Et si les Russes avaient une idée derrière la tête

15/07/2010 L'on a eu récemment quelques difficultés à saisir le pourquoi de l'alignement des Russes (et des Chinois d'ailleurs), sur la position US lors du vote des dernières sanctions contre l'Iran. Or voici que le président russe Medvedev enfonce le clou devant un parterre d’ambassadeurs et déclare solennellement, et surtout sans aucune raison ou pression, que « L'Iran se rapproche de l'acquisition du potentiel qui, en théorie, peut être utilisé pour la fabrication d'armements nucléaires ».
Waouh, on croirait un rapport bidouillé de la CIA.
Mais quelle mouche a bien pu piquer Medvedev, à qui même les Etasuniens, l’AIPAC et Tel-Aviv réunis n’en demandaient pas tant ?
L’une des hypothèses les plus séduisantes pour nous, puisque faisant indirectement écho à nos thèses, est que les Russes (et les Chinois plus silencieusement) tentent peut-être de pousser les Etats-Unis dans le piège d’une troisième guerre qui, à n’en pas douter, ne manquerait pas d’accélérer dramatiquement l’effondrement en cours de leur puissance, et partant leur effondrement tout court.
Il se peut en effet que les Russes, constatant comme tout un chacun la dérive nihiliste du
système américano-occidentaliste, soient en effet tentés de précipiter un peu le mouvement, histoire d’en finir avec les hésitations de l’Histoire justement. Non pas dans un esprit revanchard, ni même avec l’ambition de reprendre le flambeau, mais sans doute simplement pour en finir avec la direction folle que prennent les affaires du monde sous gouvernance américaniste, pour en finir avec l’enchaînement sans fin des crises et des catastrophes engendrées par un Système qui tourne en roue libre et que plus personne ne contrôle. Histoire donc d’en finir avec une agonie coûteuse, ruineuse et épuisante aussi pour l’ensemble des économies de la planète, suspendues qu’elles sont à la valeur d’un dollar dont chacun sait déjà qu’il ne vaut plus rien.
Or le moment est particulièrement propice.
Au plan intérieur, on le sait, les Etats-Unis sont sur
la voie de l’éclatement.
Au plan extérieur, la crédibilité de l’empire n’est plus, et après les ruineux fiascos irakien et afghan, même l’hyper-puissance militaire étasunienne n’inquiète plus vraiment, réduite qu’elle est désormais à l’impuissance face à des guerres de 4eme génération pour lesquelles elle est totalement inadaptée.
L’ouverture d’un troisième front, iranien celui-là,
avec la promesse de solides ripostes, pourrait donc bien être l’aventure de trop pour l’empire, comme le pense d’ailleurs Thomas Naylor, leader des néo-sécessionnistes du Vermont : «Il y a  trois ou quatre scénarios possibles pour conduire l’empire à l’effondrement, et l’un d’eux est une guerre contre l’Iran » («There are three or four possible scenarios that will bring down the empire. One possibility is a war with Iran»).
Le Che avait raison : Pour venir à bout de l’empire, il fallait créer cent Vietnam. A dire vrai, trois guerres au Moyen-Orient devraient suffire aujourd’hui.
Et si les Russes avaient une idée derrière la tête…