Ras-le-bol russe, l'UE à la croisée des chemins
17/10/2014 Cette fois, les Russes en ont marre. L’interminable campagne
d’agressions du Bloc atlantiste, jusqu’à la vulgarité des injures
proférées ces derniers jours, ont convaincu Moscou qu’il n’y avait plus
rien à espérer de l’Ouest. Le dégel n’est plus à l’ordre du jour.
Pourtant connu pour sa pondération, le premier ministre Medvedev l’a
signifié en s’interrogeant publiquement sur la
«santé mentale» d’Obama après que celui-ci ait osé ranger la Russie
dans la catégorie des «menaces
contre l’humanité», avec Daesh et l’Ebola (1). Poutine himself a
ensuite été jusqu’à lancé un avertissement, certes encore à fleuret
moucheté mais néanmoins très clair, sur un risque de conflit nucléaire (2).
Sourd et aveugle, le Bloc atlantiste n’a rien compris de ce revirement.
La rupture entre les deux géants est pourtant consommée (3).
Coincée entre les deux, l’Europe est à la croisée des plus importants
chemins de son Histoire.
Trois grandes options
«Toutes les options sont sur
la table», aiment à répéter à l’envi les va-t’en guerre de l’Empire.
Nous, nous dirions que les options qui restent se réduisent désormais à
peau de chagrin.
Constat préliminaire : Les
Etats-Unis sont effrayés par leur déclin et la montée en puissance des
pays du BRICs. A travers l’agression en cours de la Russie, c’est aussi
la Chine qui est visée, une Chine qui vient d’ailleurs de devenir la
première puissance économique mondiale (4).
L’agression de la Russie, planifiée bien avant l’Ukraine (5)
(campagne de dénigrement dès 2011),
n’a jamais eu pour seul objectif que d’empêcher la constitution d’un
bloc concurrent Euro-Asiatique qui entraînerait instantanément
l’effondrement de la puissance US. La stupidité et la compromission des
élites européennes, ajoutées aux troubles calculs allemands (6),
ont permis le succès du plan américain jusqu’ici.
Sauf qu’au lieu d’affaiblir la Russie, cette nouvelle donne l’a
convaincu de se détourner définitivement de l’Ouest et d’accélérer comme
jamais la réorientation de sa politique vers un partenariat complet avec
la Chine (7) et les pays du
BRICs en général.
Partant, trois grandes options restent sur la table.
Première option, la pire de
toute, que nous évacuons d’entrée de jeu un peu par superstition :
l’Occident poursuit dans son hystérie jusqu’au-boutiste et la
conflagration survient. Les Etats-Unis s’imaginent peut-être que, comme
avec la Seconde Guerre mondiale, ils vont pouvoir tirer leurs marrons du
feu à moindre coût et emporter la mise en pilotant Trente nouvelles
Glorieuses. Sauf que leurs marrons aussi risquent fort d’être irradiés
et qu’en vérité, tout a de forte chance de s’arrêter dans un grand
éclair blanc pour tout le monde. Fin de la partie.
Deuxième option, le plan US
marche, la Russie, ratant sa réorientation vers l’Est, s’effondre à
nouveau lamentablement ; la Chine apeurée se soumet d’instinct aux
vertus occidentales après quelques coups de parapluie ; et le Bloc
atlantiste renait comme un seul homme de ses cendres à la tête du
meilleur des mondes avec, tout en haut, juste sous le soleil, un
eurodollar qui flamboie pour mille ans.
Vous y croyez ?
Moi non plus.
Troisième option : le plan US
échoue, l’Europe se ressaisit ou éclate et la Russie, avec le soutien
des pays BRICs, réussit à faire mourir l’Empire dans son lit (8). C’est le basculement «en
douceur» des centres de pouvoir de la planète et l’arrivée de l’Asie
aux commandes. On peut compter sur le réalisme des Russes et des Chinois
pour offrir ensuite une session de repêchage à l’Europe, mais plus
l’Europe sera restée solidaire de son geôlier américain dans sa chute,
plus l’addition sera salée.
Presque en post scriptum, ont
pourrait aussi ajouter une quatrième option, sorte de cadeau Bonus de
l’Empire du Chaos, avec un lent pourrissement de toutes les situations
dans le plus complet désordre et, à terme, l’effondrement global du
Système sans passation de pouvoir aucune.
Toutes les options sont en effet sur la table.
Toutes impliquent un gigantesque séisme.
Publié par
entrefilets.com,
le 17/10/2014 à 17h46.
1 Medvedev
pose la question de la santé mentale d’Obama
2 L’avertissement
de Poutine :
“We hope that our partners will
realize the futility of attempts to blackmail Russia and remember what
consequences discord between major nuclear powers could bring for
strategic stability.”
3
Niet à la coopération contre Daesh
4
La Chine, désormais première puissance économique mondiale
5 Enfumage
ukrainien: contre-propagande
6
Les troubles calculs allemands
7
Vers la création d’un bouclier antimissiles russo-chinois ?
8
L’empire, le docteur Kübler-Ross et la Syrie