Opération de nettoyage dans la presse-pravda
08/06/2010 Les lignes rouges du discours officiels sont claires et
infranchissables dans le monde merveilleux de la presse-Pravda. Une journaliste
de CNN vient de l'apprendre à ses dépends. Après vingt ans passés dans ce qui
est l’un des principaux services de pixellisation de la réalité virtuelle
américaniste, Octavia Nasr a donc osé écrire sur Twitter un message faisant
l'éloge du défunt
ayatollah libanais Fadlallah. En substance, elle s’est dite « triste
d'avoir appris la mort [de l'ayatollah Mohammad Hussein Fadlallah],
l'un des grands hommes du Hezbollah que je respectais beaucoup».
Bien sûr, dès les premières salves tirées par les cerbères du
Service de promotion de la vertu américaniste et du pourchas du mal-penser,
la journaliste a immédiatement exprimé ses « profonds
regrets » sur le site internet de CNN en plaidant une « erreur
de jugement » pour avoir écrit « un commentaire aussi simpliste ».
Octavia Nasr a même tenté de raisonner les ayatollahs de CNN en expliquant que
ce qu’elle avait apprécié chez l’imam, c’était « sa position singulière et pionnière au sein de religieux chiites sur les
droits de la femme, ce qui ne signifie pas qu’elle le respectait pour tout autre
chose qu'il ait faite ou dite ».
Et de fait, il est vrai que l’imam pouvait être considéré comme un progressiste,
notamment dans ses interprétations des textes sacrés. Mais si CNN et le Système
étaient capables de nuances de ce genre, cela se saurait.
Donc rien n’y a fait. Dehors la collabo ! Exit la taliban !
Dans un mémo interne (source AFP), la
vice-présidente de CNN International, Parisa Khosravi, a indiqué avoir discuté
avec la journaliste « et décidé qu'elle
allait quitter la compagnie ». « Son mini-message a généré une intense réaction ce week-end »,
explique ainsi Parisa Khosravi, en ponctuant sa sentence par une perle
savoureuse. « Nous considérons que sa
crédibilité en tant que journaliste spécialiste du Moyen-Orient a été compromise »
(SIC). Il fallait oser.
Son départ intervient un mois après celui de la doyenne des correspondants de la
Maison Blanche, Helen Thomas, qui a été
éjectée de son poste à 89 ans après avoir osé déclarer quant à elle dans
une interview: «Dites-leur [aux Israéliens] de
foutre le camp de la Palestine. Souvenez-vous que ces gens-là [les
Palestiniens] sont occupés et qu’il s’agit
de leur terre.»
Décidément, la vérité se paie chère à Disney Land.