barbarie israélienne et nouvelle donne régionale

19/11/2012 Ecraser sous un tapis de bombes une prison à ciel ouvert où croupissent un million et demi de civils: personne n’avait encore osé, pas même l’ancien régime d’apartheid d’Afrique du Sud. Rien qu’aujourd’hui, une trentaine de civils palestiniens ont été tués à Gaza. Il n’y a bien sûr rien de particulièrement nouveau sous le soleil de Palestine en la matière, puisque le racisme et l’impunité totale de l’Etat-voyou israélien nous ont habitués à ce genre d’exploit militaire depuis des décennies. Une fois de plus, face à l’abjection et au terrorisme d’Etat sionistes, nous sommes donc plus que jamais Tous Palestiniens ! Reste que cette équipée sanglante israélienne intervient dans un climat totalement nouveau au Moyen-Orient, et devrait provoquer une redistribution des cartes dans la région, avec de probables implications sur la crise syrienne.

Virage turc ?
Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan ne fait ainsi pas dans la dentelle. Depuis le début de l’opération, il multiplie les interventions et les prises de positions en faveur de «nos frères de Gaza et de leur juste cause», accusant ni plus ni moins Netanyahou d’avoir lancé l’opération à des fins purement électoralistes, comme il l’avait fait avec l’opération «Plomb durcit» de janvier 2009.
Erdogan semble désireux de renouer avec l’attitude frontalement anti-israélienne qu’il avait adoptée à cette époque, et qu’il avait d’ailleurs considérablement renforcée après l’assassinat, le 31 mai 2010, de 9 humanitaires turcs par les coupe-jarrets israéliens lors de l’arraisonnement du
Mavi Marmara. Sauf que depuis, la crise syrienne passant par-là, Erdogan s’était enlisé dans une politique aveuglément pro-occidentale, en rupture complète avec sa base électorale.
La virulence de ses prises de position (il qualifiait hier à juste titre
Israël d’Etat terroriste) préfigure donc peut-être un désengagement de cette politique pro-occidentale suicidaire en faveur d’un repositionnement de sa politique sur une ligne plus traditionnellement «pro-arabe», avec de probables implications sur la crise syrienne.

L’Occident perd l’Egypte
Du côté de l’autre poids-lourd de la région, l’Egypte, le nouveau président Morsi se montre lui aussi d’un activisme redoutable contre Israël, qualifiant notamment l’attaque sioniste d’«agression contre l’humanité».
Morsi est par là en train de confirmer le réajustement de la politique égyptienne vis-à-vis d’Israël. Qu’il le veuille ou non d’ailleurs, il ne peut tout simplement pas décevoir la rue qui l’a porté au pouvoir.
Durant trente ans, les Egyptiens ont en effet dus, toute honte bue, subir un diktat occidental qui obligeait l’Egypte à jouer jusqu’aux supplétifs de l’armée israélienne à la frontière de Gaza.
Et quand bien même les USA et l’UE tentent-t-ils aujourd’hui de l’acheter
à coup de milliards de dollars et d’euros, Morsi ne pourra pas se contenter de leur obéir. S’il n’ira pas jusqu’à dénoncer le Traité de paix qui lie l’Egypte à Israël, il vient au moins de montrer que la rupture est désormais totale, complète et définitive avec l’ère Moubarak sur le dossier israélien. Dès le début des frappes, il a ainsi ouvert le passage de Rafah et a même laissé quelque 500 activistes égyptiens entrer à Gaza avec des fournitures médicales. Absolument impensable du temps du Raïs. L’occident et Israël viennent donc de perdre l’Egypte.
Là encore, il n’est pas impossible que Le Caire réajuste aussi sa position dans la crise syrienne, le régime de Damas étant également visé par l’Etat hébreu.

Le Qatar H.S.
Indirectement, la nouvelle boucherie engagée par Israël à Gaza pousse donc Erdogan et Morsi, qui font d’ailleurs
front commun sur le plan diplomatique, à redéfinir ou radicaliser leur politique régionale, les rapprochant au passage des positions russes.
Mais il reste encore à observer le destin tortueux du Qatar dans cette affaire.
Principal allié, avec l’Arabie saoudite, de l’Occident et d’Israël dans la région, l’Emirat est aujourd’hui disqualifié. Les Iraniens n’ont en effet pas manqué de faire savoir que c’est sans doute
grâce à la visite de l’Emir à Gaza que l’entité sioniste a pu localiser les leaders du Hamas abattus ensuite. Une casserole parmi d’autres qui rend difficile le réalignement de l’émirat en faveur des «frères de Gaza». Là encore, la pression de la rue arabe risque donc de discréditer plus avant encore l’Emirat, le réduisant à une impuissance grandissante, notamment dans l’affaire syrienne où il joue les pyromanes pour le compte de l’Occident justement…
Au final, la sanglante aventure de l’Etat hébreu est donc en train de redistribuer les cartes dans la région, et certainement pas en faveur de l’Occident pro-israélien.

Mobilisation
Mais en attendant de savoir su quoi tout cela va déboucher, l’urgence est pour l’heure à la mobilisation générale et au boycott contre
le principal Etat-voyou du Moyen-Orient.
Et pour couper court à la narrative indécente que l’Etat hébreu nous assène depuis un demi-siècle de barbarie, il faut le répéter inlassablement : oui, messieurs les assassins, oui, messieurs les bailleurs de fonds des criminels de guerre sionistes : jusqu’à ce que l’oppression cesse, les Palestiniens ont parfaitement «le droit de se défendre».