ingérence americaine au liban

20/10/2007 Le Hezbollah et Michel Aoun toujours en ligne de mire Dans notre précédente brève nous relevions que depuis le ratage de la guerre sous-traitée par les Etats-Unis à Israël pour écraser le Hezbollah, Washington manipulait la scène politique libanaise pour faire émerger, maintenir devrait-on dire, un gouvernement à sa botte lors des prochaines échéances électorales. Et l'on sait que l'un des premiers mandats de ce docile allié sera précisément de désarmer le Hezbollah. Dans le quotidien Al-Akhbar de mardi, Jean Aziz affirme ainsi que lors d'une rencontre privée, l'ambassadeur des Etats-Unis, Jeffrey Feltman, a laissé échapper des propos qui ont convaincu l'assistance que les Etats-Unis veulent bel et bien "un président qui prône la nécessité de résoudre la question de l'armement du parti, abstraction faite du débat sur l'évolution de la mise en œuvre de la résolution internationale".
Dans son édition de mercredi le journal al-Akhbar rapporte encore que les Les Etats-Unis ont fait savoir au député Saad Hariri qu'ils opposent un veto au général Michel Aoun, candidat de l'opposition dont Washington ne supporte pas l'indépendance d'esprit. Pour Washington, le maintien en place du président Fouad Siniora serait même une « question vitale », rapporte le journal. Vous avez dit ingérence? (lire notre enquête à Beyrouth)
Et l'on reparle du projet de... bases militaires US au Liban. Jeudi, le ministre libanais de l’Information, Ghazi Aridi, a été contraint de démentir les informations du journal As-Safir sur une demande d’établissement de bases américaines au Liban, des informations diffusées auparavant sur un site israélien. Le chroniqueur d'As Safir a répliqué le lendemain en rappelant qu'une confirmation de l'information de son journal "a émané du directeur du Département américain de la Défense pour les affaires politiques, Eric Edelman, qui a évoqué, lors d’une interview au programme Kalam En Nass du journaliste Marcel Ghanem sur la LBCI, l’établissement d’un « partenariat stratégique (avec le Liban) et d’une relation constante avec l’armée libanaise ». Ce qui, de par la force du fait accompli et du décalage de force entre les deux pays, transforme de facto le Liban, selon le chroniqueur, en une sorte de « base militaire alliée ».
Pour ce qui nous concerne, il nous semble évident qu'un tel projet d'établissement de bases militaires US au Liban est plus que vraisemblable. D'abord parce que l'engagement furieux de Washington pour contrôler le gouvernement libanais n'est certainement pas exempt d'arrière-pensées liées à son projet de 
remodelage à coups de flingue du Moyen-Orient, ensuite parce que les informations concernant un projet de telles bases ne sont pas nouvelles. On se souvient en effet qu'au lendemain de l'assassinat de Rafic Hariri, le journaliste et éditorialiste US, Wayne Madsen,  rapportait déjà que les Etats-Unis avaient demandé à l'ancien premier ministre libanais d'installer une base militaire au nord du Liban, raison pour laquelle les troupes syriennes devaient quitter totalement le Liban. Selon Wayne Madsen, "le contrat, avant même la signature d'un accord avec le Liban, a été remis par le Pentagone à la firme Jacobs Engineering Group, sise à Pasadena en Californie en partenariat avec le groupe Bechtel. Cette base devait servir de plate-forme logistique et de transit pour les troupes US en Irak. Elle devrait servir à protéger les oléoducs US dans la région (Bakou-Tbilissi-Ceyhan et Mossoul-Kirkouk-Ceyhan) ainsi qu'à la déstabilisation de la Syrie. Des indices permettent de penser que cette base en gestation serait aussi importante que la base US au Qatar."
En Palestine occupée rien de nouveau
Alors que les Etats-Unis sont censés accueillir prochainement une importante conférence sur la question israélo-palestinienne, l'Etat hébreu a lancé la construction de nouvelles colonies, notamment à Jérusalem-Est. Rien de nouveau donc en Palestine occupée. Les sommets se suivent et se ressemblent, ne débouchant sur rien. Seul Israël tire son épingle du jeu, toute cette stérile agitation diplomatique lui servant d'écran de fumée pour masquer la réalité du terrain. Réalité qui se résume à davantage d'assassinats, davantage de spoliations, davantage de colonies, davantage d'apartheid. Rien ne sortira donc de ce Sommet, hormis une 317eme feuille de route vers un improbable Etat palestinien se résumant au mieux à un bantoustan sans continuité territoriale, hormis peut-être un tunnel entre les restes d'une Cisjordanie constellée de colonies israéliennes et la bande de Gaza. Installé sur les 4/5eme de la patrie historique des Palestiniens, l'Etat hébreu pourra donc continuer à prendre ses aises sur une terre où il y avait bien un peuple. Mais qui s'en soucie encore vraiment? Nain politique car ne réussissant à se penser qu'en subalterne de Washington, l'Europe est impuissante à peser sur l'échiquier dans ce dossier. Sans compter qu'elle reste rongée par une culpabilité liée à la Shoah, scientifiquement entretenue par l'Etat hébreu, qui fausse sont jugement. Quant aux Etats-Unis, leur soutien inconditionnel à Israël ces 50 dernières années devrait largement suffire à les disqualifier en tant que médiateur dans ce dossier. 
Pour ce qui nous concerne, nous persistons à penser que l'application inconditionnelle des résolutions de l'ONU est la seule base possible pour une paix juste, résolutions qui réclament le retour de l'Etat hébreu dans les frontières d'avant 1967, et réaffirment notamment le droit au retour des réfugiés palestiniens (on sait à ce sujet que les Etasuniens veulent fixer les 250'000 réfugiés palestiniens du Liban au Pays des Cèdres, raison supplémentaires pour eux d'avoir un gouvernement à leur botte).
Poutine in, Sarkozy out
Un savoureux papier de De defensa.org nous dit à quel point le jeu de la Russie est maîtrisé en Iran, et à quel point la politique du caniche de Sarkozy ne peut que susciter un dédain affligé. Notre point de vue est que rien ne peut finalement expliquer l'alignement de Sarkozy sur Doobleyou mieux que des considérations d'ordre psychologique. Et en l'espèce le goût pathologiquement immodéré du président français pour tout ce qui ressemble de près ou de loin à la manifestation de la puissance, du pouvoir absolu. Le complexe du petit érigé en diplomatie?
La démocratie libérale progresse Sur le le front de la promotion de la démocratie libérale au moins tout va mieux.
En Afghanistan, le massacre de dizaines de milliers de civils en six ans par les GI puis les troupes de l'OTAN commence à porter ses fruits. Nous venons d'apprendre que le proconsul américain Hamid Karzaï vient de sécuriser un troisième pâté de maisons dans un quartier du centre de Kaboul (admettons que le renversement de l'odieux régime des taliban est toutefois un bénéfice collatéral indéniable).
En Irak, on parle désormais d'un million de morts directs ou indirects suite à l'invasion du pays par les Etats-Unis mais au moins ils sont morts en démocratie (ah oui, la partition du pays est en marche mais bon, on peut pas tout avoir).
En Palestine, le boycott du gouvernement élu du Hamas lors d'élections plus honnêtes et transparentes que celles, frauduleuses on le sait, qui ont porté par deux fois Doobleyou au pouvoir, a conduit les territoires occupés au bord de la guerre civile.
En Iran, les grandes manoeuvres sont commencées pour renverser le régime. Un nouveau petit massacre pour la bonne cause en perspective?
Petit guide à l'usage des candidats à la néo-démocratie
Si vous contrôlez une dictature mais rêvez de transition douce pour éviter le tapis de bombes ou l'embargo, et bénéficier du parapluie américain, sachez que pour obtenir le label US de la démocratie libérale il vous faut:
1. accepter de voir sa politique étrangère dictée par Washington
2. se doter d'une façade parlementaire pour paraître fréquentable aux yeux des opinions publiques occidentales.
3. diviser votre parti unique en diverses tendances (pas trop marquées pour éviter de susciter des vocations) pour donner l'illusion du multipartisme.
4. Bien sûr vous pouvez continuer à emprisonner, torturer ou même exécuter vos opposants mais uniquement sous l'accusation de terrorisme ou de complot contre la démocratie justement.
Alors!