Le crime organisé au secours du système

16/12/09 C’est peu dire que le modèle économique qui domine aujourd’hui est un système amoral. Plus que les raisons de la crise elle-même, les mesures prises pour la « contrer » en ont offert la plus éclatante des preuves puisqu’il s’est agit, grosso modo, de vider les poches des contribuables pour renflouer les caisses des financiers véreux responsables de la banqueroute mondiale. Au final, sans doute le plus fabuleux hold-up de tous les temps opéré à l’échelle planétaire par Wall Street et la City. Un hold up au demeurant avalisé par le G8, le G20 bref, un hold up avec les lettres de créances du système. Rien de surprenant donc à ce que dans un pareil climat, le crime organisé se sente comme un poisson dans l’eau.
Le directeur du service des drogues et du crime de l’ONU ne dira pas le contraire, lui qui nous apprend que l’argent du crime organisé a permis de sauver les banques au pire moment de la crise.
On a tout de suite envie de dire, no comment, la boucle est bouclée, c’est une affaire de famille, bravo l’artiste !
Relevons tout de même que si tout cela n’est pas une surprise, dans un système qui considère les catastrophes naturelles comme bénéfiques pour doper la Consommation, cela atteste au moins du rôle officiel, utile, reconnu et accepté de l’argent du crime en tant que carburant comme un autre dudit système.
C’est que dans sa version ultime, le capitalisme s’est depuis longtemps affranchi des scories morales ou éthiques de sa matrice humaine. Il évolue désormais en toute liberté, soumis aux seules règles de sa mécanique destructrice. Aujourd’hui, on peut dire que la perfection du système est telle qu’aucune distinction n’y est plus pertinente entre argent et argent sale, entre crime et business, distinctions trop « humaines » pour concerner un système libéré de ces notions justement.
Dans ce grand espace de « liberté », la concorde entre financiers et gangsters s’explique donc aisément. Les voleurs, trafiquants de drogue et autres proxénètes ont en effet en commun avec tous les financiers de la planète (en dehors des instituts bancaires auxquels ils confient leurs avoirs bien sûr), leur foi en l’argent, leur foi dans le profit à court-terme, leur foi dans l’enrichissement comme ambition la plus haute, leur foi dans le Veau d’or. Il y a donc une sorte de fraternité « capitaliste » qui pourrait faire dire à ceux qui se croient vertueux au sein de ce système que « les truands sont des camarades qui se sont trompés de méthodes ».
Au final, il est clair que rien désormais ne distingue plus vraiment la Réserve Fédérale de Cosa Nostra ; Wall Street ou la City de la Camorra. L’imbrication est totale, la complicité évidente, les buts communs.
Il y a donc bien, dans l’amoralisme du système comme dans l’acceptation de cet amoralisme par ceux qui le servent, la preuve de la pleine maturité du système, de son achèvement et de la prise de pouvoir de sa mécanique sur l’humanité qui l’a créée.
C’est peut-être là le signe le plus criant de la décadence de notre civilisation.
Bravo l’artiste ?