Disneyland, puissance (g) 20

28/09/2009 Pour les historiens du futur, l’une des plus savoureuses illustrations du monde parallèle dans lequel vivent nos dirigeants restera la fameuse banderole « Mission accomplie » déployée sur le porte-avions nucléaire USS Abraham Lincoln par l’inénarrable Doobleyou. Nous étions le 1er mai 2003 et celui qui était alors président des Etats-Unis (eh oui) entendait par là proclamer la victoire éclair de l’hyperpuissance US sur le nain militaire irakien quelques semaines après le début des combats. On connaît la suite.
D’aucuns auraient pu croire cette bévue spécifiquement liée au caractère granguignolesque d’une administration de néocons particulièrement atteinte, il est vrai, dans sa santé mentale. Erreur. Cette faculté d’évacuer le réel au profit d’une réalité virtuelle avantageuse est au contraire la plus commune des pathologies partagées au sein de notre élite occidentale.
Dernier exemple en date : le G20, (le G-vain, selon le mot de Jacques Attali). Là, nos décideurs n’ont une nouvelle fois pris aucune mesure afin de traiter les causes de la crise (comme par exemple en finir avec le dollar comme monnaie de référence ; encadrer les banques etc…), préférant se cantonner dans des mesurettes populo-démagos (bonus des traders, paradis fiscaux) destinées à calmer la plèbe. Inutile de dire que la main invisible du Marché aura tôt fait de contourner lesdites mesurettes si tant est qu’elles se concrétisent un jour.
A Disneyland, la crise est donc derrière nous. La preuve ultime, ressassée à l’envi par les dociles éditorialistes du système, réside dans le fait que les Bourses sont à la hausse depuis six mois (+55%) ! Dans le monde virtuel de nos dirigeants, cela veut dire que l’économie va bien. Dans le monde réel, cela veut juste dire que les milliers de milliards volés aux contribuables du monde entier pour renflouer les spéculateurs ont logiquement permis aux spéculateurs… de spéculer encore. Point barre. Mais qu’à cela ne tienne, dans son monde, le G20 a donc décidé d’en finir en proclamant implicitement sa victoire sur la crise. « Mission accomplie », affaire classée !
Et pendant ce temps-là, dans la vraie vie, dans le réel, les taux de chômage et le nombre de faillites explosent, de même que (merci le G20 épisode I), les dettes publiques.