Le Bloc Atlantiste au bord de la crise de nerfs

07/02/2012 Le deuxième double veto sino-russe à une nouvelle résolution du Bloc atlantiste contre la Syrie , le 4 février dernier, a provoqué  et provoque toujours une surenchère absolument stupéfiante de réactions outrées. Dans un lyrisme qui confine au délire, médias et politiques occidentaux ont rivalisé d’excès haineux à l’encontre de Moscou, de Pékin, de Bachar el-Assad et de ses soutiens pour dénoncer l’impensable, l’incroyable affront.
Juppé s’est dit «scandalisé», l’ambassadeur US à l’ONU s’est déclaré «dégoûté», Miss Clinton a dénoncé une «mascarade» et le Petit Nicolas, scandalisé lui aussi, a lancé son «club des amis de la Syrie ». Toute la presse-Pravda s’est quant à elle étranglée d’indignation devant pareille ignominie, la palme revenant au quotidien des bobos atlantistes, Libération, qui s’est fendu d’un dramatique portrait de Bachar el-Assad en une, charbonné sur fond noir comme il se doit, le tout flanqué d’un jeu de mots qui se voulait lapidaire : «Tueur en Syrie».
Et bien sûr, l’inénarrable Observatoire syrien de droits de l’homme, fournisseur exclusif de bilans syriens bidouillés, se lâchait comme jamais en alimentant copieusement l’indignation générale avec des annonces de massacres à grandes échelles toujours aussi invérifiables et invérifiés d’ailleurs (mais qui s’en soucie).

Lavrov, en une phrase
Au milieu de ce vertueux vacarme, une seule phrase aura pourtant suffit au ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, pour cerner parfaitement à la fois la situation psychologique du Bloc atlantiste, et la situation réelle de la Syrie  : «Il me semble qu'à l'aide de ces déclarations hystériques, on essaie surtout de dissimuler ce qui se passe, et notamment le fait qu’il y a plusieurs sources de violences en Syrie.»
Une telle économie de mots pour une telle pertinence du propos force le respect, voire l’admiration.
Elle tranche radicalement avec le déferlement d’assertions vaseuses, d’affirmations péremptoires, de sentences arbitraires, de faits tronqués et d’indignation d’autant plus dégoulinante qu’elle est artificielle, bref, elle tranche avec l’immense diarrhée cosmique dont nous inonde le Bloc atlantiste et sa machine de propagande pour imposer sa fable d’un tyran massacrant une opposition pacifiste.
En cela, Lavrov a tout à fait raison d’utiliser le terme «hystérique» pour qualifier les réactions occidentales, plaçant ainsi très judicieusement la substance de la chose dans le champ de la pathologie.

Une montée aux extrêmes très encadrées
Bien sûr, la violence du régime ne fait aucun doute. La mécanique totalitaire du pouvoir n’a en effet guère changé depuis les années Hafez, son fils Bachar el-Assad n’ayant jamais été le réformateur attendu puisque réduit à l’impuissance dès son entrée en fonction par un appareil d’Etat rétif au changement (tiens ! exactement comme Obama…).
Mais la violence d’aujourd’hui s’inscrit dans le cadre d’une quasi guerre civile opposant désormais le camp loyaliste à des bandes armées qui, depuis longtemps, ont pris le relais des légitimes manifestations populaires du début.
Et le Bloc atlantiste porte une responsabilité majeure dans cette situation puisqu’il n’a eu de cesse de souffler sur la braise, d’encourager la sécession, d’alimenter les troubles et de dissuader systématiquement l’opposition d’entamer le dialogue national prôné par la Russie et la Chine. Ce faisant, le Bloc atlantiste a stimulé depuis des mois la montée aux extrêmes en Syrie pour servir son propre agenda qui n’a, évidemment, rien à voir avec le bien être du peuple syrien dont il se soucie à peu près autant que des peuples irakien ou libyen 
(1).

Tel un fou
Pour l’heure, la seule chance d’éviter le bain de sang généralisé passe par l’ouverture d’un dialogue national qui conduira certainement, à termes, à l’éviction des caciques actuels du pouvoir. Mais la mosaïque syrienne étant ce qu’elle est, un changement brutal de régime dans un pays désormais livré aux bandes armées ne pourrait conduire qu’au chaos. Cela, les Russes et les Chinois l’ont bien compris.
Reste que la violence stupéfiante (l’«hystérie » donc) des réactions atlantistes vis-à-vis de leur veto nous a appris une chose inquiétante. A savoir que le Bloc est au bord de la crise de nerfs.
Aveuglé par son désir fiévreux d’hégémonie et son messianisme politique, il se révèle psychologiquement incapable de supporter désormais que la moindre contrariété ne vienne perturber sa réalité, son univers.
Tel un fou.

(1)     Pour les va-t-en-guerres occidentaux, la Syrie est à la fois une étape sur la route de Téhéran, et l’un des piliers de l’axe de résistance à l’hégémonie US-raélienne au Moyen-Orient.