L’Ukraine et la révolution-miroir de Crimée

28/02/2014 Après avoir fomenté un coup d’Etat déguisé en vertueuse révolution à Kiev, voici que le Bloc atlantiste et sa presse-Système nous poussent des cris d’orfraie parce-que la Crimée russophone semble tentée à son tour par sa propre «révolution». Le modus operandi est pourtant le même : des milices armées prennent d’assaut des bâtiments officiels et font plier les autorités sous la menace, le tout recouvert d’un vernis révolutionnaire plus ou moins discuté ou discutable. En termes purement qualitatifs, le «contrecoup» de Crimée vaut donc bien le «coup» de Kiev. Mais la situation évolue d’heure en heure et, sans préjuger de l’avenir des gesticulations en cours de part et d’autre, il n’en reste pas moins que le bras de fer est désormais engagé dans la région entre le Bloc atlantiste et la Russie, avec une issue dangereusement incertaine.

Une attitude puérile
La mauvaise foi des atlantistes confine régulièrement au grotesque nous en avons l’habitude.
Aujourd’hui, voici que le même
ministre des affaires étrangères polonais qui a participé activement au coup d’Etat de Kiev pour le compte des USA et de l’UE, Radoslaw Sikorski, joue les vierges effarouchées en disant que ce qui se passe en Crimée est «un jeu dangereux», avertissant «ceux qui font cela, et ceux qui permettent cela (suivez mon regard vers Moscou), que c’est comme cela que les conflits régionaux commencent.»
Si le risque de conflit régional n’était pas bien réel, il y aurait de quoi s’esclaffer. Il y a en effet quelque chose de fondamentalement puéril à cette posture outrée qui est celle du Bloc atlantiste à chaque fois qu’il est contrarié. Car au fond, c’est un peu l’attitude d’un enfant qui donnerait subitement un coup de poing au visage d’un camarade, et s’indignerait ensuite que celui-ci ose riposter en lui mettant une claque.

De bonne guerre
Bref, si l’on résume les choses, nous avons d’un côté la fine équipe UE-USA-OTAN qui fomente et finit par réussir un coup d’Etat à Kiev, histoire de ramener l’Ukraine par la force dans le giron atlantiste.
De l’autre, nous avons Moscou qui «laisse s’amorcer» une sorte de contre coup d’Etat en Crimée où vivent près de 60% de russophones (24% d’Ukrainiens et 12% de Tatars - près de 98% des habitants y parlent le russe) et où est stationnée la
flotte russe de la mer noire.
Que Moscou veuille préserver une région stratégique des manigances du Bloc atlantiste paraît d’emblée être, disons, de bonne guerre.
Souvenons-nous en effet que la Crimée fut d’abord une division administrative de la République socialiste fédérative soviétique de Russie, avant d’être «donnée» en 1954 par Kroutchev à la République socialiste soviétique d'Ukraine, où elle prit ensuite le statut de République autonome de Crimée après la chute de l’URSS en 1991.
Ceci pour dire que lorsque le nouveau premier ministre mis en place par le bloc atlantiste à Kiev parle «d’invasion russe et d’occupation» en Crimée, on confine à nouveau au ridicule puisque les Russes ne sauraient envahir une Crimée où ils sont déjà largement installés.
Et que dire des
menaces du tueur en chef de l’OTAN, Fogh Rasmussen, qui se permet d’appeler la Russie à éviter «toute action pouvant provoquer une escalade» dans la crise ukrainienne, jugeant «dangereuse et irresponsable» l'action de groupes armés pro-russes en Crimée.
Etrange : on ne se souvient pas avoir entendu le porte-flingue du Bloc atlantiste condamner l’action des  groupes armés néo-fascistes qui ont semé le chaos à Kiev pour le compte du Bloc occidental.

Les jihadistes, la guerre ?
Au final, comme nous le pressentions
dès les prémisses du coup d’Etat à Kiev, le bloc atlantiste a bel et bien ouvert une nouvelle boîte de Pandore en Ukraine.
Sauf que le gouvernement pro-occidental mis en place à Kiev voit déjà sa légitimité contestée et, si le «contrecoup» en Crimée devait se confirmer, se retrouve sur le point de perdre une partie du pays moins d’une semaine après sa prise de pouvoir.
Alors que va faire le Bloc ?
Importer par cargos les hordes d’assassins jihadistes qu’il pilote en Syrie pour tenter d’enrôler les Tatars dans une guerre sainte contre la Russie en Crimée?
Déclencher une guerre contre la Russie si Moscou avance encore quelques pions ?
L’Europe étant un nain militaire elle ne pourrait alors que s’appuyer sur les USA pour être crédible, ce qui impliquerait une montée quasi immédiate aux extrêmes nucléaires compte tenu du rapport des forces.
On en est là.
Et l’on ne peut plus compter désormais que sur le sang-froid de Moscou pour éviter une énième catastrophe engendrée par l’infatigable vertu outragée d’un Bloc atlantiste plus que jamais emporté dans son
hystérie anti-russe.