Wikileaks : Les hackers en embuscade
08/1202010 Fait nouveau : les acteurs assimilés à l’offensive générale du
Système contre Wikileaks semblent devoir s’exposer à des représailles. La Banque
postale suisse vient d’en faire l’expérience.
Emboîtant le pas de Mastercard,
Visa
et Paypal, les patrons de l’établissement helvétique ont ainsi décidé
de fermer le compte du fondateur de Wikileaks, Julian Assange en début de
semaine. Or dès l’annonce de la nouvelle, des appels de hackers se sont
multipliés sur Facebook et Twitter pour
lancer des attaques
contre le site web de la banque. Résultat, le site était inaccessible hier par
intermittence, rendant toute transaction difficile voire impossible pour ses
clients.
Il est clair qu’une partie de la «communauté internet» a déjà pris
fait et cause
pour Wikileaks, et comme d’autres manifestent dans la rue, elle utilise les
moyens de son temps pour défendre ses opinions, en multipliant
les sites miroirs
de Wikileaks par exemple. Dans sa frange la plus radicale, cette communauté agit
désormais dans le domaine de ses
compétences
très
particulières
et
utilise les réseaux sociaux avec beaucoup d’efficacité pour coordonner ses
attaques.
Les vertus d’un désordre organisé
Nous l’avons souvent répété: l’hyper-puissance technologique et
communicationnelle du Système le met à l’abri de toute révolution de type
classique. Il est
techniquement invincible.
Le seul moyen de le renversé est donc de retourner sa puissance contre lui, de
l’enferrer dans ses contradictions pour finalement le diviser, le fractionner,
le faire se désagréger. Dans cette
Bataille contre le Système,
le désordre est l’arme absolue.
Mais le désordre n’est pas l’anarchie.
Créateur inspiré d’un désordre salutaire, Wikileaks se révèle ainsi une
structure très organisée. Elle distille son poison et lâche ses bombes avec une
régularité de métronome.
Sa stratégie des petits pas, au début de son action, lui a permis de s’allier la
complicité ambivalente d’une presse-Pravda certes de nature servile, mais en
même temps incapable par cette même nature de résister au sensationnel.
Désormais, une conspiration du silence n’est plus possible.
Parallèlement, Wikileaks s’offre encore le luxe de tenir le Système en otage.
Car si le site devait être finalement réduit au silence (ce que l’arrestation d’Assange ne signifie pas, loin s’en faut), la
clé d’un
fichier crypté
mais diffusé à large échelle serait alors publiée, permettant un baroud
d’honneur dont personne ne connaît la portée, mais dont on peut soupçonner
aisément la force destructrice.
La riposte du Système alimente la crise
Désormais, l’affrontement entre le Système et Wikileaks met aux prises un
nombre grandissant d’acteurs sur la Toile, avec les moyens que l’on sait, mais
aussi plus traditionnellement
dans la rue.
L’arrestation, puis l’incroyable décision de la justice britannique de maintenir
Assange en détention
pour un chef d’accusation aussi douteux
sur le fond que
sur la forme,
apparaît comme une erreur majeure du Système et prouve son aveuglement et sa
panique dans cette affaire.
La machine est emballée et la contre-offensive hystérique du Système ne fait que
renforcer la crise, l’amplifier, et donner à Wikilieaks une visibilité et une
légitimité supplémentaires. Bien malin qui peut prédire aujourd’hui l’ampleur et
la nature que va prendre cet affrontement.
Le désordre grandit.