L'autre israël:
25 pilotes de Tsahal refusent
des missions dans les territoires palestiniens
24/09/2003 Vingt-cinq pilotes de l'armée de l'air israélienne ont déclaré refuser d'exécuter des missions dans les territoires palestiniens, a rapporté mercredi soir la radio publique israélienne. Ces pilotes, de l'armée régulière et du cadre de réserve, ont remis récemment une pétition en ce sens au général Dan Haloutz, commandant en chef de l'armée de l'air israélienne, a ajouté la radio, sans autre précision. C'est la première fois que des pilotes de l'armée de l'air israélienne signent une telle pétition. Il faut dire que les «meurtres ciblés» d'activistes et de responsables palestiniens font surtout des victimes parmi les civils. Ces opérations, dénoncées par la communauté internationale, sont généralement menées par l'armée de l'air au moyen d'hélicoptères de combat et, parfois, de chasseurs bombardiers. Comme le 23 juillet 2002 où Sharon avait ordonné le larguage d'une bombe d'une tonne sur Gaza, tuant 15 personnes, dont 8 enfants (dont 2 bébés).
Rappelons que plus de 1'100 soldats israéliens, tout en réaffirmant leur attachement à leur patrie, ont refusé de servir dans les territoires palestiniens (>>1 /// >>2 /// >>3)

 

ISRAËL DES OFFICIERS ET DES SOLDATS SE REBELLENT
Article paru dans le quotidien suisse 24 Heures (25 janvier 2002)

"Je supporte plus ce que je vois!"
TÉMOIGNAGE
Dany, 29 ans, est officier de Tsahal, l'armée israélienne. Avec 51 camarades, il publie aujourd'hui un appel à la paix dans le quotidien Haaretz.

PAR NICOLAS VERDAN
"Nous avons franchi une ligne rouge. Moralement, c'est insupportable. J'ai vu des choses que je ne veux plus voir." Dany, 29 ans, est officier de l'armée israélienne. Avec une cinquantaine de camarades, dont une dizaine d'officiers, pour beaucoup engagés dans des unités de combat, il publie aujourd'hui une annonce pacifique dans le grand quotidien Haaretz.

Depuis le début de "l'intifada d'Al Aqsa", comme il dit, il a servi sa partie dans les territoires occupés. "Naplouse, Hébron, j'y ai passé des jours et des jours. Je suis un soldat de réserve, comme beaucoup d'Israéliens. Le danger ne me fait pas peur. Mais là, ce n'est plus possible. J'ai vu des destructions de maison. Nous faisons peur à des civils."

"Pourquoi cette guerre?"
Dany a toujours été prêt à défendre son pays. Et il reconnaît qu'Israël subit des assauts terribles de la part des groupes armés palestiniens. Mais depuis quelques mois, il ne se reconnaît plus dans la politique d'Ariel Sharon. "Pourquoi cette guerre? Et d'abord est-ce vraiment une guerre? Quelles sont les limites de l'action d'un soldat?" Brisant l'apparent consensus sécuritaire qui fait foi en Israël, Dany et ses camarades veulent alerter l'opinion publique. "Beaucoup d'officiers pensent comme moi. Mais la plupart ont peur de parler."
En s'exprimant de la sorte, ces soldats risquent l'expulsion de l'armée. Pire, c'est peut-être la prison qui les attend, explique Dany. "Je sais bien qu'une armée est faite pour combattre. Les Français ont eux aussi commis des actes répréhensibles en Algérie. Les Etats-Unis ont fait de même en Afghanistan. Là, c'en est trop. Je sais qu'il faudra des mois pour convaincre les Israéliens de notre opinion."

Dany n'a pas de proposition particulière pour une solution pacifique au conflit israélo-palestinien. Il estime seulement que l'occupation des territoires doit cesser. "Je pense que Sharon doit retourner aux négociations. Il se trompe avec sa politique, comme il s'est trompé à l'époque au Liban. Je connais bien l'histoire de mon peuple. Mais nous payons tous aujourd'hui un prix moral trop élevé à cette politique."

Une cinquantaine aujourd'hui, Dany et ses camarades espèrent être demain plus nombreux. Lorsqu'ils seront plusieurs centaines, peut-être que le gouvernement israélien les entendra.

Dépêche AFP
Plus de 50 réservistes refusent de participer à «l'oppression» des Palestiniens

 JERUSALEM, 25 jan (AFP) - Cinquante-deux officiers et soldats israéliens réservistes ont annoncé leur refus de participer dans l'avenir à «l'oppression l'occupation des Palestiniens», dans une pétition publiée vendredi.

C'est la première fois depuis le début de l'Intifada en septembre 2000 qu'une telle pétition est publiée, alors qu'elle constitue un véritable appel au refus de servir dans les territoires palestiniens.

»Nous continuerons à servir dans l'armée quand il s'agira de défendre l'Etat d'Israël mais pas dans des tâches d'oppression et d'occupation des Palestiniens», écrivent ces militaires de réserve, dont le texte a été publié par la presse.

Les 52 contestataires signent de leur nom et précisent leur grade, de soldat deuxième classe à lieutenant.
Ils appartiennent presque tous à des unités combattantes, notamment les parachutistes, les blindés et des unités d'infanterie d'élite.

Dans un préambule, ils soulignent leur attachement au «sionisme et à l'Etat d'Israël» et affirment avoir ont «toujours servi en première ligne pour la défense du pays».

»Les territoires (Cisjordanie et bande de Gaza) ne font pas partie d'Israël et en fin de compte les colonies juives qui y ont été établies seront démantelées. Nous ne continuerons donc pas à nous battre pour elles», poursuivent les signataires.

»Nous ne nous continuerons pas non plus à nous battre au-delà de la ligne verte (entre Israël et les territoires palestiniens) dans le but d'opprimer, d'expulser, d'affamer et d'humilier un peuple tout entier», souligne le texte.

»On m'accusera de saper le moral de l'armée, mais l'armée sape mon moral. Je ne suis plus prêt à me taire davantage. Oui, l'armée commet des crimes de guerre», a déclaré le sergent-chef de réserve Amir Bar-Tzedek, dans une interview au quotidien Yediot Aharonot.

»J'ai servi au Liban, j'ai servi dans les territoires (palestiniens) et personne ne pourra me dire que je suis un dégonflé et que j'essaie de me défiler. Mais je me suis réveillé et je sais que dans 10 où 20 ans les gens se demanderont avec honte ce qu'ils ont fait», a confié au quotidien le lieutenant de réserve Chouki Sadeh.

»Nous avons été envoyés pour protéger des colons de la colonie de Tapouah en Cisjordanie, alors qu'il lançaient des pierres contre des voitures palestiniennes», a témoigné le sous-lieutenant de réserve Yishaï Sagui.

Selon le mouvement pacifiste israélien Yesh Gvul (il y a une limite, en hébreu), 200 militaires israéliens, en grande majorité des réservistes, ont refusé de rejoindre leurs unités dans les territoires occupés depuis le début de l'Intifada, mais seul un petit nombre a été sanctionné.

Selon la presse, l'absentéisme, pas forcément pour raisons politiques, touche un nombre beaucoup plus important de soldats du corps de réserve.

Les Israéliens effectuent un service militaire obligatoire de trois ans pour les garçons et de 21 mois pour les filles. Les hommes sont en outre tenus, jusqu'à l'âge de 49 ans, à des périodes de réserve pouvant dépasser un mois par an.    AFP