Un nécessaire cordon sanitaire autour de l’UDC Suisse !

 06/12/09 Les dégâts sont considérables. Après le « vote de la honte » sur l’interdiction des minarets, l’image de la Suisse est désormais celle d’un pays tout simplement raciste, ni plus ni moins. En un dimanche, le Pays de Heidi, qui passait pour un pays d’accueil, de tolérance nonchalante, est devenu le fer de lance de l’extrême droite européenne qui réclame désormais à corps et à cris des votes islamophobes similaires pour leur chapelle. Car il n’y a d'ailleurs guère que les coreligionnaires de l’UDC en Europe pour parler de courage dans la volonté des Suisses d’interdire la construction des minarets. Les autres, tous les autres, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, analysent ce vote en termes de « peur », d’« ignorance », de « honte », de « paranoïa », d’« intolérance », de « xénophobie », de « racisme ».
De fait, il est évident que les minarets n'ont été qu'un prétexte, qu'il s'agissait d'un vote contre les musulmans, contre l'Islam.
L'occasion pour 1,5 millions de Suisses (sur une population de 7,7 mios) d'exprimer leur peur. Une infime proportion d'entre-eux, binationaux venant de pays où un islam radical est bel et bien à la source de vrais problèmes, ont approuvé l'initiative pour des raisons discutables mais bien compréhensibles. D'autres ont voté contre le label al-Qaida, contre les talibans, contre les salafistes algériens bref, contre un islam qui n'a aucun rapport avec les musulmans de Suisse, boucs émissaires de la bêtise. Les autres, tous les autres, ont donné libre cours à leurs angoisses, à leur ignorance, à leur xénophobie, à leur racisme.
Déjà plombée par l’image de cynisme véhiculé par sa haute finance ; salie par l’affaire des Fonds en déshérence ; de plus en plus critiquée au sein d’une Europe agacée par ses tergiversations dans les négociations bilatérales, la Suisse s'isole. Sur la scène internationale, ce n’est plus la sympathie qui domine mais l’irritation, l’hostilité, voire désormais un certains mépris.
C’est peu dire que les diplomates helvétiques ont désormais du pain sur la planche.
Les dégâts sont considérables.
Or cette dégringolade est pour l'essentiel due à l’extrême-droite suisse hélas massivement représentée à l’Assemblée nationale. Une extrême-droite pudiquement appelée droite populiste qui freine ou bloque tout rapprochement avec l’UE, qui stigmatise les frontaliers, les étrangers en général, et tout ce qui est basané en particulier. Même si l’immigration musulmane en Suisse est sans conteste la mieux intégrée d’Europe, le vieux fantasme de l’islamisation rampante a donc fonctionné à merveille dans un pays ou la peur est un levier politique puissant.
Dans n’importe quel autre pays européen, l’iconographie clairement raciste des affiches de l’UDC aurait conduit ses responsables devant les tribunaux pour incitation à la haine raciale. Mais en Suisse, l’arsenal juridique et la volonté font défaut pour contenir un courant xénophobe d’ailleurs ancien (initiatives Shwarzenbach contre la surpopulation étrangère).
Pire, avec un score proche de 58%, pratiquement aucun parti ou responsable politique n’ose plus désormais aller à l’affrontement avec les extrémistes, au point que dans les débats télévisés qui ont suivi ce dimanche noir, on voyait des présidents de parti, y compris de gauche, s’avouer obligés de « partager l’avis » de tel ou tel représentant de l’UDC, sur telle ou telle question. Là où la classe politique suisse aurait eu l’obligation morale de décréter immédiatement l’établissement d’un cordon sanitaire autour de l’UDC et de ses zélateurs, l’heure est donc à la récup’ à fond les manettes.
Désormais les xénophobes de l'UDC et tous les démagos du pays veulent même exploiter le filon. On parle déjà d'initiative contre la burqa, même si personne en Suisse n'en a jamais vu en dehors de quelques clients de boutique de luxe genevoise en saison touristique. Qu'importe. Il faut exploiter le filon!
Oscar Freisinger, raciste en chef de l'UDC romande, déclare:  "Pour le moment, on ne bouge pas si on voit que les musulmans ont compris le message." 
Déclaration incroyable, invraissemblable de la part de quelqu'un qui, sans raison, gratuitement, vient de cracher au visage de 400'000 personnes, dont une bonne partie de bi-nationaux qui sont donc sensés avoir "compris la leçon" et se taire, disparaître dans les caves où l'UDC veut bien, pour l'instant, les laisser prier..
Il est clair que le Pays de Heidi a désormais changé de visage et ne sera plus jamais perçu comme avant à travers le monde.
Passer certaines frontières avec un passeport à croix blanche va devenir difficile sans un mot d'excuse...
Fini le chocolat, les chalets, les cloches, les montagnes, les vaches, la fondue. Place à la Suisse de l'UDC, à la Suisse raciste.. 
Nombre d'Helvètes, au premier rang desquels les binationaux, commencent à se sentir étranger dans leur propre pays. Une prochaine cible pour l'UDC?

Un dernier mot sur les conséquences possibles de ce vote. Enfermés dans leur petite bulle raciste, Freisinger et ses coreligionnaires n'ont pas vu plus loin que le bout de leur haine avant de cracher sur l'islam, exposant désormais un pays jusque-là sanctuarisé à toutes sortes de représailles. Financières bien sur, mais