L’électron-fou israélien, probable détonateur d’une guerre Nord-Sud
02/05/2010 Nous l’avons
déjà déploré. Notre civilisation n’est soutenue dans cette
agonie verticale que par le seul vacarme de sa puissance technologique.
Encagé dans sa réalité virtuelle, le système occidentaliste se vit, se pense et
s’impose à l’autre comme un système aux vertus
indépassables. La démocratie libérale se devait d’être la fin de
l’Histoire. On en rit encore !
Or ce fabuleux complexe de supériorité lui impose un aveuglement total sur les
réalités du monde, lui interdit de percevoir les changements en marche à l’ombre
de son propre déclin. C'est à dire le puissant mouvement d'émancipation des
anciens vassaux, du Sud.
Le prix du mépris
Le traitement réservé à l’accord conclu entre le Brésil, la
Turquie et l’Iran sur le dossier nucléaire atteste de cet aveuglement. Des
salonards parisiens aux pelouses de la Maison-Blanche, chacun a haussé les
épaules, affirmant dans un réflexe à l’évidence pavlovien qu’il faillait
poursuivre sur la voie des sanctions.
Ce faisant, deux réalités ont été superbement ignorées, où plutôt n’ont tout
simplement pas été perçues.
La première est que les pays émergents s’émancipent, et démontrent qu’ils
peuvent tout à fait se passer de l’Occident pour réussir de brillantes percées
diplomatiques, là où l’arrogance et la grossièreté occidentales empêchent de facto tout progrès.
La deuxième, c’est la réalité même de l’immense progrès que constituait cet
accord, montrant s’il en était encore besoin tout le mépris du bloc
occidentaliste pour le reste du monde puisque, au fond, le message transmis ici
a été : « Tout ce qui n’est pas paraphé
chez nous n’a aucune valeur. Vous n’avez aucune valeur, aucune importance. »
Or le monde ne se résume pas à l’Occident, encore moins à cette foutaise
rhétorique qui constitue la fameuse « Communauté internationale ».
Les pays émergents, de l’Amérique latine, à la Chine en passant par le
Moyen-Orient et même la Russie, ne considèrent plus l’Occident comme un modèle à
suivre ou même à dépasser, mais comme une partie du problème qui se pose
aujourd’hui à eux, si ce n’est LE problème.
Un mouvement immense, tectonique est donc en cours où l’on observe que le Sud
cherche désormais activement à se libérer des chaînes et du boulet
occidentalistes.
Les centres de pouvoir basculent et un nouvel ordre mondial se met en place,
bien loin de celui voulu par les grotesques Bush père et fils et leurs avatars,
fussent-ils plus glamour.
Hyper-Titanic
Dans un récent article, Philippe Grasset, âme inspirée de dedefensa.org, s’interrogeait : « Comment une telle civilisation, marquée de tant d’efforts, de tant
d’esprits prodigieux, de tant de découvertes, est-elle parvenue à un
fonctionnement qui engendre d’une façon aussi systématique la laideur, la
bêtise et la destruction ? Comment est-il possible qu’un tel rassemblement
d’esprits élevés et d’organisations puissantes puisse engendrer des politiques
aussi uniformément stupides, – pour ne pas parler de leur cruauté, de
leur nihilisme, de leur abaissement continuel... ? Comment est-il possible
qu’une civilisation marquée par la prétention de parvenir à une très haute
culture aboutisse de façon aussi aveuglante à force d’évidence à l’abaissement
systématique de la culture, jusqu’à la médiocrité, la futilité insupportable, le
mensonge dégradant, l’entropie sans espoir ? »
La question est posée ici par quelques esprits éclairés, mais elle est aussi et
surtout posée par l’autre, « l’émergent », celui qui a, selon nous, un pied dans
l’obscurantisme, et dont nous ne condescendons à considérer l’existence que
parce qu’il aurait un autre pied dans notre vertueux système.
Ce que ne comprend pas l’Occident, c’est que les pays émergents se gardent bien
d’y mettre le deuxième pied, dans notre système. Un peu comme lorsque l’on tâte
du bord de l’eau la flottaison d’une embarcation dont on perçoit le murmure
lancinant des multiples voies d’eau. D’un orteil prudent donc, avec l’autre pied
solidement planté sur le quai du réel auquel notre Hyper-Titanic n’est même plus
arrimé.
L’électron fou
israélien en embuscade
Pour l’heure, l’Occident ne mesure donc rien du
bouleversement des forces à l’œuvre. Et s’obstine dans sa logique de violence
coloniale pour tenter de maintenir sa suprématie sur le Sud, soit à coups
d’accords commerciaux iniques, soit à coups de canons comme dans les fiascos
irakien et afghan.
Aujourd’hui, il est clair que le principal abcès de fixation de cette crise
Nord-Sud se trouve en Palestine où Israël, poste avancé de l’Occident en terre
barbare, électron fou d’un Occident aveuglé, est en train de
préparer
une
guerre contre l’Iran. Or le dernier bain de sang israélien contre la
flottille humanitaire a achevé d’ouvrir
un nouveau front entre Ankara et Tel Aviv cette fois.
Dans ce contexte, toute initiative militaire israélienne contre l’Iran risque
d’embraser toute la région dans une véritable guerre aux dimensions Nord-Sud
évidentes, et aux conséquences potentiellement dévastatrices.