Poutine et l’hystérie du Bloc de l’Ouest
07/03/2012
Comme prévu, l’élection de Vladimir Poutine à
la présidence russe a suscité une avalanche de réactions pincées du vertueux
monde politique occidental, le tout enrobé d’un déferlement de commentaires
outrés, voire haineux des tâcherons de sa monoculture journalistique. Or
Vladimir Poutine a bel et bien été élu par une écrasante majorité du peuple
russe qui lui attribue, à juste titre d’ailleurs, le mérite du
redressement d’un pays dépecé par les oligarques dans le chaos des
années Eltsine (1).
Seulement voilà.
Now, we are the bad guys C’est hélas une réalité incontestable: les guerres occidentales ont abouti aux massacres de civils parmi les plus importants depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
Missions accomplies ou
en cours
Boucheries à venir? |
Au diable la démocratie, vive la guerre
froide
Avant la présidentielle russe, les jeux étaient donc déjà faits au royaume
formaté de la pensée unique avec un message globalisé du genre : «Le
simulacre d’élection va perpétuer le système Poutine».
Puis, au lendemain de la victoire de Vladimir Poutine, le message globalisé a
été : «Poutine vainqueur
sans gloire d’un vote tronqué».
Bref, que l’élection de Poutine ait été le résultat d’un processus démocratique
certes entaché de quelques fraudes, mais incontestablement démocratique, n’a
aucune espèce d’importance pour les éditorialistes hystériques du Bloc.
Pour eux, au diable une démocratie qui ne vote pas comme nous on voudrait, au
diable le peuple russe donc, et vive la diffamation pure et simple, vive la
guerre froide.
Un niet comme une gifle
Du côté des politiques, on s’est montré à peine plus retenu, jugeant
évidemment l’élection de Poutine «pas
exemplaire», et toutes ces sortes de sentences convenues.
Et si les dirigeants du Bloc de l’Ouest ont tout de même fini par adresser leurs
félicitations au nouvel élu, c’est avec des tonnes d’arrières pensées bien sûr.
Dévoilant sa propre bassesse politicienne, Juppé avait ainsi affirmé
dès avant l’élection que c’était le climat préélectoral en Russie qui
conduisait le régime à «prendre des
positions nationalistes, extrêmes d'une certaine manière» sur le dossier
syrien. En clair, pour Juppé, normal de mentir et de biaiser durant une campagne
électorale. Et dès après l’élection, logique avec lui-même, il a donc bien sûr
appelé Poutine à
revenir à la raison, à se réaligner.
La mise au point du Kremlin ne s’est pas faite attendre, avec un
niet
décliné sur un ton savoureusement humiliant. «Nous
avons accordé notre attention aux affirmations de certains responsables
américains et européens selon lesquels la position de
Faut-il vous l’emballer ?
Un Bloc atlantiste malade
et de plus en plus isolé
Le ton ironique du Kremlin est assez inhabituel en matière de diplomatie et
dénote un agacement certain et fort bien compréhensible.
Vladimir Poutine semble signifier par là que l’hystérie et le paternalisme des
Occidentaux commencent vraiment à les lui hacher menu, comme aurait dit Audiard.
Car contrairement à la politique de
l’instinct du bloc atlantiste, fondée sur une indignation sélective au
service d’un désir effréné d’hégémonie,
Il faut dire que la
dérive messianique du Bloc de l’Ouest pose problème. Guerre en Irak ;
guerre en Afghanistan ; guerre en Libye ; déstabilisation en Syrie ;
tensions et menaces contre l’Iran : le bellicisme occidental est
clairement devenu aujourd’hui la principale menace pour la paix et la stabilité
mondiales (lire encradré).
Bien sûr, les Russes ont depuis longtemps diagnostiqué la pathologie qui
gouverne cette dérive. Une pathologie que l’on peu résumer par l’immense, le
vertigineux, le formidable effort de déni de réalité d’un Bloc atlantiste
angoissé par
l’impasse dans laquelle il se trouve, et qui tente de couvrir le
craquement de ses fondations, le bruit de son déclin donc, par le vacarme des
armes.
Mais il est clair que, ce faisant, comme tout forcené en crise, le Bloc de
l’Ouest s’isole et renforce naturellement les mécanismes d’alliances et de
création de fronts contre lui. Ainsi, comme nous l’avons détaillé dans une récente brève,
les pays du BRICs et leurs alliés forment un ensemble de plus en plus cohérent
dans leur
opposition
à la politique belliciste des Occidentaux.
Huit mois de répit ?
Pas sûr...
Heureusement, pour les huit prochains mois, le bellicisme US, et donc
occidental, semble devoir être mis en parenthèse durant la
campagne présidentiel d’un Obama peu désireux de s’engager dans un
nouveau bourbier. Le mouvement anti-guerre gagne en force aux Etats-Unis et
constitue une partie non négligeable de l'électorat de Glamour-BHO.
Mais il n’est pas du tout sûr que, s'agissant de l'Iran au moins, Netanyahou
veuille obéir aux injonctions d’un président US qu'il rêve de voir évincé au
profit de ses amis va-t-en-guerre républicains.
(1)
Depuis l’accession au pouvoir de Poutine le pouvoir d’achat des Russes à
augmenté
de 15% par an ; la croissance a été de 7,3% en 2003 et 8,5% en 2007.
Fortement touché par la crise, le pays est en train de rebondir avec une
croissance prévue de 3,3% cette année. Même les bobos atlantistes de la
presse-Système sont obligés de reconnaître que c’est l’ère Poutine qui a permis
l’émergence d’une classe moyenne en Russie.