Complot cosmique contre Israël
La montée aux extrêmes a été fulgurante. Désormais le
torchon brûle entre les Etats-Unis et Israël. Il brûle vite, fort et bien.
Obama s’était pourtant plié aux injonctions de l’Etat-voyou israélien relayées à
Washington par son puissant Lobby sionniste AIPAC. Et l’on pensait que les
choses allaient en rester là, que BHO, après avoir tenté de bomber le torse, se
remettrait de son voyage à Canossa, acceptant de jouer les pare-feux à l’ONU à
chaque colonisation, à chaque massacre, comme tous ses prédécesseurs.
Repue de sa victoire, l’aile droite de Parano-Netanyahou s’était même permis de
« cracher
au visage » du vice-président américain Biden, histoire sans doute de
marquer un peu plus son territoire. Bien sûr, la Maison-Blanche avait gesticulé,
comme d’habitude, et l’on pensait en rester là, comme d’habitude.
Curieusement, c’est au Pentagone que s’est levée la tempête. Habituellement
fidèle allié d’Israël, dont la guerre avec ses voisins constitue un champ
d’expérimentation idéal pour ses nouveaux joujoux, Moby Dick a pourtant tiré le
frein à main avec une brutalité de prime abord déconcertante.
Le 16 mars dernier, le
général David Petraeus lui-même a ainsi déclaré devant le Congrès. «Les
hostilités entre Israël et ses voisins freinent notre capacité à faire avancer
nos intérêts dans la région. Le conflit israélo-palestinien encourage quant à
lui l’anti-américanisme, en raison de la perception d’un favoritisme américain à
l’égard d’Israël. La colère arabe que suscite la question palestinienne porte
aussi préjudice à l’entente entre le gouvernement américain et les peuples de la
région. De surcroît, elle affaiblit la légitimité des régimes modérés. Pendant
ce temps, Al-Qaïda et d'autres groupes armés exploitent cette colère pour
mobiliser leur base de soutien. Enfin, le conflit conforte aussi l'influence
iranienne auprès du Hezbollah libanais et du Hamas».
C’est inédit.
C’est énorme.
C’est historique.
Non pas que ce qui est déclaré ici soit nouveau, mais c’est que le général qui
le dit n’est pas, mais alors vraiment pas n’importe qui. Il dirige le CENTCOM,
l'Etat-major central qui chapeaute notamment les opérations américaines en
Afghanistan, au Pakistan et en Irak. C’est ce que l’on appelle une huile. Une
huile a qui l’on prête d’ailleurs la qualité de « présidentiable ». Rien que ça.
Ses déclarations doivent donc être comprises comme relayant l’opinion
majoritaire qui prévaut dans l’establishment du Pentagone.
Pour Israël, le coup est dur, très dur.
Pour Obama, ce soutien est une surprise inespérée, qui peut le conduire à
relancer le bras de fer avec Tel-Aviv. D’ailleurs, dix jours après la bombe de
Petraeus, la rencontre entre BHO et Netanyahou a viré au cauchemar pour le
premier-ministre israélien. Après avoir constaté que l’extrémiste campait sur
ses positions, Obama l’a tout bonnement laissé
dans les mains de ses conseillers pour aller dîner avec sa femme et ses
filles en lançant : «S’il y a du nouveau,
qu’on me le fasse savoir».
Le lendemain, le Maariv estimait « qu’aucune
humiliation n’avait été épargnée au chef d’Etat israélien qui a reçu le
traitement habituellement réservé au Président de la Guinée Equatoriale. »
Effectivement, c’est là encore du jamais vu !
Alors pourquoi l’offensive du Pentagone ?
Il faut rapprocher les déclarations de Petraeus d’un article publié début mars
sur
Antiwar.com, article relayant les impressions
de l’amiral Mike Mullen qui revenait catastrophé d’un voyage en Israël, car
convaincu que Netanyahou s’apprêtait à provoquer un incident dans le Golfe
persique pour
déclencher une riposte à laquelle les Etats-Unis seraient bien sûr
conviés. C’est ce que l’on appelle la stratégie de l’allié en rupture de ban.
Or le Pentagone n’en peut plus. La machine est grippée. Il gère tant bien que
mal les désastres irakien et afghan à flux tendus mais ne peut absolument pas se
permettre de se laisser entraîner dans une nouvelle aventure militaire par
l’Etat hébreu.
L’avertissement indirect de Mullen, puis les déclarations tonitruantes de
Petraeus semblent montrer que l’establishment militaire US mesure désormais
l’ampleur de la crise qui ronge Moby Dick et tient à fixer une ligne rouge à son
imprévisible allié.
Sauf que Netanyahou est un malade. La chose n’est pas dite comme une insulte,
mais comme un
simple constat. M. Netanyahou est véritablement malade, malade de cette
paranoïa qui enferme Israël encore davantage que le Mur n’enferme les
Palestiniens.
C’est pourquoi l’hostilité soudaine du Pentagone devrait plonger encore un peu
plus profondément Netanyahou dans son délire de complot désormais cosmique
contre Israël.
En proie à une tension de plus en plus insoutenable à mesure que le bras de fer
se poursuivra, il est possible que notre malade envisage alors l’attaque de
l’Iran comme sa seule porte de sortie pour briser l’engrenage, comme la seule
diversion possible pour rétablir la situation d’origine en forçant les
Etats-Unis à revenir à l’union sacrée.
Sur le papier le calcul n’est pas incompréhensible. Dans la réalité, il est
totalement fou.
Mais nous parlons d’Israël en général, et de Netanyahou en particulier.