet une « fenêtre d’opportunité » pour des
frappes israéliennes contre les installations iraniennes.
Reste que cette guerre, si elle devait survenir, sera sans doute ni courte ni
joyeuse, et pourrait même précipiter l’effondrement de ceux qui pensent
naïvement aujourd’hui pouvoir en contrôler les contours.
Le Bloc occidental, héraut autoproclamé des droits de l’homme, de la liberté, de
la démocratie et de la paix dans le monde, en passe de devenir l’instrument du
chaos ? L’ironie de l’Histoire est décidément sans limites.
PS : repérage : à lire absolument la
lettre ouverte de Diana Johnstone à Noam Chomsky, faisant suite à sa
récente
visite à Paris.