Panique à Paris : Juppé tente de sauver ses mercenaires en Syrie
29/02/2012 Nous n’avons eu de cesse de le répéter : la légitime
contestation syrienne du début a très vite été récupérée, confisquée et
manipulée par le Bloc Atlantiste pour lequel la chute de Damas est une victoire
d’étape obligée sur la route de Téhéran. Mais l’affaire s’est révélée plus
compliquée qu’attendu. Et après le flop des «Amis de la
Syrie», Juppé tente désormais un
énième forcing à l’ONU pour faire passer une résolution autorisant cette
fois des couloirs humanitaires. Il s’agit en fait d’offrir un ballon d’oxygène à
une insurrection armée qui semble en passe d’être écrasée. Une situation
potentiellement explosive pour Paris puisqu’elle pourrait révéler l’implication
d’agents français aux côtés des rebelles. Panique.
Une vingtaine d'agents
français arrêtés ?
Pour la presse-Pravda, l’assaut lancé sur le quartier de Bab Amr à Homs est
évidemment un massacre gratuit de civils. Dans les faits,
l’armée syrienne tente d’écraser la rébellion sanglante d’insurgés
financés et armés par l’étranger.
Tout comme l’a déjà annoncé
le Réseau Voltaire, la chaîne libanaise Al-Manar – certes militantes et partisanes mais pas plus que le Monde, le Figaro ou
Libération–, confirme ainsi l’arrestation de mercenaires étrangers à Homs,
dont des Français, et prévient que les autorités syriennes réservent
quelques grandes surprises à cet égard.
Panique à Paris donc, car l’affaire, si elle se confirme, pourrait bien se
transformer en Syria-Gate pour Sarkozy. Car s’il admet que des agents français
ont été envoyés pour soutenir la rébellion, il pourrait devoir en répondre
devant la Haute Cour pour violation de la Constitution.
Mais ne rêvons pas, Sarkozy préfèrera lâcher ses mercenaires plutôt que d’en
arriver là. Et dans la bouteille à encre syrienne, rien n’est vérifiable et
cette annonce pourrait finalement se révéler aussi fantaisiste que les bilans de
l’OSDH…
Les masques tombent
Ce que l’on sait en revanche, c’est que la narrative du Bloc atlantiste sur
la Syrie a de plus en plus de plomb dans l’aile.
Le 21 février dernier
sur
France Culture Gérard Chaliand , ancien enseignant à l’ENA et à
l’Ecole de Guerre, ainsi que le général de division Vincent Desportes, entre
autres titres maître de conférences à Sciences-Po Paris et enseignant à HEC, ont
en effet remis la mosquée au milieu du bled.
Gérard Chaliand a
ainsi expliqué que, dès le début, il y a eu une «entreprise
de déstabilisation» du régime syrien menée par des puissances
extérieures, au premier rang desquelles le Qatar. Mais aussi l’Arabie Séoudite
bien sûr, en guerre contre le messianisme politique chiite depuis la révolution
iranienne de 1979. «Toute
l’affaire», explique Chaliand, vise à l’affaiblissement indirect de
l’Iran. Et donc, contrairement à ce qui s’est passé pour les révoltes tunisienne
et égyptienne,
«tout
le monde est dans le coup» en Syrie.
Ouvrons ici une courte parenthèse pour rappeler que depuis la révolution de
1979, l’Arabie Séoudite et l’Iran sont en effet en compétition pour le
leadership musulman.
Quant au général Desportes, il cautionne l’analyse de Gérard Chaliand, notamment
sur la dimension internationale et confessionnelle de la crise. Et précise qu’il
voit des similarités entre la Syrie de 2012 et la Bosnie des années 90, où
l’OTAN a attendu que la violence devienne un vrai conflit pour intervenir, en
1999.
(1) Dans son Grand
Œuvre de colonisation mercantile et idéologique de la planète, l'Occident s’est
en effet toujours appuyé sur la Sunna dans les pays du plateau arabo-musulman.
Car le chiisme a toujours été regardé avec méfiance du fait qu'il s'agit d'une
religion potentiellement « révolutionnaire ». Comme le souligne François Thual
dans sa « Géopolique du chiisme » : « Vivre
dans l'attente du retour de l'Imam en luttant contre l'injustice sur cette terre
est, très globalement, le programme de cette religion dans son aspect profane ».
Et, de fait, à l'inverse du sunnisme dont la doctrine préconise d'obéir au
prince, fusse-t-il corrompu, puisque l'on ne saurait présumer du jugement final
de dieu sur le bonhomme, le chiisme ne fait pas de compromis avec le prince si
celui-ci est perverti et préconise alors le renversement de l'ordre établi. La
pire des hérésies pour l'Occident qui, pouvoir de marchands comme la Sunna, veut
bien traiter avec n'importe quel prince, tortionnaire, dictateur ou despote on
s'en fout, pourvu qu'il ait le même dieu que nous, la Grande Calculette donc.