Syrie-Turquie : la guerre ? mais contre qui ?
04/10/2012 Bien sûr, en apprenant la nouvelle d’un village turc bombardé depuis la Syrie, et de la riposte d’Ankara, les incorrigibles soupçonneux que nous sommes ont immédiatement pensé à un montage rebelle de type false flag pour obtenir enfin l’appui aérien tant attendu de l’OTAN.
Il faut dire que si nous faisions partie des groupes
syro-qatari-tuniso-algéro-alqaïdo-libyens qui composent le gros des
troupes de la gentille rébellion syrienne, nous n’aurions évidemment eu
aucun scrupule à le faire, a plus forte raison si la manœuvre nous avait
été suggérée par des barbouzes atlantistes familiers de ces opérations
et
dépêchés depuis des mois pour nous encadrer.
L’essentiel est ailleurs
Mais à y bien réfléchir, cela n’a pas vraiment d’importance de
savoir qui fait quoi, ou pas. Dans le merdier actuel qui prévaut en
Syrie, tout et son contraire sont désormais possibles, et il vaut mieux
revendiquer l’inconnaissance de la chose pour ne pas y perdre ses restes
de latin. L’essentiel est ailleurs. L’essentiel est dans l’importance
que l’on donne aux événements ; l’essentiel est de savoir qui fait quoi
à partir d’un incident auquel on peut donner la suite qu’on veut.
Ankara décide donc de vociférer, de se la jouer colère et d’appeler à la
rescousse l’inénarrable Rasmussen, tueur en chef de l’OTAN qui avait
qualifié la sanglante ratonnade libyenne de «glorieuse
page de l’Histoire de l’OTAN»…
Un chaos suffisant
Mais la gloire étant chose éphémère et souvent coûteuse, on voit
bien depuis quelques semaines que
le chaos orchestré par le Bloc atlantiste
en Syrie semble lui suffire en l’état. Certes, on bombe le torse, on
menace, on conspue, on caricature à l’envi chez les pyromanes
occidentaux, mais force est de constater que personne ne semble plus
vraiment pressé de mettre un doigt, même le majeur de l‘OTAN, dans le
bourbier syrien.
Peut-être que la banqueroute généralisée qui gangrène le vertueux
Système occidental et sa
matrice étasunienne rendent les aventures militaires de plus en plus
délicates à entreprendre sur le plan comptable.
Déjà, la «communauté internationale» se dit
soucieuse d’éviter l’escalade.
Les
kurdes en ligne de mire ?
Côté turc, «l’incident» arrive à
point nommé pour le premier ministre turc, Tayyib Erdogan. Son
agressivité vis-à-vis de la Syrie est en effet très critiquée en Turquie
et «l’incident» apporte donc
de l’eau à son moulin.
Recep Tayyib Erdogan a ainsi demandé et obtenu
le feu vert du Parlement turc pour des
«opérations militaires» en
Syrie. Soit.
Mais contre qui ? L’armée syrienne ?
Il semble en fait qu’Ankara veuille surtout avoir les coudées franches
pour en découdre avec
les milices kurdes qui opèrent depuis le territoire syrien plutôt
qu’avec l’armée de Bachar el-Assad.
Reste que l’incendie allumé par le Bloc occidental en Syrie montre une
fois de plus qu’à tout instant, il peut se propager à toute la région.