discorde chez l’ennemi autour de l’Iran
17/01/2012 Sur le fond, la vitrification de l’Iran est un objectif
partagé des Etats-Unis et d’Israël. Sur la forme, c’est désormais la discorde
chez l’ennemi. Depuis
l’assassinat par le Mossad d’un scientifique iranien, c’est même
la panique à Washington qui interprète cet assassinat non pas comme une
politique israélienne de substitution à l’option militaire, mais bien
comme son préambule. Or les Etats-Unis ne sont
techniquement pas prêts à soutenir l’effort d’une guerre contre l’Iran
pour l’instant. Et même si Glamour-BHO en campagne veut désespérément plaire à
l’électorat juif, il doit à la fois compter avec un mouvement anti-guerre
grandissant aux Etats-Unis, et avec les
nouvelles capacités militaires fort dissuasives de l’Iran. Résultat:
aiguillonnée par
la détestation réciproque que se vouent Glamour-BHO et Netanyahou, la
brouille entre les deux alliés est aujourd’hui suffisamment importante pour
avoir fait
capoter un exercice militaire conjoint.
Hystérie israélienne
Enfermée dans sa
paranoïa, Tel-Aviv veut désormais en finir avec la montée en puissance
Iranienne.
Premièrement pour des raisons géopolitiques. Israël veut rester le seul gendarme
au Moyen-Orient et a toujours œuvré et œuvre encore
à la destruction de tous ses rivaux potentiels en appliquant sa politique du
morcèlement arrêtée il y a près de 30 ans.
Deuxièmement pour des raisons économiques. L’Etat hébreu veut en effet rester la
principale puissance économique régionale en réduisant ses concurrents par la
force militaire si nécessaire (on a pu
observer ce «volet économique» des guerres israéliennes au Liban en 2006 (1).
Or malgré les capacités de nuisance de son armée, la pègre qui gouverne l’Etat
hébreu n’a pas les moyens d’écraser l’Iran. La sauvegarde de sa narrative de
gentille-démocratie-créée-chez-les-barbares-par-un-peuple-persécuté-depuis-un-million-d’années
lui interdit l’usage de ses 200 ogives nucléaires pour régler la question. Ce
n’est pas l’envie qui manque, mais bon, on ne peut pas à la fois asphyxier les
Palestiniens dans des camps de concentration, voler leur propriété et tirer
leurs gosses comme à la foire, et vitrifier en même temps à l’atome tout un
pays. Ça ferait trop.
Seule solution: entraîner les Etats-Unis dans la guerre en leur laissant le soin
de napalmer les ayatollahs, et accessoirement leur peuple.
La crainte du montage
Pour ce faire, le scénario le plus probable n’est pas de jouer les alliés en
rupture de ban et de lancer une attaque frontale en espérant que l’allié
étasunien suivra. Trop aléatoire. Le plus sûr pour Israël, et c’est bien ce que
craignent le plus les Etats-Unis, c’est l’organisation d’une fausse attaque
iranienne d’un bâtiment US dans le détroit d’Ormuz.
Eux-mêmes coutumiers des plus fumeux montages pour leurs casus belli (cf. Pearl Harbor,
golfe du Tonkin, 11 Septembre, ADM irakiennes etc…) les Etats-Unis sentent
d’ailleurs le coup venir depuis longtemps.
En 2008 déjà, l’amiral Mullen était allé avertir les Israéliens qu’un nouveau
montage du type
USS Liberty (2) ne
marcherait pas pour entraîner l’Oncle Sam dans une guerre contre l’Iran. La
crainte de Mullen était déjà que Tel Aviv ne commandite l’attaque d’un bâtiment
US dans le détroit d’Ormuz à un groupe de terroristes locaux
déguisés
en Iraniens.
Il faut dire qu’à ce moment-là, les Etats-Unis
venaient de découvrir que l’Etat hébreu faisait la même chose qu’eux,
c'est-à-dire qu’il sous-traitait des opérations terroristes à des groupes de
jihadistes sunnites en Iran. Dans le cas
éventé, les barbouzes de Tel Aviv avaient recruté des militants de Jundallah,
une organisation sunnite pakistanaise perpétrant des attentats en Iran, en se
faisant passer pour...
des agents américains de la CIA.
Trop de fers au feu pour l’instant
Au final, les US-raéliens se querellent aujourd’hui pour des questions de
dates et d’heure au sujet d’une guerre que le Système qu’ils pilotent appelle de
toute sa folie.
Mais les Etats-Unis veulent garder le contrôle de l’opération, choisir le
modus operandi de la ratonnade en fonction du calendrier électoral
notamment, mais aussi du calendrier de retrait afghan, du
calendrier syrien, du repositionnement des forces US dans la région, et
d’un minimum de soutien international permettant de préserver le caractère
obligatoirement vertueux de la boucherie à venir
(à chacun sa narrative). Autant de contingences qui n’intéressent que
moyennement le gang maniaco-dépressif aux commandes en Israël.
Vous prendrez bien un peu de hauteur ?
Evidemment, si l’on reprend un peu de hauteur après s’être laissé aller à
commenter le
«terrorisme des évènements», on constate que toute cette agitation
participe du désordre habituel généré par notre Système passé en mode
«autodestruction».
L’état de banqueroute
financière
et morale qui caractérise aujourd’hui la réalité des Etats-Unis en particulier,
et du Bloc occidentaliste en général, rend le Système qu’ils pilotent si fragile
désormais qu’une guerre contre l’Iran –qui n’aurait rien à voir avec le «micro-militarisme théâtral» que
soutient à grand peine déjà le Bloc au Moyen-Orient et en Asie – a toutes
les chances d’aboutir à son effondrement définitif.
Certains analystes du Système, minoritaires, sont conscients de ce risque.
D’autres, la grande majorité, aveuglés par leur propre propagande et leur
ivresse de puissance, ne le sont pas du tout.
Inutile de préciser laquelle de ces deux tendances est la mieux représentée à
Tel Aviv, dans la situation room de
2012,
année de l’impasse salvatrice,
définitivement.
(1)
L'équipée sanglante déclenchée au Liban par l'Etat hébreu le 12 juillet
(2) USS Liberty, du nom du navire de surveillance électronique de l’U.S. Navy détruit par les avions israéliens le 8 juin 1967. Une erreur selon Tel-Aviv, erreur qui avait tout de même duré 40 longues minutes alors que le bâtiment était clairement identifiable. Bilan : 34 morts et de 170 blessés dans l’équipage. Il s’agissait pour Israël de priver les USA de tout moyen indépendant d’obtenir des informations sur le conflit israélo-arabe déclenché le 6 juin 1967.