En 1982, Stratégie pour Israël dans les années 80 (...) Le mythe de l’Egypte, homme
fort du monde arabe, ébranlé en 1956, n’a pas survécu à 1967 ; mais notre
politique et la restitution du Sinaï ont fait d’un mythe un « fait ». Mais
sur le plan réel, la puissance égyptienne, comparée à celle d’Israël seul,
et à celle du monde arabe, a diminué de 50 % depuis 1967. L’Egypte n’est
plus la première puissance politique du monde arabe, et elle est à la
veille d’une crise économique. Sans aide extérieure, la crise va se
produire incessamment. A court terme, grâce à la reprise du Sinaï,
l’Egypte va marquer quelques points, mais seulement jusqu’en 1982 ; et
cela ne modifiera pas à son avantage le rapport de forces mais pourrait
même entraîner sa ruine. L’Egypte, dans sa configuration intérieure
actuelle est déjà moribonde, et plus encore si nous prenons en compte la
rupture entre Chrétiens et musulmans qui va croissant. Démanteler
l’Egypte, amener sa décomposition en unités géographiques séparées : tel
est l’objectif politique d’Israël sur son front occidental, dans les
années 1980. L’Egypte est effectivement déchirée. L’autorité n’y est pas
une mais multiple. Si l’Egypte se désagrège, des pays tels que Le front ouest qui, à première
vue, semble poser plus de problèmes, est en fait plus simple que le front
est, théâtre récent des évènements les plus retentissants. La
décomposition du Liban en cinq provinces préfigure le sort qui attend le
monde arabe tout entier, y compris l’Egypte, L’Irak, pays à la fois riche en
pétrole, et en proie à de graves dissensions internes, est un terrain de
choix pour l’action d’Israël. Le démantèlement de ce pays nous importe
plus encore que celui de (...) En ce qui concerne Israël, la distinction entre les régions acquises en 1967 et les territoires qui les prolongent, ou les zones acquises en 1948, n’a jamais eu aucun sens pour les arabes, et s’est maintenant effacée pour nous aussi. Il faut voir le problème dans son ensemble, sur la base de la situation depuis 1967. Quelle que soit la situation politique ou la situation militaire dans l’avenir, il faut qu’il soit clair que le problème des Arabes autochtones ne recevra de solution que lorsqu’ils reconnaîtront que la présence d’Israël dans les zones de sécurité jusqu’au Jourdain indirectement et au-delà constitue pour nous une nécessité vitale, dans l’ère nucléaire que nous allons vivre maintenant. Nous ne pouvons plus vivre avec trois-quart de la population juive concentrée dans une zone côtière, particulièrement vulnérable à l’âge nucléaire. Il faut désormais disperser les
populations, c’est un impératif stratégique. Faute de cela, nous ne
pouvons survivre, quelles que soient les frontières.
Odeh Yinon est journaliste et
ancien fonctionnaire du ministère israélien des Affaires Etrangères. Cet
article, envoyé à |
Le vieil agenda de la dislocation syrienne 17/08/2011
«La Syrie
va se diviser en plusieurs états suivant les communautés ethniques, de telle
sorte que la côte deviendra un Etat allouite chiite ; la région d’Alep, un Etat
sunnite ; à Damas, un autre Etat sunnite hostile à son voisin du Nord :
les Druzes constitueront leur propre Etat, qui s’étendra sur notre Golan
peut-être, et en tout cas dans le Haourân et en Jordanie du Nord. Cet Etat
garantira la paix et la sécurité dans la région à long terme : c’est un objectif
qui est dès à présent à notre portée.»
Si vous pensiez lire l’extrait «fuité» d’un briefing entre barbouzes du
Pentagone et du Mossad, vous avez tout faux ! Il s’agit en fait d’un morceau
choisi d’un article publié en…. 1982, par un ancien fonctionnaire du ministère israélien des Affaires Etrangères,
Oded Yinon, et intitulé «Stratégie pour
Israël dans les années ‘80». Et vous en conviendrez, la chose n’a pas pris
une ride. Pas plus d’ailleurs que dans l’ensemble des propositions qu’il émet en
termes de stratégie israélienne vis-à-vis du monde arabe ou de la colonisation
(lire ci-contre).
Alors pourquoi exhumer ce parchemin ?
Et bien parce qu’il répond partiellement à une question qui nous titille depuis
quelques temps à entrefilets. En
effet, comment expliquer l’immense opération de déstabilisation de
Les ratages égyptien et libyen
Sauf que voilà. Totalement dépassé par l’avènement du Printemps arabe,
Kasher-Rambo, tête de pont du bloc américano-occidental, tente désespérément de
reprendre la main en tentant d’instrumentaliser ce qui peut l’être encore du
Printemps qui secoue une région hautement stratégique. Mais la chose s’avère
compliquée, très compliquée.
En Egypte par exemple, l’Oncle Sam arrose comme à l’accoutumée tous les partis
et groupuscules d’une pluie de dollars en espérant, à termes, s’attirer les
faveurs du vainqueur. Sauf que l’indécence de la manœuvre provoque un
effet boomerang inattendu, et les indignés de
Passons rapidement sur
Pour dix ans de faiblesse
Et venons-en donc à
Un diplomate européen en poste à Beyrouth, fin connaisseur de la région donc,
nous a résumé la chose ainsi : « Il est
vrai que Washington et Tel-Aviv n’ont rien vu venir du Printemps arabe, ni
personne d’ailleurs. Mais ils tentent de prendre le train en marche et, dans le
cas de
Au fond, pour résumer la chose, Kasher-Rambo essaie de transposer la formule
irakienne en Syrie, la guerre totale en moins (la chose étant désormais hors de prix pour un Washington en
banqueroute). Et c’est là que notre parchemin de 1982 nous éclaire à nous
dire ce que pourrait devenir une Syrie disloquée à la faveur d’une
« révolution » téléguidée.
Et notre interlocuteur de préciser que nous verrions alors émerger « un
pouvoir central sunnite fonctionnant sur le modèle de celui de Saad Hariri au
Liban avant que celui-ci ne soit renversé. C'est-à-dire un pouvoir contrôlé par
les capitaux saoudiens et donc, in fine,
aux ordres de Washington ».
Pari hasardeux
Sauf que, là encore, le pari est également hasardeux. Bachar el-Assad a en
effet le soutien des Alaouites bien sûr, mais aussi de diverses minorités du
pays qui, si elles ne sont pas choyées par son régime, semblent préférer le
statuquo et les réformes promises à une éventuelle prise de pouvoir des
islamistes. De plus, il a encore le soutien d’une large bourgeoisie sunnite
qu’il a pris soin de laisser prospérer sous son règne, sans parler de soutiens
internationaux comme ceux de
Il n’est donc pas du tout certain que l’opération de regime change engagée aboutisse, et la stratégie d’US-raël pour les années 2010 en Syrie risque fort de
s’en trouver contrariée avec, à termes, de jolies négociations secrètes pour
rouvrir le dialogue.
Ce qui est certain en revanche, c’est que cette opération de déstabilisation
aura une fois de plus fait couler des flots de sang en pure perte.
« Pour la bonne cause ! Pour la
liberté ! », éructeront tous les BHL du bloc américano-occidental,
autoproclamé « communauté
internationale ».
Certes.
De fait, pour les idéologues hystériques du Système, faire couler le sang des
autres n’est jamais un problème.