Les derniers progrès (article de Futura-Sciences du 15.02/2005)

Le Programme HAARP

Science ou désastre?

par, Luc Mampaey, attaché de recherche au GRIP
(Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité)

Rapport très inquiet du Parlement européen, (format pdf)
28 janvier 1999 (A4-0005/99)

(((Adresse du Journal officielle des communautés européennes où figure le rapport)))

Extraits:

(...) vu l'audition sur le projet HAARP et les armes non létales convoquée à Bruxelles, le 5 février 1998, par la sous-commission "sécurité et désarmement" de la commission des affaires étrangères, de la sécurité et de la politique de défense,

R.  considérant que la recherche militaire porte actuellement sur la manipulation de l'environnement à des fins militaires, et ce en dépit des conventions existantes; c'est le cas, par exemple, du système HAARP basé en Alaska,

24.   considère que le projet HAARP (High Frequency Active Auroral Research Project), en raison de son impact général sur l'environnement, est un problème d'une portée mondiale et demande que ses implications juridiques, écologiques et éthiques soient examinées par un organe international indépendant avant la poursuite des travaux de recherche et la réalisation d'essais; déplore que le gouvernement des États-Unis ait à maintes reprises refusé d'envoyer un représentant pour apporter un témoignage sur les risques que comporte pour l'environnement et la population le projet HAARP financé actuellement en Alaska, durant l'audition publique ou à l'occasion d'une réunion subséquente de sa commission compétente;

25.   demande à l'organe chargé de l'évaluation des choix scientifiques et techniques (STOA) d'accepter d'examiner les preuves scientifiques et techniques fournies par tous les résultats existants de la recherche sur le programme HAARP aux fins d'évaluer la nature et l'ampleur exactes du danger que HAARP représente pour l'environnement local et mondial et pour la santé publique en général;

 

Le texte ci-dessous est un résumé du Rapport du GRIP 98/5 (format pdf), Ce rapport a obtenu le Prix Philippe Bourdeau décerné par l'Institut de Gestion de l'Environnement et d'Aménagement du Territoire (IGEAT) de l'Université Libre de Bruxelles (ULB) pour récompenser un travail de fin d'études présenté en vue de l'obtention du DES en Gestion de l'Environnement (année académique 1997-98).

(((Les rapports et publications du GRIP http://www.grip.org/pub/pub.html)))

Sur un site du département américain de la défense (DoD) à Gakona, en Alaska, l'U.S. Air Force et U.S. Navy ont entrepris, en 1993, de faire construire une station de recherche sur les propriétés de l'ionosphère d'une puissance jusqu'ici inégalée: c'est le programme HAARP, High Frequency Active Auroral Research Program.

Pure recherche scientifique affirment les militaires; étape supplémentaire et risquée dans les tentatives militaires de manipuler l'environnement à des fins hostiles, rétorquent quelques scientifiques et des organisations écologistes ou pacifistes.

A première lecture, rien ne distingue pourtant HAARP des installations de recherches ionosphériques déjà en fonctionnement. Sauf le gigantisme des puissances évoquées, et le contrôle exclusivement militaire du projet. D'où les inquiétudes et la perplexité qu'il suscite, amplifiées encore par la langue de bois, ou les silences, des autorités militaires. HAARP n'est-il que la partie émergée de nouveaux projets militaires, préludes à une nouvelle course aux armements? HAARP risque-t-il de provoquer des dommages irréversibles ou majeurs à l'environnement? Ou bien n'y a-t-il vraiment aucune raison de s'inquiéter?

Les modifications de la biosphère à des fins militaires, ou à d'autres fins hostiles, sont interdites par une Convention de 1977, dite la Convention ENMOD. Pourtant, le concept de Environmental Warfare fait bien partie du langage et des manuels militaires. Depuis le début des années 90 cependant, alors que se développe aux Etats-Unis une Revolution in Military Affairs (RMA) sensée adapter les forces armées à leurs missions du 21ème siècle, les références aux techniques de modifications environnementales se multiplient.

Ces nouvelles missions, ou Future Warfare, reposent sur une domination dans l'air et dans l'espace, et nécessitent une maîtrise optimale de l'information, de l'environnement et des moyens de communication, ainsi que de nouvelles classes d'armes à énergie dirigée. Vue sous cet angle, une intensification des recherches militaires sur les propriétés ionosphériques et les ondes électromagnétiques n'a rien de surprenant.

Il n'en fallait pas davantage pour propulser le Programme HAARP au coeur d'une controverse, qui finit par franchir l'Atlantique. Ce travail propose d'en faire le point.

La première partie rappellera certaines notions élémentaires de physique et de chimie de l'atmosphère. Ces rappels fondamentaux permettront de mieux comprendre ce qu'est l'ionosphère et l'importance qu'elle revêt, notamment pour les opérations militaires. La deuxième partie s'intéressera au concept et aux définitions de l'Environmental Warfare ainsi qu'aux règles de droit international qui s'y appliquent. La troisième partie s'intéressera au Programme HAARP proprement dit: la description du programme, la procédure d'impact sur l'environnement, son inscription dans un contexte historique et militaire, et la confrontation des points de vue à son égard.

HAARP est un programme scientifique. Aux mains des puissants, il peut cependant conduire au progrès comme à l'oppression et au désastre. Sans préjuger des intentions finales des Etats-Unis, et reconnaissant que ce travail émet plusieurs hypothèses, et relaye certaines spéculations, il s'avère fonder d'affirmer que le programme HAARP, en synergie avec d'autres programmes militaires, peut conduire à des déséquilibres dangereux pour l'environnement et les populations.

la homepage de la navy http://server5550.itd.nrl.navy.mil/projects/haarp/

Haarp : une micro-aurore boréale artificiell

Par Jean-Luc Goudet - Futura-Sciences, le 15/02/2005 à 10h35


Une tache lumineuse visible à l'œil nu dans une aurore naturelle : c'est ce qu'ont réussi à créer deux chercheurs avec ce qui est probablement le plus puissant émetteur radio du monde.

Deux scientifiques américains ont réussi à allumer un point vert dans le ciel, à 100 kilomètres d'altitude, au milieu d'une aurore boréale naturelle. Leur création éphémère était visible à l'œil nu… mais ils ne l'ont vu qu'à travers les écrans de leurs instruments car ils n'ont pas pensé à sortir dehors.

L'expérience n'est pas anodine : les aurores boréales se forment dans la plus haute couche de l'atmosphère, l'ionosphère, au moins à 70 kilomètres d'altitude, le plus souvent entre 100 et 150 kilomètres et parfois bien au-delà. Il faut donc un instrument puissant pour aller titiller ce phénomène, causé par l'impact sur l'atmosphère d'un flux d'électrons accélérés par le champ magnétique terrestre.

Ces deux scientifiques avaient à leur disposition le plus puissant du genre, un immense réseau d'antennes installé en Alaska, près de la ville de Gakona. Baptisé Haarp (High Frequency Active Auroral Research Program), construit au début des années 1990 en partie pour des besoins militaires, afin d'étudier l'ionosphère.

Cette énorme installation a plusieurs fois été utilisée pour envoyer de puissantes impulsions radio vers l'ionosphère afin de chauffer ce plasma naturel. Certains craignent que ces expériences ne soient conduites que pour évaluer la possibilité de modifier les conditions climatiques à des fins militaires ou de perturber les transmissions radio à longues distances (qui se réfléchissent sur l'ionosphère).

Jusque là, les scientifiques évitaient de réaliser ce genre d'expérience quand une aurore boréale, développant une énergie bien supérieure à Haarp, apparaissait dans le ciel. Mais un jour de mars 2004, l'envie leur a pris d'essayer quand même. Et en février 2005, la lueur verte s'est allumée. L'explication donnée à ce phénomène inattendu est que le signal radio (pulsé) a dû amplifier localement la puissance de l'aurore boréale.

Voilà de quoi mieux comprendre ce magnifique phénomène… et relancer la polémique sur l'utilisation de Haarp pour perturber le fonctionnement de l'atmosphère.