Du printemps à l’hiver syrien
11/05/2012 Depuis plus d’un an, les idiots
utiles
des salons parisiens et de la presse-Système n’ont eu de cesse de réclamer la
tête d’un Bachar el-Assad accusé sans nuances de réprimer dans le sang une
opposition bisounours. Délibérément malhonnêtes pour les uns, emportés dans le
romantisme humide et délirant d’un Printemps arabe de papier glacé pour les
autres, ils ont consciencieusement nié les faits, détourné la tête, refusé de
voir que les légitimes protestations populaires du début ont quasi immédiatement
cédé le pas à la violence de groupes armés manifestement prêts à l’action.
Aujourd’hui, quatorze mois après le début de ce Printemps raté, l’épouvantable
boucherie perpétrée jeudi à Damas marque peut-être l’entrée de
La fin du Printemps à Jisr-al-Choughour
Il faut dire que la mauvaise foi des serviteurs zélés de la presse-Système
vaut son pesant de petits carnages. Car enfin, si les deux premiers mois de la
révolte syrienne s’inscrivait bel et bien dans un processus de fronde populaire
bien compréhensible face à un pouvoir policier et déficient, l’équation a très
vite, et très visiblement, évolué dès les premières attaques coordonnées contre
les forces gouvernementales. Deux mois après le début des troubles en effet, la
militarisation de la rébellion était consommée.
- Le 10 avril 2011, 9 soldats étaient ainsi tués dans une embuscade tendue
contre leur bus sur l’autoroute Lattaquié-Tartous dans la région de Banias (côte
méditerranéenne) ;
- Le 6 mai, 10 soldats et policiers, dont 1 officier, étaient tués, et de
nombreux autres blessés à Homs lors de l’attaque d’un poste de contrôle;
- Le 17 mai, 13 soldats étaient tués dans des accrochages à Deraa et Homs, et 8
autres près de Talkalah (près de la frontière libanaise);
- Le 6 juin surtout à
Jisr-al-Choughour
,120 policiers étaient massacrés par une bande armée, dont 80 dans l’attaque de
leur QG.
Mais rien n’y a fait.
Les idiots utiles de la presse-Système
se sont désespérément accrochés aux seuls bilans foireux et à la grille de
lecture partisane du fameux Observatoire syrien des droits de l’homme, officine
de l’opposition travaillant en contact étroit avec les SR Britanniques. En gros,
les gangs armés et les troupes de mercenaires n’étaient ainsi que de simples
déserteurs ; les exactions des montages ; les attentats de faux attentats ; les
hécatombes dans les rangs des forces gouvernementales n’existant tout simplement
pas.
Des mois durant, nos pseudo-journalistes ont ainsi tout fait pour justifier leur
narrative, sélectionnant soigneusement l’information ou la manipulant carrément
pour ne pas contrarier le catéchisme officiel.
Fuite en avant idéologique
Aujourd’hui encore, la «grande presse» poursuit sa fuite en avant
idéologique. Si L’Express se
contorsionne ainsi jusqu’à la nausée après le massacre de Damas,
Le Monde lui dispute la palme de la mauvaise foi. Contraint de faire le
détail du carnage, il se fend tout de même d’un paragraphe conclusif bien
formaté pour tenter de dire à ses derniers lecteurs ce qu’il faut penser de
l’affaire: «Le régime de Bachar Al-Assad
est confronté depuis près de quatorze mois à une révolte populaire qu'il refuse
de reconnaître et réprime dans le sang. Il accuse des «terroristes» d'être à
l'origine des violences dans le pays et de commettre ces attentats. L'opposition
accuse de son côté le régime de «fabriquer» ces attentats.»
Nous l’avons dit : il y a d’un côté des idiots utiles délibérément malhonnêtes
qui ne font que promouvoir les thèses bellicistes du Bloc atlantiste
(pour lequel l’effondrement de
Chacun saura où se trouve qui.
Le début de l’hiver à Damas
Aujourd’hui, la situation paraît désespérée. Grâce à l’intervention
franco-atlantiste en Libye, ce sont désormais
des flots d’armement qui parviennent quotidiennement aux groupes armés
syriens et aux mercenaires à l’œuvre dans le pays.
Le spectre de la guerre civile totale est bien là, et ce sont donc
des rivières de sang qui risquent de noyer le pays.
Pour conclure, précisons à toutes fins utiles qu’il ne s’agit pas ici pour nous
de défendre un régime syrien dont nous avons d’ailleurs été de farouches
opposants à l’heure de son occupation du Liban notamment.
Mais comme on dit, de deux maux, il faut choisir le moindre.
Et il était clair pour nous qu’aux termes des deux premiers mois de révoltes
réellement pacifiques en Syrie, et du fait de la répression stupide du régime,
ce dernier était condamné. L’engagement de réformes historique par le
gouvernement syrien allait d’ailleurs dans le sens de cette transition douce que
nous avions espérée, mais à laquelle ni le Bloc atlantiste ni la presse-Système
n’ont voulu donner sa chance.
En lieu et place, c’est dix ans d’une horreur sans nom qui menacent aujourd’hui
d’emporter le peuple syrien.