assange rejoint poutine dans l’axe du mal

 

24/04/2012 Epuisée par l'accumulation des couleuvres avalées puis régurgitées ; éreintée par les océans de conneries qu'il a fallu propager ; usée à force de compromission et de déni de réalité : la presse-Système occidentale est devenue irritable. Qu’elle soit mise un peu trop brutalement face à sa médiocrité, et patatras : elle pique sa crise ! Pour avoir osé décrocher et diffuser une magistrale interview du très secret chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, le Patron de Wikileaks, Julian Assange, vient donc de rejoindre Vladimir Poutine dans l’Axe du Mal, Axis of evil pour les intimes.

Le Ministère atlantiste du «pourchas du Mal»
Pour bien comprendre le mécanisme de la chose, il faut s’attarder un peu sur le décor de la pièce.
Et constater qu’en 20 ans, la presse-Système est devenue une sorte de version atlantiste du «Ministère de la promotion de la Vertu et du pourchas du Mal» que même les Saoudiens nous envient. Le Mal et la Vertu étant bien sûr ici ceux du catéchisme du Système, c'est-à-dire la sublime croisade des gentils (nous) contre les méchants (eux) ; le combat final pour convertir les derniers sauvages au bonheur d’être comme nous, de (dé-)penser comme nous, de partager notre façon si décontractée d’être géniaux ; pour offrir enfin au monde ébahi et reconnaissant notre démocratie universelle, notre liberté cosmique et, bien sûr, la protection globale du fox à poil dur.
Bref, aujourd’hui, tout ce qui porte plume, micro et caméra dans la presse-Système est confiné jusqu’à la nausée dans l’exercice ô combien frustrant d’une simple propagation de cette narrative débile où culminent pour l’heure le fantasme de la menace nucléaire iranienne et la fable d’une révolte bisounours matée dans le sang en Syrie.
Faut bien payer le loyer et le dernier AïePad, c’est sûr, mais toute contrariété n’en devient que plus insupportable encore aux plumitifs embedded du Système. Cela à plus forte raison au moment où, trompant l’ennui  et la grisaille, nos tâcherons peuvent enfin vibrer aux accents romantiques d’un Printemps arabe facile à mettre en scène à défaut d’être compris.
D’où le déferlement de haine hystérique à l’encontre de quiconque ose refuser d’hurler avec la meute, et notamment contre un Vladimir Poutine ayant commis l’injure suprême d’opposer son dédain à cette narrative devenue, en creux, apologie du terrorisme d’Etat, et ayant accessoirement brandit son frustrant veto à l’énième guerre humanitaire occidentale.

Assange, beau joueur
C’est dans ce contexte enflammé que Julian Assange s’est donc payé le luxe de réaliser
sa magistrale interview de Nasrallah pour le compte (horreur et damnation !) de Russia Today.
Et patatras donc : la crise !
«Julian Assange, recrue de la "télé Poutine" », devait ainsi titrer, revanchard, l’inénarrable quotidien Le Monde, apportant son inestimable contribution à la condamnation forcément unanime de la presse-Système.
Côté contenu, rien à dire de cette levée de bouclier de la pensée unique servant l’habituelle bouillie pour les chats du club des salonards parisiens.
Mais au-delà de la charge partisane anti-Poutine, anti-Russie, anti-Assange, perçait surtout l’immense frustration et la rancœur de plumitifs confinés dans la naphtaline de leur desk-journalism, et qui auraient vendu père, mère, conjoint, enfant et patrie pour pouvoir signer l’interview en question.
C’est bien connu, les médiocres ne détestent rien davantage que le talent des autres.
Beau joueur, et face à l’absence d’arguments sensés étayés son exécution médiatique, puisque son interview était en tout point remarquable, Julian Assange s’est fendu, hilare, d’un petit
mode d’emploi à l’usage des amateurs pour mieux le crucifier.
Manière de vous dire, Mesdames et Messieurs les hérauts de la pensée formatée, qu’il vous avait lu, comme nous, «d’un derrière distrait».