mais encore...
«Opération Condor», cauchemar de l'Amérique latine Le NSSM 200, où comment Kissinger préconisait de contenir, voire de réduire, la population des pays sous-développés pour préserver les intérêts US. |
Des avocats genevois
veulent expulser Kissinger du CIO
Des organisations de droits de l'homme lui reprochent
un "passé chargé de crimes".
Prix Nobel de la paix en 1974 pour avoir négocié le retrait des
troupes américaines du Nord Vietnam, Henry Kissinger est de plus en plus
fréquemment épinglé pour son passé politique. Hier, au trentième anniversaire du
coup d'Etat de Pinochet au Chili, deux associations suisses de défense des
droits de l'homme ont requis son expulsion de la commission d'éthique du Comité
international olympique (CIO). Henry Kissinger, âgé de 80 ans, est membre
d'honneur de cette commission depuis 2000.
"Il ne s'agit pas d'une action en justice", précise l'avocat Philip Grant,
président de l'association TRIAL, dont fait aussi partie l'ancien Procureur
Bernard Bertossa. "Nous avons adressé notre plainte à la commission d'éthique.
Il est inacceptable que M.Kissinger puisse siéger dans cette commission."
Créée il y a un an et demi, l'association TRIAL ("procès" en anglais) s'est
donné pour mission de traquer l'impunité partout dans le monde. En ce qui
concerne Henry Kissinger, TRIAL veut prouver que l'ex-secrétaire d'Etat
américain à la Défense s'est rendu complice de crimes de guerre. Les reproches
portent sur l'impact de sa politique sur le Chili, l'Indochine (Vietnam, Laos,
Cambodge) et l'Indonésie (Timoré Oriental).
TRIAL et le comité "Justice et mémoire" se rendront le 10 décembre prochain à
Oslo, où ils demanderont que le Nobel soit retiré à M.Kissinger. "Nous voulons
aussi qu'il soit démis de ses fonctions de président du Comité pour le Prix de
la paix de l'Unesco", explique Philip Grant.
L'avocat genevois ne compte pas s'arrêter là: "J'ai déjà préparé des plaintes
contre d'ex-dirigeants communistes, que je déposerai s'ils se rendent en
Suisse." En 2001, "TRIAL" avait publié un ouvrage traitant de "La lutte contre
l'impunité en droit suisse". Un mode d'emploi de ce qu'on appelle la compétence
universelle, principe qui autorise que les bourreaux, les dictateurs, les
criminels de guerre soient jugés par un tribunal étranger, une fois déchus et en
exil ou simplement de passage dans un pays tiers. Y compris la Suisse.
(Source: B. F. Tribune de Genève, 12
septembre 2003)
Dépêche AFP du mercredi 24 avril 2002, 14h32
A Londres,
Kissinger évite les juges mais pas les manifestants
"Henry Kissinger criminel de guerre", "Mettez Kissinger en prison!":
après avoir échappé à trois recours simultanés en justice, l'ancien secrétaire
d'Etat américain a été "rattrapé" mercredi par une foule de manifestants à
Londres, où il donnait une conférence sur la mondialisation.
"Notre monde n'est pas à vendre!", "Henry K. combien d'enfants as-tu tués
aujourd'hui?", scandaient quelque 200 manifestants devant le Royal Albert Hall,
accusant M. Kissinger d'atteintes aux droits de l'Homme dans les années 70 en
Amérique latine et en Asie du sud-est.
Quelques échauffourées ont éclaté entre les manifestants et des policiers,
déployés en grand nombre, avant que l'ancien secrétaire d'Etat, âgé de 78 ans,
n'arrive ce matin accompagné d'une escorte policière.
M. Kissinger, qui devait s'adresser à quelque 2.500 hommes d'affaires et
responsables économiques, a refusé de répondre aux questions des journalistes.
Plus loin, sur une banderole en forme de billet de train, on pouvait lire:
"Réservé pour H. Kissinger. Londres-La Haye (ndlr: siège du Tribunal pénal
international/TPI). Direct".
"Nous sommes ici pour demander l'arrestation de Kissinger pour crimes contre
l'humanité", déclare en agitant un drapeau chilien, Jimmy Bell, porte-parole
d'International Human Rights Project, une organisation de défense des droits de
l'Homme.
Puisque les Américains "parlent de faire la guerre au terrorisme, ils devraient
commencer par traduire en justice leurs propres criminels", dit-il.
Le trafic a été interrompu devant le Royal Albert Hall, où un mannequin de M.
Kissinger a été érigé par le "Get Kissinger Group" (Mouvement pour l'arrestation
de Kissinger), sous l'oeil médusé des participants à la conférence arrivant en
costume-cravate.
Pour Vasilis Zoumpos, militant de l'ONG Globalise Resistance, "Henry Kissinger
est le criminel de guerre vivant le plus notoire". "Il est responsable de la
mort de millions de gens à travers le monde. Nous exigeons qu'il soit traduit en
justice immédiatement".
Londres a rejeté cette semaine deux demandes d'audition séparées de M. Kissinger
formulées par les juges français Sophie-Hélène Château et espagnol Baltasar
Garzon, Washington n'ayant pas donné son aval.
Les magistrats tentent de rassembler des éléments sur le "plan Condor", action
concertée de plusieurs dictatures latino-américaines dans les années 70 visant à
traquer et à éliminer les opposants politiques, quel que soit le pays où ils se
trouvaient. Des Espagnols et des Français ont été assassinés en Amérique latine
dans le cadre de ce plan.
Le militant britannique des droits de l'Homme Peter Tatchell avait demandé lundi
sans succès qu'un mandat d'arrêt soit délivré à l'encontre de M. Kissinger,
qu'il accuse de crimes de guerre pendant le conflit vietnamien.
Dans un livre publié en 2001, intitulé "Le procès de Henry Kissinger", le
journaliste britannique Cristopher Hitchens concluait que M. Kissinger, un
adepte de la "realpolitik" était un criminel de guerre au même titre que
l'ancien président serbe Slobodan Misolevic ou le général Pinochet.
M. Kissinger fait l'objet à Washington d'un plainte pour l'assassinat en 1970 du
chef de l'armée chilienne René Schneider, qui s'était refusé à déclencher un
coup d'Etat contre le président Salvador Allende.
La veuve du journaliste américain Charles Horman, assassiné au début de la
dictature Pinochet (1973-1990), cherche de son côté à contraindre M. Kissinger à
témoigner dans cette affaire.
Pour Kendrick Oliver, expert de politique étrangère américaine à l'université de
Southampton (sud), quelles que soient les chances de traduire M. Kissinger en
justice, certains "tentent de rendre sa vie plus difficile en utilisant des
procédures judiciaires".