Printemps palestinien, hiver us-raélien
29/09/2011 A l’approche du discours du président palestinien devant l’ONU, nous
avons renoncé à écrire un peu comme on retient son souffle. L’instant était
historique à mains égards, alors nous avons mis le téléphone en mode « silence »
et suivi le discours du raïs en direct sur
euronews. Un discours limpide et fort, poignant et retenu à la fois, au
point que nous aurions voulu y déverser quelques hectolitres de vitriol
supplémentaires à l’adresse des
bouchers de Gaza, tout en sachant que cela aurait été une erreur, que ce
n’était ni le lieu ni le moment, et que la prestation d’Abbas s’avérait à ce
titre sans fausses notes.
De manière fort démocrate, nous nous sommes donc réjouis à l’unisson avec une
grande partie du peuple de Palestine occupée, alors même que nous doutons
fortement de la pertinence et de la viabilité d’une solution à deux Etats (celui
de l’occupant sur près de 80% de la patrie historique des Palestiniens, et celui
des oppressés sur les lambeaux d’un bantoustan éclaté et constellé de colonies).
Mais le premier intérêt de la démarche du raïs était de faire tomber les
masques, de forcer les vertueux protagonistes du cauchemar palestinien à se
positionner publiquement soit du côté de la justice et du droit, soit du côté de
l’oppresseur.
Potentiel explosif
A ce titre déjà, le jeu en valait donc clairement la chandelle par son
potentiel explosif.
Car si l’initiative palestinienne devait finalement tourner court à la faveur
d’un veto US où d’autres manœuvres plus sournoises, c'est-à-dire si la fameuse
« communauté internationale » – le bloc
occidental et sa poignée de zélateurs – devait enterrer la demande
palestinienne, nous nous retrouverions
alors dans la situation d’un ONU qui a imposé la création de l’Etat d’Israël sur
une Terre où il y avait bel et bien un peuple ; qui s’est ensuite rendu complice
de 60 ans d’épuration ethnique, de massacres de masse et d’apartheid, et qui
refuse aujourd’hui de concéder au peuple martyr de Palestine l’établissement
d’un Etat sur le lambeau de territoire qui lui reste.
Situation explosive donc, puisqu’elle devrait faire éclater au grand jour cette
notion devenue si étrangère au Système : la vérité sur les intentions des uns et
des autres, vérité qui entrerait alors en collision frontale avec la narrative
droit-de-l’hommiste et vertueuse dudit Système.
Quand la complexité est un leurre
C’est que depuis des décennies, la fameuse « communauté internationale »
refuse d’agir sous couvert de la complexité de la situation.
Or cette prétendue complexité est un leurre.
- En 1948, les Israéliens sont entrés dans
- Ils ont chassés les Palestiniens de toutes les chambres, les ont occupées, ont
changé l’adresse du lieu et parqué ses propriétaires dans la plus petite pièce.
- Depuis, ils resserrent les murs de cette pièce à coups de bulldozer, en
contrôlent l’arrivée d’eau et de nourriture, affament régulièrement ses
occupants, les harcèlent ou les tuent, les empêchent de sortir, et tentent de
«négocier» leur déménagement à la cave, ce qu’ils appellent «processus de paix».
Voilà pour la réalité de la situation.
La seule complexité des choses vient de la nature de l’agresseur, de la
culpabilité, scientifiquement entretenue, liée à son histoire, et de la
complicité du bloc occidental qui considère cet agresseur-là comme un allié,
sorte de bunker occidentaliste planté sur le rivage pétrolifère arabo-musulman.
Le parrain US bientôt HS
Sauf que la situation a considérablement évolué ces dernières années. Comme
nous ne cessons de l’observer, l’hyper-puissance américaine, matrice du
Système
que nous décrions tant, est en phase d’effondrement
(la simple incapacité de Washington à empêcher la démarche palestinienne est un
en soi un formidable aveu d’impuissance). Or il est clair que l’Empire
entrainera dans sa chute ses alliés les plus dévoués ou les plus dépendants.
L’obligation qui lui sera faite, par la demande d’Abbas, de tomber le masque et
de se positionner peut-être officiellement
contre la Palestine, ruinera le peu de crédibilité qui lui reste dans ce
monde arabe que Glamour-Obama avait cru pouvoir berner avec de beaux discours.
Sur fond de Printemps arabe, cette ruine-là sera un élément de plus qui
accélérera le déclin US, donc celui du Système.
L’intérêt mal compris de l’entité
sioniste
Aveuglée par
l’hystérie sioniste, Israël ne semble pas du tout mesurer le danger. Car
la guerre perpétuelle dont elle s’accommode parfaitement aujourd’hui n’est
viable que tant que le parrain américain reste au faîte de sa gloire et de sa
puissance pour fournir le parapluie, les armes et les munitions nécessaires. Que
ce soutien vienne à faire défaut, et la toute puissance de l’entité sioniste
refluera rapidement.
Autre erreur majeure : la colonisation de
Post scriptum
Aujourd’hui, les menaces de veto et les gesticulations onanistes du Quartett
montrent que les Etats-Unis ont choisi le déni et la fuite en avant, dans une
tentative désespérée de pratiquer la respiration artificielle sur le cadavre de
leurs certitudes ou de leurs illusions. A l’aune du Printemps arabe, le soutien
US à Israël est pourtant une erreur stratégique évidente et va clairement à
l’encontre des intérêts américains.
De son côté, parano-Netayahou suit la même logique en annonçant la construction
de
1'100 logements supplémentaires à Jérusalem-Est.
US-raël reste donc enfermée dans sa bulle, celle du monde d’avant.
Une bulle qui, à terme, ne peut pourtant que lui exploser à la figure.
L’hiver us-raélien pointe le bout de son nez.
Patience.